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Suffrage universel

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 13.07.11

 

Depuis plus de vingt ans, je défends l'idée de l'élection du Conseil fédéral par le peuple. Bien avant que l'UDC ne lance une initiative dans ce sens. Bien avant la polarisation de la vie politique suisse. Ce qui m'amène à militer pour cette réforme, c'est le souhait d'avoir, pour mon pays, un exécutif fort, avec les meilleurs, les caractères les plus trempés, ceux qui se seront frottés victorieusement au suffrage universel. Et non les souris grises, résultats d'accords de coulisses d'un parlement dont la mission historique est de faire les lois, et non d'élire le gouvernement.

 

Depuis plus de vingt ans, je défends cette idée, qui n'est ni de gauche, ni de droite (Pierre-Yves Maillard la soutient, tout aussi bien que Christoph Blocher), mais le combat de ceux qui veulent créer un lien de confiance fort, tellurique, entre la population et les élus. Aujourd'hui, ce lien n'existe pas. Certes, les gens respectent les conseillers fédéraux, mais comme des personnages lointains, irréels, n'ayant à répondre que devant un parlement, sous les lambris du Palais fédéral. La politique comme cercle fermé, entre soi. Les deux seuls hommes, au fond, qui ont vraiment échappé à ce Cercle de Craie caucasien furent Jean-Pascal Delamuraz et Christoph Blocher, au moment de la campagne de 1992 pour l'Espace économique européen. Leurs successeurs, la plupart issus de la caste parlementaire, ont continué de faire de la politique entre soi, loin du peuple.

 

La caste parlementaire ! Le mot est encore bien faible pour décrire la coagulation consanguine d'intérêts horizontaux, à travers les partis, aux Chambres fédérales. Ce principe même de « sessions », qui date du temps des diligences ou des tout premiers trains (1848), où l'on ne siège, qu'il pleuve ou qu'il vente, que quatre fois par an, est totalement caduc, et tout le monde, par confort, feint de l'ignorer. Cette jouissance d'être les grands électeurs, représenter chacun le 246ème de l'onction, s'exciter comme des fous au Bellevue, sous l'empire de la combinazione, pour finalement déboucher sur un Didier Burkhalter ou un Johann Schneider-Ammann (alors qu'on tenait l'occasion d'une Karin Keller-Sutter), il y a là un sérieux discrédit sur l'institution parlementaire. Les Suisses, lorsqu'ils voteront sur l'élection par le peuple, devraient songer à ces tristes épisodes, où non seulement on leur confisque leur pouvoir de décision, mais en plus on décide mal.

 

Bien entendu, la quasi-totalité de la classe politique, à commencer par les actuels parlementaires fédéraux des partis qui se partagent la Suisse, ceux qui ont passé leur vie à blanchir sous le harnais de ce système-là, ceux qui s'en sont partagé les avantages, les dividendes et les prébendes, plaideront pour la continuation, jusqu'à la fin des siècles, du système actuel. Douillet. Confortable. Surtout rester entre soi. Sans rien changer. Jamais.

 

Pascal Décaillet

 

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