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Liberté - Page 248

  • Socialistes, génération Minitel

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.04.22

     

    Les plus jeunes, parmi ceux qui me font l’amitié de lire cette chronique, ne connaissent sans doute pas le Minitel. Pour faire court, disons que c’est une invention un peu hybride, dans la France des années 80, entre un téléphone et un écran d’ordinateur, laideur verdâtre, génération préhistorique, vous en trouverez sans doute dans les musées d’Histoire de l’informatique. Aujourd’hui, ça paraît complètement ringard, mais à l’époque, premières années du règne de François Mitterrand, c’était un truc ravageur, révolutionnaire. On se l’arrachait, pour des fonctions aussi existentielles que réserver une table, au restaurant, en tapotant sur un clavier, plutôt qu’en appelant le bistrot. On pensait le Minitel éternel, et puis non, les ordinateurs ont évolué, il est très vite devenu le symbole de la mode qui se démode, la jeunesse qui vieillit.

     

    En écoutant Mme Hidalgo, candidate officielle des socialistes français, le parti de Jaurès, le parti de Mitterrand, le parti de Pierre Mauroy dans la grande tradition du Nord, des mines et de Zola, il m’arrive toujours de penser au Minitel. Intrinsèquement et sans ironie, je la trouve plutôt bien, la Maire de Paris. De la classe. De l’élégance. Des convictions. Une certaine rhétorique. Le problème, c’est le fond de ce qu’elle avance. Son discours est taillé dans le marbre des années 80 et 90. Les années Jospin. Un socialisme justicier, moralisateur, persuadé d’incarner la noirceur des colères ouvrières, mais complètement à côté de la plaque, tant il est devenu bobo, déconnecté. En un mot, le socialisme qui n’a pas vu venir ce dimanche d’avril 2002, où Jean-Marie Le Pen a ravi à Lionel Jospin la place au deuxième tour.

     

    A Genève, en Suisse, en France, le socialisme est infesté par le syndrome du Minitel. Les logiciels de pensée sont dépassés, depuis longtemps. Mais on s’y agrippe, comme à une bouée de sauvetage. C’est le cas de Mme Hidalgo. C’est le cas de toute une génération caviar de socialistes genevois, allaités aux mamelles du pouvoir partagé. Les postes. Les prébendes. Les Conseils d’administration des grandes régies. Les réceptions internationales de la Ville de Genève, droits de l’homme, canapés, flûtes de champagne, on est si bien entre soi. On milite dans une organisation onusienne, on a pour soi la rectitude morale, la justice éternelle. Les ouvriers votent maintenant pour la droite patriotique et populaire, on regarde ça de haut, avec mépris. On hausse les épaules, on enfourche son vélo, on court à la réception suivante, en anglais si possible, on condamne ces « relents populistes », on se dit que ça passera, tout rentrera dans l’ordre. Comme avant. Comme du temps de François, à l’Elysée, de Manuel à la Mairie de Genève. Ce temps des camarades qui réchauffaient les cœurs : on avait avec soi les élans de justice, l’ardeur des électeurs, les parfums de la rose, l’éternité du bien. La nuit, juste un mauvais rêve, de temps en temps, toujours le même : on est invité à l’Elysée, esturgeons et tapis rouge. Juste un détail, un peu pénible : souriante, avenante, c’est Marine qui nous y accueille.

     

    Pascal Décaillet

  • Bobos dépités

     
    Sur le vif - Lundi 04.04.22 - 06.05h
     
     
    La victoire très large de Viktor Orban, dans un processus parfaitement démocratique, et sa reconduction pour un nouveau mandat, sont choses quelque peu ennuyeuses pour nos bobos, nos médias européistes, nos donneurs de leçons aux nations souveraines.
     
    Déjà, le Temps titre « Orban conforte son emprise ». Singulière façon de qualifier un succès électoral. Une onction venue du peuple.
     
    Tous ces beaux esprits, il faudra peut-être qu’ils se creusent les méninges, dans trois semaines, pour titrer sur un autre scrutin, autrement plus proche pour nous que celui de nos amis Magyars.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Déluge de verre

     
    Sur le vif - Dimanche 03.04.22 - 14.22h
     
     
    Les artistes Rive Gauche qui menacent, depuis des mois ou des années, de quitter la France en cas d'élection de Marine Le Pen, peuvent doucement songer, à tout hasard, à l'acquisition de quelques valises, chez le bagagiste de luxe de leur choix. Car enfin, ces esprits de lumière n'ont qu'une parole, non ?
     
    On leur suggérera aussi l'acquisition d'un casque, pour leurs promenades vespérales à Saint-Germain-des-Prés, dans les trois semaines à venir : les experts du GIEC sont formels, un plafond de verre pourrait bien s'écrouler sur Paris.
     
     
    Pascal Décaillet