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Notre peuple, nos valeurs



Édito Lausanne FM – Mardi 20.11.07 – 07.50h


Faire diminuer de 25% la bureaucratie dans la machine communautaire européenne : c’est la mission d’un groupe de travail, annoncé hier, qui sera présidé par un homme fort de la politique : l’ancien Ministre président du Land de Bavière, Edmund Stoiber, qui avait été candidat à la chancellerie contre Schroeder. Un homme brillant.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la commission Stoiber aura du boulot. Trop d’appareil, trop de directives, trop de masse alourdissante donnent l’impression d’une machine à Tinguely, ciblée sur son propre fonctionnement plutôt que sur son efficacité en faveur de la population. Cette inflation bureaucratique, ajoutée au déficit démocratique, est l’une des raisons de la désaffection des peuples pour l’idée européenne. Le motif, aussi, des rejets populaires, il y a deux ans et demi, pour le Traité constitutionnel. Là, tout au moins, où on avait daigné donner la parole au suffrage universel.

À la vérité, l’aventure européenne va mal. Et la récente tentative, à Lisbonne, de rafistolage, par derrière, du Traité, ne satisfera personne. Pire : elle augmentera le scepticisme des peuples, là où les décisions s’ourdissent et se prennent derrière leur dos. Aujourd’hui encore, plus que jamais, l’Europe n’apparaît que comme une fourmilière de fonctionnaires, produisant de la paperasse, compliquant la vie des entreprises, là où elle devrait, tout au contraire, encourager leur vitalité.

Cette Europe-là, moins que jamais, n’inspire les Suisses. Je n’ose imaginer le résultat que ferait, aujourd’hui, une votation populaire sur l’adhésion : sans doute moins de 25% de oui. Non que les Suisses ne se sentent pas Européens, loin de là. Mais dans notre pays, le peuple est souverain, et il tient à le rester. En Suisse, la démocratie directe permet, en maintes circonstances, de faire trancher les querelles qui nous animent par le seul suffrage qui vaille, le suffrage universel. En Suisse, le fédéralisme permet de rapprocher les décisions, le plus possible, des gens concernés. En Suisse, les individus ne sont pas, a priori, considérés comme des administrés, mais des citoyens.

Tout cela vous fait sourire ? Libre à vous. Mais tout cela, ce petit trésor, durement acquis à travers l’Histoire, le peuple suisse n’est absolument pas prêt à y renoncer. Quelques élites, oui, peut-être, quelque Nomenclature prétendument éclairée qui voudrait faire le bonheur des humains sans jamais les consulter. Mais le peuple suisse, certainement pas. Ce que ces élites, avec morgue et arrogance, appellent « repli », c’est simplement la conscience très forte d’une valeur ajoutée, par rapport à nos voisins et amis, sur le plan démocratique. Un petit trésor de proximité dans la décision politique, que tant, à l’extérieur, nous envient. Pourquoi diable devrions-nous y renoncer ?

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