Sur le vif - Vendredi 04.05.12 - 10.45h
Méfions-nous de ceux qui n'ont à la bouche que le mot (au demeurant horrible) « stigmatisation ». Ces grandes âmes se révèlent souvent des intolérants et des insulteurs. Sous prétexte de protéger l'Autre, on se retrouve le premier à cracher son venin sur son voisin, parce qu'il pense mal, parce qu'il pense faux.
Ainsi, Robert Cramer. Il ramène le discours du MCG à celui de la peste brune. Propos tenus dans le Dauphiné libéré, confirmés dans le Matin d'aujourd'hui. « Si vous enlevez le mot frontalier et que vous mettez le mot juif à la place, certains discours donnent l'impression de revenir dans les années 1930 ».
Premier problème : ce glissement en effet infâme, justement, ne se produit pas. Alors, dans quel dessein l'extrapoler, le fantasmer ? Ensuite, M. Cramer, quand on évoque les années 30, il convient d'avoir un minimum de culture historique. Soulever les problèmes économiques liés, en 2012, à une fonction professionnelle (transfrontalière) est une chose. Dont on peut en effet discuter, et à coup sûr, aussi, combattre vivement les positions du MCG. Adhérer, dans les années 30, à une idéologie visant explicitement (cf Mein Kampf, rédigé dix ans auparavant) la destruction d'un peuple, relève tout simplement d'une autre galaxie mentale.
Prétendre, comme vous le faites dans le Matin d'aujourd'hui, que la nomenclature rhétorique du MCG serait le point de départ, si on la laissait faire, à un discours antisémite type années trente, est au mieux une spéculation intellectuelle purement théorique. Au pire, une infamie, par rapport à 17% de l'électorat genevois, le même nombre à peu près que celui de votre parti.
Vous avez gravement dérapé, M. Cramer. Sans doute allez-vous nier, atténuer, atermoyer. En prétendant défendre une catégorie de personnes (assurément respectables, je vous rejoins sur ce point, et n'aime pas non plus certaines outrances du MCG), vous en insultez gravement une autre : 17% de l'électoral genevois. Tout simplement inacceptable.
Pascal Décaillet