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Une géométrie, en somme

 

Sur le vif - Vendredi 14.09.18 - 14.24h

 

A Genève, au-delà de la personne d'un magistrat en difficulté (pour user d'un euphémisme), c'est à un système de pouvoir qu'on s'apprête à tourner le dos.

 

Ce système, mis en place dès novembre 2005, aura régenté le canton, sous son implacable férule, pendant treize ans. Jamais aussi puissant qu'entre juin 2012 et mai 2018.

 

Ce système, c'est celui de la République radicale. Il n'implique en aucun cas le seul Pierre Maudet, mais évidemment aussi son prédécesseur à la Présidence du Conseil d'Etat.

 

Ce système, parfaitement légal, peut-être même parfois efficace pour l'intérêt de la République, consiste en une cooptation systématique, presque mathématique, au sein d'un groupe humain assez restreint.

 

Ce groupe évolue en cercles concentriques, garde rapprochée, liens de confiance, loi du silence là où c'est nécessaire. Octroi des postes à responsabilités (dans le Grand État, par exemple) à des proches. Certains, parmi ces grands commis, au reste fort compétents, parfaitement interchangeables, passent d'une régie à l'autre. Au final, le groupe demeure restreint, soudé.

 

La République radicale ne se contente pas de donner des postes à des radicaux, mais à leurs alliés, parfois même à leurs adversaires, pour peu que ces derniers aient avec le noyau dur une communauté de valeurs.

 

N'y voyez nul complot, ainsi fonctionne la vie politique. Il y a eu, puissamment, une République radicale en France, dans les années 1879-1914, j'en connais par coeur l'Histoire et les hommes. Il y a eu une République socialiste, sous François Mitterrand, entre 1981 et 1984. Il y a eu, peut-être y a-t-il encore, une République démocrate-chrétienne en Valais, depuis quelque 170 ans. Rien de grave !

 

Tout pouvoir, partout, vise à s'étendre, et engendre lui-même les risques d'abus. La République radicale à Genève (2012-2018) n'est évidemment pas à condamner parce qu'elle est radicale, loin de là ! Mais parce que, les circonstances aidant, un tout petit groupe d'hommes, complices comme des grognards, se sont crus trop puissants.

 

Ils ont cessé d'entrevoir les limites. Le monde politique est un espace fini, il convient d'en appréhender avec ductilité les aires et les périmètres. Une géométrie, en somme. Ce mot devrait leur plaire, non ?

 

Pascal Décaillet

 

 

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