Sur le vif - Lundi 17.08.20 - 18.26h
L'immense erreur du multilatéralisme, depuis 1945 (voire depuis 1919), consiste à s'imaginer qu'existerait, quelque part dans l'univers, une forme de sagesse collective de l'humanité. On gommerait les peuples, les nations, on diluerait l'Histoire, le réel. On remplacerait le concret par le rêve d'une Entente cordiale planétaire : SDN en 1919 (on a vu le résultat !), ONU depuis 1945.
Les grandes constructions multilatérales sont des chimères. Dès que surgit le vent du tragique, tout ce beau monde, tous ces beaux parleurs, s'éclipsent. Et chaque nation, face à son destin, reste seule. Si elle est forte, si elle a puisé en elle-même la puissance du survie, elle pourra s'en sortir. Si elle est faible, elle risquera le pire.
Cet ordre du monde, ancestral, n'a strictement pas changé depuis la nuit des temps. Il n'existe, dans l'Histoire des peuples, ni modernité, ni nouveauté, ni soudaine douceur, ni progrès. Il n'existe que des rapports de forces.
Et les gentils diplomates des organisations politiques internationales (je ne parle pas ici de l'humanitaire) ont beau prendre l'avion à longueur d'années, se faire filmer sur les tarmacs, s'embrasser ou (plus récemment) s'accouder, arborer le masque bleu qui défie le diable, rien n'y fera. A la vérité, tout ce petit monde gesticule. De 1919 à 1939, jamais la SDN n'a réussi à empêcher la moindre guerre. Pas plus que l'ONU, depuis 1945. On parle, on parlotte, on parlemente. Mais le rapport de forces des nations, immuablement, demeure.
Aucune de ces organisations multilatérales n'a jamais réussi à équilibrer, en faveur du faible, le rapport de pouvoirs. Qu'a fait l'ONU, depuis 1945, pour atténuer l'arrogance de l'impérialisme américain ? Rien ! Pire : elle l'a confortée !
Dans ces conditions, une lecture réaliste de l'Histoire nous amène à constater que l'échelon le plus crédible, le plus concret, aujourd'hui, demeure celui des peuples et des nations. C'est en tout cas, pour notre part, l'unité de référence que nous voulons considérer en priorité. Cela ne nous réjouit pas particulièrement, nous n'entretenons à la nation nulle mystique. Cela ne nous attriste pas, non plus. Tout simplement, cela est.
Pascal Décaillet