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Vraie campagne ou songe d’une nuit d’été ?

 

Edito pour le Giornale del Popolo - Publié en page une, ce lundi 14.09.09


Plus que deux jours ! Elle aura été longue, cette campagne pour la succession de Pascal Couchepin. Haletante. Spectaculaire. Chaotique. Après-demain, 16 septembre, soit trois mois et quatre jours après la démission du conseiller fédéral valaisan, nous saurons enfin qui, à sa place, assumera le septième du pouvoir exécutif fédéral. Jamais, sans doute, la vacance d’un siège n’aura autant échauffé le verbe, aiguisé les joutes et les débats.

Il est vrai que le partant, comme son prédécesseur Jean-Pascal Delamuraz en 1998, laisse un grand vide. Parce qu’il est une bête politique, un tempérament, une nature. Aussi, parce qu’au-delà de ses choix politiques, il aura finalement acquis la stature d’un homme d’Etat, ce qui n’est pas si fréquent. Ce vide, en l’état, ni Urs Schwaller, ni Didier Burkhalter, ni Christian Lüscher ne pourront immédiatement le combler. A celui de ces trois-là (ou un autre, peut-être !) qui sortira des urnes, il faudra des années pour s’installer, se patiner, se corser : on ne devient pas, vraiment, conseiller fédéral du jour au lendemain.

Alors, qui ? Franchement, je n’en sais rien ! Ce qui est sûr, c’est que le paramètre des compétences techniques ne doit en aucun cas être le seul. Il ne s’agit pas d’élire un secrétaire d’Etat, ni un chef d’office, ni un spécialiste de la santé, ni un mathématicien des assurances sociales, ni un statisticien des primes maladie, mais bien un conseiller fédéral. Un homme avec une vision, du courage, une profonde ambition pour le pays, un vrai amour pour ce coin de terre, ses quatre langues, ses minorités, sa magique pluralité. Un homme capable de reprendre n’importe lequel des sept Départements. D’ailleurs, une rocade n’est pas impossible, des bruits bernois évoquant une reprise du Département fédéral de l’Intérieur par Micheline Calmy-Rey.

Trouver un format, voilà ce qui devrait être la priorité. Un capitaine pour temps de crise ! Un vieux loup de mer, taillé pour les tempêtes, pas pour le calme plat. Alors, certains ont tenté des solutions alternatives, ont évoqué le nom d’un Dick Marty. Mais ils l’ont fait bien tard, et une candidature au Conseil fédéral ne s’improvise pas : sauf exception (Ruth Dreifuss, 1993), les écuries préparent (discrètement) leurs candidats depuis des années, et la dernière ligne droite (les semaines qui suivent l’annonce d’une vacance) n’est que l’aboutissement d’un long parcours souterrain. Sauf incroyable coup de théâtre, c’est donc bel et bien entre les deux candidats officiels du PLR et celui du PDC que tout, le 16 entre 8h et 10h, devrait se jouer.

Reste que cette étrange campagne – d’un autre âge – laisse un goût amer. Celui d’une bataille qui, paradoxalement à l’époque d’internet et de l’information immédiate – se sera jouée dans de tout petits cercles de décideurs, parfaitement étanches, derrière le dos de la population suisse, qui n’a pas voix au chapitre dans cette élection. Théâtre de sérail, donc. Même pas théâtre : coulisses ! La Suisse, cette belle démocratie, exemple pour bien des pays environnants, ne mérite-t-elle pas mieux que le songe – même agréable et distrayant – d’un bel été ?

 

Pascal Décaillet

 

 

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