Sur le vif - Dimanche 27.02.11 - 11.39h
J’ai déjà, il y a quelques semaines, ici même, parlé d’Emmanuel Kilchenmann. Je l’ai reçu à « Genève à chaud », mais aussi, avec Alexis Favre, au « Grand Oral ». 30 ans, président des Jeunes démocrates-chrétiens fribourgeois, un être issu de Stendhal, de l’époque où existaient encore les grands ordres : l’Eglise, l’armée. Une armature idéologique hors du commun sur les fondements de la démocratie chrétienne européenne. Certains parlent de Léon XIII et de Rerum Novarum (1891) : lui, clairement, les a lus, il les a placés dans un contexte historique, il estime que la Doctrine sociale peut encore avoir des résonances, 120 ans après.
Mais Kilchenmann est également capitaine à l’armée. Est-ce, il y a une vingtaine de minutes, l’impétuosité du grenadier qui s’est réveillée en lui ? Invité de La Soupe, répondant à une question d’Anne Baecher sur la responsabilité morale de l’ancien syndic de Fribourg, l’actuel conseiller national Dominique de Buman, numéro 2 du PDC suisse, dans l’affaire de la caisse de pension de la Ville, c’est sans une once d’hésitation que le jeune ambitieux a déclaré coupable son cher camarade de parti.
Cela s’appelle un meurtre en direct. Cela rappelle une constante de la politique : l’ennemi est toujours à l’intérieur du camp, les dagues sont chez les « amis ». Chaban, en avril 1974, en a su quelque chose de la part de Chirac. Mark Muller, à Genève, l’éprouve à ses dépens. L’assassinat en politique, est chose courante. Presque un passage obligé. Mais, avec un tel sang-froid, comme à la Soupe sur le coup de 11.15h, c’est de la belle ouvrage. Il est possible que Dominique de Buman n’apprécie que très moyennement cet homicide dépourvu de toute négligence.
Pascal Décaillet