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Hommage d'un catholique à Martin Luther

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Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.11.16

 

C’est un homme immense, l’un de ceux dont l’œuvre et le destin me fascinent le plus. Pourtant, je ne suis pas réformé, mais catholique. Mais je suis germaniste. Et immensément germanophile. Alors, quand on aime l’Allemagne, son Histoire, sa littérature, sa musique, comment voulez-vous faire l’impasse sur une personnalité aussi puissante que Martin Luther (1483 – 1546) ? Encore plus si on est né, comme moi, dans la ville de Calvin, la Rome protestante, qui joua un tel rôle, dès le seizième siècle, pour la diffusion de ces idées nouvelles qui allaient changer le destin de l’Europe. A Genève, on parle beaucoup de Calvin, bien sûr. Et moins de Luther. Si ce n’est, à deux pas de Bourg-de-Four, dans le magnifique écrin de l’Église luthérienne genevoise, où souffle avec majesté un esprit surgi du Nord, des Allemagnes, de la Suède. Partie intégrante de notre identité européenne.

 

Et puis, voyez-vous, un catholique peut aimer Luther, parce que l’Église de ces années-là, il y a juste un demi-millénaire, avait un impérieux besoin d’être réformée. Refondée. Sur d’autres bases. Dans tous les livres d’école, on apprend les causes de la Réforme, Clergé dévoyé, vente d’objets saints, marchands du Temple, et bien sûr cette célèbre affaire des Indulgences, promises par le Pape Léon X (il y en eut de plus lumineux) à ceux qui verseraient quelques sous pour construire la Basilique Saint Pierre. Luther s’insurge. Le 31 octobre 1517, il y a 499 ans, il placarde sur la porte de L’Église de la Toussaint, à Wittenberg, ses 95 thèses qui mettront le feu aux poudres. Un homme, seul contre une machine d’une puissance inouïe, dit non : quelque chose d’immense se lève, au nom de l’Écriture et de la conscience, contre une cléricature imbriquée comme jamais dans le pouvoir politique. Cela, devant l’Histoire, portera un très grand nom : cela s’appellera la Réforme.

 

La suite, on la connaît : l’excommunication, le 3 janvier 1521, le magnifique appui temporel du Prince-Electeur de Saxe, Frédéric III le Sage, les Allemagnes tiraillées, mais un vent de liberté, irréversible, face à un pouvoir romain n’ayant pas su – ou pas voulu – prendre la mesure de ces événements. Impossible, enfin, pour un germaniste, et un habitant de Genève, ville des livres et des humanistes en ces temps-là, de ne pas mentionner l’immense œuvre littéraire que constitue, pour l’Histoire de la langue allemande, la traduction de la Bible par Luther, autour de 1523. C’est le texte fondateur de la littérature allemande moderne ! Le support à la musique de Bach, ou de Brahms. L’acte de révolte contre Rome. Un geste politique majeur dans l’Histoire des Allemagnes.

 

Je suis en train de rédiger, sur plusieurs années, une Histoire de l’Allemagne en 144 épisodes. 24 ont déjà été publiés l’été 2015, sur mon blog. Sur les 120 qui restent, j’en consacrerai évidemment beaucoup à l’immense aventure de la Réforme. A mes amis catholiques, je dis : « Bénissons Martin Luther. C’est un homme qui a osé se lever, seul contre tous. Au nom de l’Écriture ». Qui dit mieux ?

 

Pascal Décaillet

 

 

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