Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.02.19
J’ai sous les yeux la liste des votations soumises au suffrage populaire le dimanche 19 mai prochain, telle que publiée par le Conseil d’Etat, le 1er février dernier. Mon premier sentiment, à la lecture de ce fatras, est celui d’une profonde révolte. Par métier, je fais partie de ceux qui se font un point d’honneur à toujours traduire en langage simple et clair, pour le public le plus large possible, les enjeux politiques. Plus le dossier est complexe, plus la mission est belle : avoir l’esprit de synthèse, dégager les grandes lignes, mettre en contexte, donner du sens. Et surtout, penser à ce qui concerne les gens, mettre en valeur ces points-là, éviter l’abstraction. Remplacer le fatras par la lumière.
Si le Conseil d’Etat publie tel quel le menu du 19 mai, c’est l’échec assuré. Non l’échec de tel ou tel camp, mais celui de la clarté dans le contrat politique. Il est vrai que le Grand Conseil, notamment dans le dossier de la CPEG (Caisse de prévoyance de l’Etat de Genève) n’a pas simplifié la tâche sur le fond, avec son feu vert donné à deux projets de loi contradictoires. Les partis, qui chacun ont lancé référendum contre la majorité qui leur avait déplu, ajoutent à l’opacité. Le Conseil d’Etat, en nous balançant un menu illisible pour le grand public, parachève la nuit citoyenne.
Le menu du 19 mai 2019, quant à la forme en tout cas, constitue une absolue négation de la politique. Une victoire de l’obscur sur la nécessaire clarification des enjeux, en démocratie.
Pascal Décaillet