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  • Inquisition 2017

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    Sur le vif - Dimanche 29.10.17 - 15.47h

     

    Les allumés du caniveau, les délateurs en tous genres, les excités du pilori, les hallucinés de la capture d'écran, les hygiénistes, les Savonarole de la morale, tout ce petit monde, qui jouit à arpenter l'espace public à la recherche du moindre dérapage, me donne la nausée.

     

    Dénoncer. Capturer. Offrir au public, sur l'estrade. Autodafé. Mise à l'index. L'Inquisition ? Non, Monsieur : la société suisse de fin 2017.

     

    Si nous suivons ces surexcités de la chasse aux sorcières, si nous les laissons faire, nous nous acheminons vers un monde de délation généralisée.

     

    Vous pouvez prendre tous mes textes, depuis toujours. Nulle trace de racisme. Pas la moindre, jamais.

     

    Mais désolé, l'appel à la curée, le marquage au fer rouge d'un nom par la honte, "Name and Shame", ce climat de dénonciations et d'épuration, je ne veux pas être le dernier à le nommer, pour ce qu'il est.

     

    Je l'affirme donc très clairement : la dernière trouvaille de la LICRA ne résoudra rien dans le combat que mène cette Ligue contre le racisme. Au contraire, elle l'envenimera. Elle radicalisera les positions. Elle murera la parole dans un silence dangereux.

     

    Elle ira, très exactement, à fins contraires des buts recherchés.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La meute de la 25ème heure

     

    Sur le vif - Vendredi 27.10.17 - 12.09h

     

    Les gens qui abusent de leur pouvoir - je parle ici dans l'ordre politique - c'est du temps de leur pouvoir qu'il faut les dénoncer. Du temps de leurs abus. Du temps de leur toute puissance, de leur arrogance, avec leurs réseaux, leurs séides, leurs affidés, leurs lieutenants, leurs commis de basses œuvres.

     

    Oui, c'est pendant qu'ils commettent leurs abus, pendant qu'ils incarnent le pouvoir en majesté, dans le parfum d'excrément de leur superbe, qu'il faut les dénoncer.

     

    Mais tomber sur eux, avec la meute, alors qu'ils déclinent, et que déjà se parsèment les rangs de leurs partisans, non merci. Par pour moi.

     

    Pour la meute, oui. L'odieuse meute de la 25ème heure. Mais désolé, pas pour moi.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La mode régionaliste : dangereuse pour l'Europe

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 25.10.17

     

    Nous suivons tous avec une très grande attention ce qui se passe entre la Catalogne et l’Espagne. C’est une affaire grave, elle touche aux questions de région et de nation, d’autonomie, de solidarités internes dans un pays. Il y a, parmi les lecteurs de cet article, des partisans d’un État indépendant de Catalogne. Il y en a d’autres, qui estiment que l’unité de l’Espagne doit être préservée. Chacun de ces points de vue mérite d’être respecté. Surtout vu de Suisse, un pays qui accueille beaucoup d’Espagnols (Catalans ou autres), et qui doit, selon moi, se garder de prendre parti dans cette crise. Et, au contraire, assurer à tous son estime, son état d’écoute et de dialogue, pourquoi pas ses bons offices.

     

    Je ne me prononcerai donc pas sur le cas de la Catalogne, mais je veux dire ici, plus généralement, mon scepticisme de principe quant à cette mode intellectuelle qui voudrait sanctifier tout ce qui respire la région, la décentralisation, l’autonomie, et diaboliser tout ce qui rappelle l’État-nation. La région serait, par essence, bonne, porteuse d’avenir. La nation serait maléfique, archaïque, souillée par le sang des guerres. En Suisse, ce discours s’appuie sur la structure même de notre propre pays, ce fédéralisme, assurément un succès, qui devrait « servir de modèle » aux pays qui nous entourent.

     

    La réalité est plus complexe. Que le système suisse soit un succès exceptionnel, c’est certain. Mais chaque nation a son Histoire. La logique de la construction française, ce sont des siècles d’augmentation du pouvoir royal, celui de Paris, contre les grands féodaux, et la Révolution qui, avec le jacobinisme, va encore plus loin dans la centralisation. L’Allemagne, c’est très différent : il faut attendre 1866 pour voir émerger l’unité, les régions demeurant puissantes. L’Italie, l’Espagne, le Royaume Uni, ce sont encore d’autres logiques, d’autres champs de tension entre le centre les périphéries. A la vérité, il n’existe pas de modèle, chaque nation a son Histoire propre.

     

    Dans ces conditions, vouloir universaliser le principe de décentralisation, au nom des grands idées de Denis de Rougemont (1906-1985), cet écrivain et penseur suisse qui avait théorisé l’Europe des régions et fondé, à Genève, le Centre européen de la Culture, m’apparaît excessif. Parce que cette démarche enterre un peu vite l’idée de nation, née avec la Révolution française, beaucoup plus libératrice qu’on ne veut bien le présenter, et qui selon moi n’a pas dit son dernier mot. De Milan à Barcelone, la tentation n’est pas faible de couper le cordon avec l’Etat central. En clair, s’affranchir des liens de solidarité avec les régions du sud, plus pauvres. Chacun vivrait son destin, en rotant, bien à son aise, son produit intérieur brut. Telle n’est pas exactement ma conception d’un État, de ses énergies internes, de ses mécanismes de redistribution. Si la région, c’est l’égoïsme, les riches entre eux, les pauvres à l’extérieur, pour ma part, je n’adhère pas. Excellente semaine à tous.

     

    Pascal Décaillet