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Liberté - Page 1444

  • Grand Conseil : tous copains !

     

     

    Sur le vif - Mercredi 23.06.10 - 10.54h

     

    Dans cette vie terrestre, il n’est pas facile de garder des secrets. En livrer un à deux personnes, c’est déjà le transmettre à la terre entière. Alors, imaginer qu’un « huis clos » tenu par une centaine de députés demeurerait à jamais dans le silence, c’est surestimer un peu la capacité de rétention de la nature humaine. Ainsi, peu à peu, le fil de ces étranges minutes de vendredi soir, à Genève, peut se reconstituer. Nous savons maintenant qu’on a cherché à faire taire. Rien ne le justifiait.

     

    Nous savons que la « déclaration finale » du président du Grand Conseil n’engageait que lui, le député Mettan, et non son Parlement, même pas son Bureau. Nous savons aussi que, jusque dans les rangs de son propre groupe parlementaire, on lui en tient rigueur. Nous décodons encore, en lisant les écrits de certains membres du Bureau, cet éternel esprit de caste entre partis gouvernementaux qui se tiennent les coudes, la barbichette, et sans doute d’autres parties du corps que nous ne nommerons pas ici. Parmi eux, un docteur-ès-opacité considérant le Parlement comme une sorte d’amicale, ou de club anglais, détestant la presse et sa liberté éditoriale, rêvant au fond de débats bien fermés, entre soi, n’accédant en aucun cas à la place publique.

     

    C’est bien cela que révèle l’affaire du huis clos. L’esprit de club. On débat entre soi, on s’écrit, on se félicite, on vit pour le cercle fermé, comme dans un palais des glaces. Les deux partis de la marge (les non-gouvernementaux) le condamnent, on les rabroue systématiquement. Au final, elle roule pour qui, cette amicale ? Pour le gouvernement ! Pour l’establishment qui se partage portefeuilles, nominations et prébendes. Et là, elle est où, l’indispensable mission de contrepouvoir d’un Parlement ? Elle est dissoute ! Dans le marécage du « tous copains ». Derrière des murs bien fermés.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Tu m’exfiltres ? – Moi non plus

     

    Sur le vif - Lundi 21.06.10 - 16.24h

     

    Il y a ceux qui tentent d’exfiltrer, ceux qui filtrent les informations, ceux qui flirtent avec la ligne jaune, et puis il y a l’extase recommencée des fuites : la politique fédérale c’est « Je t’aime, moi non plus », par une nuit glacée de novembre, dans la sucrerie d’Aarberg. Des tuyaux partout, des lumières comme des comètes, les machines qui travaillent en continu. Il y a la verticalité des betteraves qui s’évaporent vers l’Apocalypse. Et toi, dans cette dernière nuit du monde, tu vas et tu viens. Et moi, je me retiens.

     

    Je me retiens de quoi ? De te décrire par le menu l’intervention hallucinante que vient de faire Doris Leuthard sur le projet d’exfiltrer les otages libyens. Entre ceux qui savaient et ceux qui ignoraient, ceux qui étaient au parfum et ceux qui se bouchaient le nez, ceux qui commandaient des sous-rapports intermédiaires sur la légitimité d’une action pute-hâtive, et ceux qui omettaient de les lire, c’est toute l’impuissance impersonnelle d’un septuor de rêve qui éclate au grand jour. Pendant ce temps, l’éternité devait sembler un peu longue, sous la nuit étoilée du désert libyen.

     

    Mais elle est longue, l’éternité. Surtout quand elle nous laisse sur notre fin.

     

    Pascal Décaillet