Sur le vif - Dimanche 17.03.19 - 13.44h
Hier soir, place Beauvau, siège du Ministère de l'Intérieur, Macron affichait de grands airs graves, tout en prenant soin de mettre en scène, en direct à la TV, son statut de chef de la cellule de crise. Le chef, au milieu de son état-major. Le chef, qui parle et qui ordonne. Le chef, en majesté.
Macron prend de grands airs, il ne sait faire à peu près que cela, à part condamner l'Italie, condamner la Hongrie, condamner la Pologne. Prendre de grands airs, se présenter comme le chef de la résistance morale à la montée des "populismes", celui qui entrera dans l'Histoire pour avoir dit non. Avec Macron, c'est tous les jours le 18 juin, tous les jours l'arrestation de Jean Moulin, tous les jours le sacrifice suprême, face à la Bête immonde.
Cet homme-là n'a aucune culture politique, aucune culture historique surtout. On le dit brillant philosophe, je veux le croire, mais son exemple à lui ne plaide guère pour l'éloge de la philosophie comme formation matricielle pour la pratique de la politique.
Cet homme-là est issu du monde de la grande finance, qu'il a servi qui l'a servi. L'univers du profit cosmopolite, il connaît, il a frayé, il a donné. On lui prête une vision économique, là aussi je veux le croire, car l'homme est intelligent, mais quelle économie ? Au service de qui, en priorité ?
Au mouvement des Gilets jaunes - je ne parle évidemment pas ici des casseurs - Macron n'a jamais rien compris, ni voulu comprendre. La double revendication, dès l'automne, pouvoir d'achat et RIC (référendum d'initiative citoyenne) était pourtant parfaitement claire, lisible, décodable par tous.
C'était clair, audible. A dessein, Macron n'a pas voulu entendre. Pour une raison simple: le RIC, la démocratie directe, la vraie, celle qui vient d'en bas, comme nos initiatives en Suisse, il n'en veut pas. Alors, il jette un immense trouble, celui du capharnaüm et de la confusion, avec son "grand débat". Comme si le débat, en amont du mouvement des Gilets jaunes, ne s'était pas déjà déroulé mille fois.
Macron voit sans doute très loin dans les questions de la philosophie, je veux le croire. Mais l'essentiel, il ne le voit pas. L'essentiel, c'est que le problème c'est lui. Lui, Macron, ses options d'Ancien Régime, ses servilités pour l'Ancien Monde, son mépris pour tout ce qui vient d'en bas. Son inaptitude, lui Président, à saisir ce que représentent l'Histoire et la mémoire de la France.
Le problème, c'est lui. Il ne veut pas le voir. Il préfère se montrer en majesté, au milieu de sa Cour, prenant des airs de grand philosophe. Encore trois ans de répit pour l'Ancien Monde.
Pascal Décaillet