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Liberté - Page 1245

  • Poggia : l'exploit

     

    Sur le vif - Lundi 24.10.11 - 12.51h

     

    23'432 voix : Mauro Poggia est premier ! Membre d'un parti qui n'existait pas il y a quelques années, et qui n'a fait que grimper, l'avocat spécialiste de l'assurance maladie réalise un double exploit : faire entrer le MCG dans l'arène fédérale ; sortir premier de tous, sans la moindre alliance, entouré d'un classe politique qui conspue son parti. L'ampleur de l'exploit, étrangement, est peu mise en évidence dans la presse ce matin. Ainsi, pourquoi la Tribune de Genève, en page 2, dans son tableau des élus avec les chiffres, place-t-elle Poggia, graphiquement, en dernier ?

     

    Avec ou sans groupe, il y a beaucoup à attendre de cet homme (ainsi que des deux autres nouveaux, Manuel Tornare et Céline Amaudruz) sous la Coupole fédérale. Le sens politique de Poggia, son pragmatisme, sa connaissance des dossiers sur les assurances sociales, sa rapidité de synthèse pourraient assez vite faire de lui un élu signalé. Quel chemin parcouru ! Pour lui, et pour son parti ! Voilà un homme qui était seul contre tous. Constamment rabroué par certains PLR ou PDC, ses collègues du Grand Conseil, aujourd'hui non élus, et loin derrière lui. Il n'a bénéficié d'aucune alliance, il a simplement fait campagne avec une énergie phénoménale, droit dans ses bottes, beaucoup d'habileté aussi.

     

    Alors voilà, ce matin, comme la plupart de mes chers confrères oublient de souligner l'exceptionnel mérite de ce résultat, ici par distraction, là par alignement sur tel conseiller d'Etat, moi je lui dis simplement bravo. Et bonne chance à Berne.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Au milieu des décombres, KKS

     

    Sur le vif - Dimanche 23.10.11 - 14.47h

     

    On le prévoyait, cela commence à se confirmer dans la lente révélation photographique de la carte électorale suisse issue des urnes aujourd'hui : c'est un dimanche noir pour le PLR. Nous y reviendrons largement, une fois passé le maelström des émissions spéciales. Avec, tout de même, une ou deux percées de soleil, au milieu des décombres : ainsi, l'extraordinaire première place de Karin Keller-Sutter à Saint-Gall, dans la course aux Etats.

     

    Extraordinaire, oui, quand on pense à la campagne de dénigrement menée depuis des semaines par la Weltwoche. Parce que la Dame de fer est en concurrence avec le président national de l'UDC, Toni Brunner.

     

    Voilà une femme à laquelle le Parlement a jugé bon de préférer l'insipide Johann Schneider-Ammann. Elle brille à Saint-Gall. Elle brillera à Berne. N'est-ce pas à elle de reprendre en mains le destin de son parti ?

     

    Mais y a-t-il encore un parti ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • 2011-2015 : le retour du protectionnisme

     

    Sur le vif - Samedi 22.10.11 - 17.46h

     

    Je reviens sur mon papier d'hier soir, consacré à la vive condamnation, par la commission de gestion du National, l'organe parlementaire chargé de contrôler l'activité du gouvernement et de l'administration, du très mauvais pilotage, par le Conseil fédéral, de ce qu'on appelle les « mesures d'accompagnement », en clair l'indispensable correction des effets néfastes des bilatérales. Le libre échangisme dogmatique entre un petit pays de moins de 8 millions d'habitants et une masse environnante de plusieurs centaines de millions ne pouvant évidemment que fragiliser le petit, à l'avantage du géant.

     

    En aucun cas, la commission ne demande la fermeture des frontières. Ni la cessation des échanges. Ni d'ailleurs la dénonciation des bilatérales. Elle constate simplement que le gouvernement sortant (le Conseil fédéral sera réélu complètement le 14 décembre prochain) a gravement fauté par négligence dans l'application des contrôles. Ce Conseil fédéral, lourdement épinglé, n'est pas une nébuleuse anonyme : c'est une équipe précise, avec des ministres de l'Economie bien précis, M. Schneider-Ammann n'arrivant d'ailleurs qu'en bout de course, et ne pouvant être tenu, tout seul, pour responsable de ce mauvais pilotage. Oui, Mme Leuthard est en cause.

     

    Au passage, la commission confirme ce que tout observateur un peu averti pouvait pressentir depuis des années : les chiffres et les arguments du Seco (Secrétariat d'Etat à l'Economie) ne sont rien d'autre que propagande gouvernementale. Tous les gouvernements du monde manipulent, dans leurs communiqués. Celui de la Suisse n'échappe pas à la règle. Cela se passe exactement de la même manière dans les cantons, Genève par exemple, lors des communiqués mensuels sur le chômage.

     

    Ce rapport de la commission de gestion, tombé à J-2, à qui profitera-t-il ? Pour les élections de demain, à personne ! La plupart des gens, hier, avaient voté par correspondance, et le sujet est bien trop complexe pour influencer les votes à 48 heures du scrutin. Les socialistes et l'UDC, putatifs bénéficiaires de cette nouvelle, n'en tireront pas profit. Le PLR et le PDC, partis des deux ministres égratignés, n'en seront pas prétérités.

     

    Reste l'essentiel : dans de nombreux domaines, la législature qui s'annonce pourrait bien être celle, non de l'isolement, mais bel et bien d'indispensables corrections protectionnistes aux mécanismes ultra-libéraux. Cela concerne l'agriculture (domaine, de toute façon, protégé depuis la guerre). Mais aussi la préférence aux résidents pour l'emploi, et surtout pour la réinsertion. Mais encore, une protection accrue pour les zones frontalières.

     

    Quant aux bilatérales, aujourd'hui objet de discorde entre les deux grandes composantes des droites suisses (UDC d'un côté, PLR-PDC de l'autre), il y a fort à parier qu'elle pourraient, dans les années qui viennent, faire l'objet d'un rapprochement entre les adversaires d'aujourd'hui. Leur application pure et dure, plus personne n'en veut. En corriger certains effets, en tenant compte de la fragilité de notre petit pays, sera l'enjeu de demain. Reste à savoir comment. Ce sera l'un des questions-clefs de la législature 2011-2015. Autour d'une majorité politique qui sera définie demain par le peuple suisse, où certains se renforceront, d'autres s'affaibliront. L'idée qu'on puisse davantage définir la politique suisse sur les gagnants que sur les perdants ne me semble pas, en démocratie, la plus déraisonnable.

     

    Pascal Décaillet