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Notre avenir, et celui de nos enfants

 

Sur le vif - Lundi 17.08.20 - 10.31h

 

La question fondamentale, pour une nation, est celle de la souveraineté. Il n'existe de nation que souveraine, c'est sa définition même.

Si nous voulons la souveraineté, nous devons nous en donner les moyens. Des lois, des valeurs, une fraternité à l'interne autour des objectifs majeurs, une économie forte, une agriculture encouragée et respectée, une cohésion sociale pour les membres de notre communauté nationale.

Si nous voulons la souveraineté, nous devons la proclamer haut et fort face aux autres peuples du monde, que par ailleurs nous respectons, dont l'Histoire, les langues et les cultures nous passionnent. Ils doivent connaître notre amitié, notre capacité d'échange, mais en même temps ils doivent savoir la totalité marmoréenne de notre intransigeance. Nous sommes un peuple, une nation. Nous avons des lois, des valeurs. Nous sommes soucieux de cohésion sociale. Nous n'entendons pas nous laisser guider notre destin national par quiconque.

Et, comme nous avons de l'Histoire une conception tragique, intensément nourrie par des milliers de lectures, profondément pessimiste sur la nature humaine, cynique dans la prise en compte des rapports de forces, totalement méfiante face à la vanité, l'inanité, l'inutilité du "multilatéral", qui s'évapore au premier danger, nous comprenons très bien que chacune des autres nations du monde lutte, elle aussi, pour sa souveraineté, à elle.

Dans ces conditions, un peu rudes à accepter pour ceux qui préfèrent la béatitude universelle à l'étude concrète des différentes Histoires nationales, la question n'est même pas de savoir s'il faut des avions de combat. Bien sûr qu'il en faut ! Et les plus modernes, et les plus performants. Pas de guerre en Europe depuis 1945 ? Totalement faux ! Il y a 21 ans, "l'Otan", entendez les États-Unis et leurs séides, bombardaient Belgrade, capitale de la Serbie, ex-capitale de la Yougoslavie, vieille terre européenne, pays ami de la Suisse. L'avenir stratégique, nul ne le connaît ! Nul ne peut le prévoir. Alors, comme toujours dans le domaine, il faut envisager le pire. S'il ne se produit pas, tant mieux. S'il advient, nous aurons au moins accompli notre devoir.

C'est cela, la stratégie. Ça n'a rien de gentil, rien de moral. C'est la capacité que se donne chaque nation a défendre, s'il le faut, ses intérêts supérieurs de survie, y compris par les armes.

Bien sûr, il existe d'autres dangers : sanitaires, cybernétiques, numériques, environnementaux. Eh bien contre eux aussi, nous devons nous armer. Et nous montrer imaginatifs, performants. Mais ces périls ne gomment en aucune manière l'hypothèse d'une résurgence, un jour, d'un conflit conventionnel sur sol européen. Le risque, certes, est faible aujourd'hui. Mais la stratégie doit nous prémunir pour l'avenir. Le nôtre, et celui de nos enfants.

 

Pascal Décaillet

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