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Mes voeux pour Genève

 

Publié dans GHI - 22.12.14

 

A part de sérieux problèmes de circulation et un manque cruel de logements, Genève ne se porte pas si mal. La ville est magnifique, aussi belle sous le soleil que romanesque sous la pluie, le niveau de vie est élevé, une démocratie vivante nous amène à régulièrement nous engueuler entre nous, ce qui est très sain, et fait du bien. Il fallait d’abord dire cela, poser le constat de ce bonheur de vivre en comparaison internationale, avant d’émettre pour 2015 des vœux d’amélioration. Oui, Genève est une ville heureuse dans un canton heureux. Ce qui devrait justement amener ceux d’entre nous qui en profitent à davantage d’attention pour les oubliés de cette prospérité. Notre canton en compte : en cette période de Fêtes, pensons à eux.

 

Mon vœu principal leur sera donc destiné. Dans un canton où le salaire moyen (ou le revenu moyen, pour ceux qui, comme les indépendants, ne touchent pas de salaire) est aussi élevé, la solidarité et la répartition s’imposent face aux plus démunis. Non comme une aumône ! Mais comme l’exercice normal d’une redistribution républicaine. Car enfin, quel sens donner à sa vie, si on la gagne correctement, et qu’on tombe autour de soi, dans les rues, les trams, sur des personnes manifestement nécessiteuses ? Quel sens peut revêtir une réussite individuelle si c’est juste pour émerger d’un océan de précarité ? Bien sûr, il faut commencer par se battre pour soi, pour sa famille, et ça n’est déjà pas facile. Mais à quoi bon l’aventure citoyenne, si chacun ne contribue pas – un peu, au moins – au relèvement du niveau moyen de prospérité ?

 

Surtout, n’oublions jamais les plus faibles. Il existe, à Genève, de nombreuses personnes âgées qui doivent compter chaque sou pour s’en sortir. Il existe des chômeurs en fin de droit, qui doivent aller à l’aide sociale, avec tout ce que cela peut impliquer dans la tête, par rapport au rôle que chacun doit jouer dans une collectivité publique. Il existe des travailleurs pauvres : ils ont un emploi, mais ce dernier ne suffit pas. Se soucier de tous ces gens-là ne doit pas être le fait de la charité, mais du souci de construire ensemble un corps social plus sain, plus dynamique, plus solide. A partir de là, on pourra, entre la droite et la gauche, se disputer sur la question du curseur : jusqu’où aller dans la mise en œuvre de la répartition ? Cela se discute, et c’est le propre de la dialectique politique que d’en mener le débat. Mais soyons au moins d’accord sur le principe.

 

Nous sommes en Suisse, au cœur de l’Europe, nous avons une Histoire sociale, de remarquable conquêtes (comme l’AVS, en 1947, notre fleuron). Nous avons, pour pas mal d’entre nous, des sensibilités spirituelles, nous sommes surtout unis autour d’une idée républicaine. Bref, nous ne sommes ni dans l’Angleterre de Mme Thatcher, ni dans certains Etats américains ne prônant que la réussite individuelle. Nous avons à Genève une école, avec de formidables enseignants  qui transmettent à nos enfants leurs passions. Nous avons des milliers d’infirmières qui veillent nos malades. Une immense majorité d’entre elles franchissent deux fois par jour la frontière. Eh bien, je leur dis bravo et merci. A tous, j’adresse mes meilleurs vœux pour les Fêtes de fin d’année.

 

Pascal Décaillet

 

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