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Liberté - Page 189

  • La vie qui va

     

    Sur le vif - Mercredi 05.04.23 - 15.02h

     

    La Semaine Sainte, puis la Fête de Pâques, nous saisissent de vertige. Elles nous racontent une histoire simple, un jeu de mort et de vie, de nuit et de lumière. La nécessité d’un Passage. Pour aller où ?

     

    Le mystère de Pâques est celui de la vie elle-même, nul besoin de miracles, et surtout pas de surnaturel. Lire les textes. Ou mieux : les écouter, dans l’incomparable traduction de la Bible en allemand, par Martin Luther, acte fondateur de la langue allemande moderne (1522).

     

    Et comment les écouter, mieux qu’en musique ? Les Passions de Bach, Saint Jean (1724), Saint Matthieu (1727). Le texte, et lui seul. Sublimé par ce qu’il y a de plus beau dans la vie : la voix humaine. Bientôt trois siècles que ces versions saisissantes du récit évangélique nous accompagnent. Elles ne vieillissent pas.

     

    Vous le savez pourtant, ces œuvres immortelles ont dormi dans la seconde partie du dix-huitième, et même début dix-neuvième, jusqu’à leur redécouverte par un autre génie de la musique : Felix Mendelssohn. C’est une histoire extraordinaire : les partitions sombrent dans l’oubli, traversent un temps de mort. Et puis, un jour, la vie reprend. Comme dans l’histoire qu’elles racontent. On appelle cela une mise en abyme.

     

    Dans tout cela, pas de miracle, ni de surnaturel. Rien de ce kitch qui tue les grands récits. Non, juste une très vieille histoire, qui avait été celle de Déméter. Ou celle de la mer Rouge. La vie qui l’emporte. La vie qui va, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

  • Servir Genève

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.04.23

     

    L’ampleur de la victoire de la droite, à l’élection du Grand Conseil, ce dimanche 2 avril, est sans précédent. Pour cinq ans, Genève aura un Parlement clairement dominé par le PLR, l’UDC, le MCG, ainsi que les apports possibles du parti de Pierre Maudet, voire de ce qui reste du Centre. A gauche, le PS et les Verts se maintiennent, mais la déconfiture de la gauche radicale les relègue très clairement dans l’opposition. Bref, la droite triomphe.

     

    Il faut prendre la mesure de ce qui est rejeté. Le peuple, sans appel, jette aux orties toute une série de dogmes ou convenances de gauche, qui semblaient aller de soi, tant ils étaient adoubés par les clercs, les commentateurs, les médias. Genève a cinq ans pour tout reprendre, de fond en comble. Atmosphère d’Apocalypse autour du climat, guerre à la voiture en ville, Etat tentaculaire, fonction publique pléthorique, états-majors inutiles, maladie du contrôle, fiscalité écrasante pour les classes moyennes, sommes colossales lancées dans la « rénovation des bâtiments », instruction publique en déshérence, niaiserie absolue du langage inclusif. C’est à tout cela que le corps électoral, exaspéré, a dit non.

     

    Le premier pouvoir, à Genève, c’est le Parlement. Quel que soit le résultat du 30 avril au Conseil d’Etat, la majorité législative aura le dernier mot, sans compter le peuple. Puisse-t-elle se montrer courageuse, inventive, dégagée des dogmes, libérée des peurs. Baisser les impôts des classes moyennes. Économiser chaque centime du contribuable. Respecter les citoyennes et les citoyens. En un mot : servir Genève.

     

    Pascal Décaillet

  • La droite genevoise : "Voglio una donna !"

     
    Sur le vif - Mardi 04.04.23 - 13.56h
     
     
    La droite genevoise me fait penser à cette famille italienne qui s'en va, un beau dimanche ensoleillé, prendre dans sa carriole un oncle un peu spécial, dans sa maison de repos. C'est dans Amarcord, de Fellini, l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. J'ai bien dû le voir vingt fois.
     
    Elle le sort, l'oncle au regard un peu perdu, pour un pique-nique champêtre, quelque part au milieu de rien, dans l'éblouissante beauté du Pays Romagnol. Il n'est pas 100%, mais il est de la famille, on l'aime bien.
     
    Tout juste un peu imprévisible, l'oncle. Là, il avise un arbre, se hisse sur la plus haute branche, et se met à hurler à la ronde, dans l'immensité de la plaine : "Voglio una donna !". Il y demeure longtemps perché, jusqu'à l'intervention d'une soeur naine, une religieuse, qui lui intime l'ordre de descendre.
     
    Toute famille a son vieil oncle. Tout conte, ses fantômes. Toute alliance, ses branches cassées. Toute géométrie, ses fêlures. Ainsi, la vie. Fragile, et pourtant souriante.
     
     
    Pascal Décaillet