Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Archangelo Alfredo Cartoffoli dé Milano



Edito Lausanne FM – Mercredi 21.11.07 – 07.50h



On peut être un fou du volant et, en même temps, un excellent conseiller aux Etats. C’est ce qu’a décidé, dimanche, le peuple tessinois, en reconduisant, pour quatre ans, à la Chambre des cantons, le Fangio de la politique suisse, le démocrate-chrétien Filippo Lombardi. Lequel devance largement son rival socialiste, l’oncologue Franco Cavalli.

Ce vote tessinois est une leçon politique, et mérite qu’on s’y arrête. Il nous rappelle qu’en démocratie, le seul souverain, c’est le peuple. Non pas l’opinion (doxa), non pas le peuple en ébullition qui manifeste (plêthos), mais bel et bien démos, le corps électoral qui, un beau dimanche, se rend aux urnes.

Filippo Lombardi, excellent conseiller aux Etats, se trouve avoir eu quelques problèmes au volant. Aux yeux du Code de la Route, c’est même un récidiviste notoire, boulimique de vitesse, assez proche de cet Alfredo, de Milano, au nom interminable, avec ses gants de cuir, qui prend Tintin dans sa voiture, dans l’Affaire Tournesol. Pour ces infractions, Lombardi a payé (il a rendu son permis) et va peut-être payer encore, avec effet retard.

La faille, évidemment, était trop belle, l’odeur du sang trop attirante pour que les requins, tout alentour, ennemis politiques ou presse people, se gênent. Au point qu’on n’a plus parlé de Lombardi, dans certains journaux, que comme prince des chauffards et roi du macadam. Et de preux moralistes, parmi mes confrères, ont saisi leur blanche plume, candide comme l’innocence d’une colombe sur la chaussée, pour demander la tête de l’ignoble avaleur de kilomètres.

Seulement voilà. Lombardi a tenu bon. Il a reconnu ses fautes sur la route, il a continué de représenter son canton sous la Coupole, dont il est un élément de grande qualité. Et il est allé, lentement, professionnellement, vers le seul juge qui vaille, le suffrage universel. Et dimanche, le peuple tessinois, parfaitement au courant de l’affaire, a décidé souverainement qu’il voulait Lombardi, pour quatre année supplémentaires, à la Chambre haute du Parlement.

Le peuple, oui, pas les juges. Le peuple, pas les ragots, ni cette hyène errante qu’on appelle l’opinion, ou la rumeur. Le peuple souverain, pas les corps intermédiaires. C’est lui, en toute chose, qui tranche. Non qu’il exonère Lombardi de ses péchés routiers. Mais il considère que la politique et la morale, la politique et le volant, la politique et la vitesse, ce sont des choses différentes. Le grand Machiavel, qui ne connaissait au mieux que le galop du cheval, n’aurait pas dit mieux.

Les commentaires sont fermés.