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Le droit de vote appartient aux nationaux

 
Sur le vif - Dimanche 07.02.21 - 01.38h
 
 
Le droit de vote doit appartenir aux nationaux, et à eux-seuls. Aux membres de la communauté nationale, avec ses droits et ses devoirs. À ceux qui ont servi, et servent encore, cette communauté.
 
Les nations, les frontières, la préférence aux nationaux, tout cela a un sens. Fruit d'une Histoire, d'une mémoire, d'un rapport au passé, à la durée, à la continuité. Souffrances communes, cicatrices communes, valeurs communes, c'est cela qui crée le sentiment d'appartenance.
 
En allemand, cette émotion partagée porte un très beau nom, sur lequel, comme vous savez, j'ai beaucoup travaillé : cela s'appelle Gemeinschaft. Il y eut un moment, à partir des années 1770, où les Allemagnes prirent congé de l'Aufklärung, ces Lumières blafardes d'abstraction universelle, pour se plonger à corps perdu dans les retrouvailles avec leur langue, la richesses de leurs mots, de leurs dialectes, de leurs récits : ce fut le Sturm und Drang, puis le Romantisme. Ce fut le travail exceptionnel des Frères Grimm sur le trésor lexical de la langue allemande. Ce sont ces valeurs, ces démarches, qui constituent la Gemeinschaft. Et qui jettent les bases d'une nation. Nous sommes au cœur du sujet.
 
Ceux qui veulent donner le droit de vote à toute la population, juste parce qu'elle est là, obtiendront exactement le contraire de leurs desseins. Ils feront monter, du cœur blessé des patriotes, la rage légitime de se voir dépossédés, au profit d'un maelström indifférencié, de l'acte majeur de leur qualité citoyenne : pouvoir décider du destin national. Cette différence est leur fierté, ne jouons pas avec cela.
 
L'humanité n'est absolument pas universelle, du moins dans l'ordre politique. Elle est l'addition de nations différentes, surgies de souches multiples, avec, pour chacune, son Histoire propre, ses mythes fondateurs, ses tensions internes, son rapport à la langue, aux mots, ses lieux de mémoire. Aucune Histoire nationale ne peut être reportée sur une autre. Chacune doit être étudiée en soi, dans ses particularités. Ca passe par la langue, par les mots, par les récits. Le concept d'Histoire universelle est une imposture de Grand Horloger, déracinée du réel, glacée d'abstraction.
 
Si un étranger veut voter, il doit d'abord accomplir le chemin de naturalisation. Il doit entrer, doucement, en prenant soin de frapper à la porte, dans cet univers de représentation (Darstellung) qui fonde une communauté nationale. Ceux qui, motivés, pleins de cœur pour leur pays futur, heureux d'en étudier l'Histoire et les institutions, se frottent à ce rite, constituent un exemple pour tous. Ils nous rappellent nos propres valeurs. Ils régénèrent notre sève nationale.
 
 
Pascal Décaillet
 

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