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La chanson douce du Parlement britannique

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Sur le vif - Jeudi 03.11.16 - 12.40h

 

La toute dernière péripétie de l'après-Brexit, à Londres, est un magnifique exemple du fossé grandissant, dans nos pays d'Europe, entre suffrage universel (lorsqu'on veut bien lui donner la parole) et "démocratie représentative", un système que les Anglais ont d'ailleurs inventé, bien avant la Révolution française.

 

Je dis et écris souvent que le temps des Parlements, né avec les Lumières, formidables outils de contestation de l'absolutisme en ces temps-là, acteurs majeurs de la Révolution française, puis des événements de 1848, dans toute l'Europe, ce temps n'est pas éternel.

 

Avec la prodigieuse évolution des techniques, le partage des connaissances, la mise en réseau du savoir, il ne sera peut-être plus nécessaire, d'ici un ou deux siècles, de confier le pouvoir à des "représentants". Entendez des gens qu'on élit, suite à des campagnes électorales, et qu'on envoie, pour quatre ou cinq ans, siéger, quelques sessions par an, dans une lointaine capitale. Ce système avait tout son sens au temps des lampes à huile, des diligences et de l'analphabétisme.

 

Mais à l'époque des réseaux du savoir, de la montée des connaissances communes, il n'est pas déraisonnable d'imaginer, pour les génération à venir, un autre mode, plus participatif par le suffrage universel, de la prise de décision politique. Oh, il y aura toujours des Parlements. Pour fabriquer techniquement les lois, se disputer sur les virgules. Mais la décision politique suprême devrait être prise par le corps le plus élargi possible des citoyennes et citoyens.

 

A cet égard, il n'est pas sans saveur que la première grande crise institutionnelle entre suffrage universel, exécutif et législatif provienne du Royaume-Uni. Ce pays qui, avant les autres, nous a légué la démocratie représentative. Cette dernière, en deux siècles et demi, n'a pas à rougir de tout ce qu'elle a apporté à nos pays d'Europe. Mais elle a vieilli. Elle n'a pas voulu voir venir l'émergence du suffrage universel. Du coup, et jusqu'en Suisse, pays où nous avons pourtant tellement l'habitude des décisions populaires, elle donne l'impression de se boucher le nez lorsque, d'en bas, on décide dans un sens qui ne lui convient pas. Elle a tort, évidemment. Elle se défend elle-même, comme un ultime bastion, une sorte de Fort Alamo de la légitimité.

 

Elle a tort, tort, et tort. Car sa légitimité même, à elle, ne provient de nul autre que, justement, du suffrage universel.

 

Pascal Décaillet

 

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