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Mai-juin 40 : un livre, un seul !

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Sur le vif - Mardi 16.06.20 - 09.05h

 

Les six semaines de guerre-éclair de l'Allemagne contre la France, la victoire totale de la première contre la seconde, l'ampleur historique - et, à mes yeux, irrémédiable - de la défaite française, constituent, depuis au moins 45 ans, l'une de mes plus grandes passions historiques.

Au moment où nous commémorons le 80ème anniversaire de cette offensive foudroyante, l'une des percées les plus réussies, les plus décisives, de l'Histoire militaire, je voudrais, sur des centaines de livres ou articles spécialisés que j'ai lus, vous en recommander un seul : "L'Etrange Défaite".

Marc Bloch, 54 ans au moment des faits, est un homme immense. Historien, fondateur (avec Lucien Febvre) de l'Ecole des Annales en 1929, il a participé comme officier à toute la Grande Guerre (qu'il a terminée comme capitaine). En 1939, il a demandé à reprendre du service, et a vécu les terribles événements de mai-juin 40 comme officier d'état-major.

Sous ses yeux, il a vu la France s'écrouler. Défaite militaire. Défaite intellectuelle. Défaite spirituelle. Défaite morale. La plus grande catastrophe de toute l'Histoire de France. Elle ne s'en remettra pas. À lire le livre, on a presque l'impression que les Allemands sont une sorte de personnage secondaire, juste le catalyseur d'une liquéfaction française qui ne demandait qu'un agent externe pour s'opérer.

Ce livre est tout simplement saisissant. C'est un traité sur la pétrification des esprits, dans la pensée stratégique française, depuis 1918. Alors qu'en face, il y a le risque, l'audace, la surprise, le mouvement. Bref, le plan Manstein. Et le génie de Rommel pour passer la Meuse. Il y a, surtout, une ivresse dionysiaque de l'action, celle dont parle Nietzsche.

Résistant, arrêté puis torturé par la Gestapo, Marc Bloch sera fusillé, au bord d'un champ, à Saint-Didier-de-Formans, le 16 juin 1944.

Il m'arrive, en date du 16 juin, de penser à lui. On occupe sa mémoire comme on peut.

 

Pascal Décaillet

 

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