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Sur le vif - Page 990

  • Glôzu-Salerno : la rencontre

     

    Sur le vif - Et dans l'éther - Vendredi 12.08.11 - 10.28h

     

    Dans une interview accordée à mon confrère Marc Moulin, pour la Tribune de Genève, le Père Glôzu affirme n'avoir jamais rencontré Sandrine Salerno. De sa vie !

     

    Diable.

     

    Dans un périmètre aussi confiné que celui de la Vieille Ville, cette affirmation étonne. Ou même, hallucine. Après nous être profondément penchés sur la question, nous sommes en mesure, ce matin, d'élaborer les hypothèses suivantes :

     

     

    Hypothèse A

     

    Sandrine Salerno ne va jamais au bistrot. Ce qui, dans une perspective anthropologique post-chavannienne, surprend.

     

     

    Hypothèse B

     

    Atteint, au plus profond de sa cornée, de salernite aiguë (affection ophtalmologique reconnue par la Faculté, suite à plusieurs consultations d'employés du propre Département de la Régente), le Père Glôzu ne parvient hélas pas, physiquement, à voir la politicienne. Ce phénomène de déni n'est certes pas courant, mais a affecté plusieurs généraux en disgrâce de l'armée soviétique, entre 1917 et 1989. Une thérapie ad hoc en maison psychiatrique leur a permis de recouvrer la Vision.

     

     

    Hypothèse C

     

    Sandrine Salerno va parfois au bistrot. Mais elle exige des cartes ou menus épicènes, ascèse à laquelle le Père Glôzu - et il plaide coupable sur ce point - ne s'est pas encore astreint.

     

     

    Hypothèse D


    Le Père Glôzu, dans son infinie distraction, confond Sandrine Salerno avec la Maire démocrate-chrétienne de Syracuse. Une femme qu'il cherche à rencontrer depuis des décennies, mais qui refuse les avances du restaurateur, son mari, important responsable de l'organisation locale « Les Amis de Don Corleone », non gouvernementale mais très ancrée, étant férocement jaloux.

     

     

    Hypothèse E

     

    Sandrine Salerno a peur des rats. Comme ils sont une centaine, en permanence, c'est bien connu, à infester l'antre du Père Glôzu, la magistrate préfère s'abstenir de tout passage dans cet estaminet.

     

     

    Hypothèse F

     

    Le Père Glôzu et Sandrine Salerno se sont bel et bien rencontrés, en présence de Marc Moulin, qui couvre le secret de l'événement. Il s'agissait d'une histoire de chaufferettes, destinée à nuire à un rival de la socialiste, au sein de l'exécutif genevois. Un dysfonctionnement du dispositif ayant dégagé un gaz amnésique (proche du traitement Z+ de notre hypothèse B, en Russie soviétique), plus personne ne se souvient de cette rencontre. Sauf le journaliste, qui portait un masque à gaz, mais demeure indéfectiblement lié à son serment de discrétion.

     

     

    Je vous laisse cocher et distribuer le formulaire. Les résultats du vote seront proclamés d'ici la Sainte Sandrine.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Tito le visionnaire

     

    Sur le vif - Mercredi 10.08.11 - 08.22h

     

    Décrocher une interview de l'homme d'affaires tessinois Tito Tettamanti, une légende de l'économie suisse qui fut conseiller d'Etat il y a plus de 50 ans, n'est pas chose facile. Mon confrère Romain Clivaz, de la Tribune de Genève et 24 Heures, a réussi ! Il en résulte une page passionnante, tellement atypique dans le champ des idées en Suisse, une vision qui n'épargne personne, et où le plus conservateur n'est pas celui qu'on croit. Je vous laisse découvrir cet entretien dans les journaux concernés, ne vous en cite qu'un extrait :

     

    « Les partis traditionnels n'ont pas compris l'évolution. L'ouverture des frontières soulève des questions économiques, de concurrence sur le marché du travail, et identitaires, avec l'intégration des migrants. Les libéraux-radicaux majoritaires ont continué à gérer l'Etat comme avant. Les socialistes ont oublié leurs racines, devenant les défenseurs de la classe moyenne à l'abri: fonctionnaires, enseignants ou encore employés des hôpitaux. Et le PDC a renié ses racines conservatrices. »

     

    Dans ce passage, il s'agit du Tessin. Et de la montée (totalement impressionnante) de la Lega. Mais les mêmes propos ne pourraient-ils pas s'appliquer à Genève ? À pas mal de nos régions frontalières ? À l'ensemble de la Suisse ? J'entends déjà certaines bases rédactionnelles hurler au diable suite à cette interview. Et rien que la stridence de cette perspective me fait déborder de plaisir et de délectation. Allez vite lire, ça vaut le coup.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

    *** PS Je n'ai pas entendu la revue de presse RSR, ce matin entre 0730h et 0800h, faire état de cette interview. Mais peut-être ai-je mal écouté. Ou me suis-je endormi en écoutant la bonne parole de M. Jean-Christophe Schwaab,

     

  • La montagne

     

    Mardi 09.08.11 - 22.09h

     

    J'ai toujours aimé la montagne, passionnément. Elle me rappelle la mort. Ou la naissance. Mais je crois que c'est la même chose. Oh, je ne parle plus des glaciers, que j'ai connus avec mon père, mon oncle, guide, mais qui aujourd'hui m'angoissent, à cause de leur bruit. Ni des arêtes stridentes, au lever du jour. Ni même des innombrables nuits en cabane. Magie de Chanrion, le guide qui déboule dans la chambrée à deux heures du matin : « Pour la Ruinette, debout ! », et le charivari des types qui s'équipent en maugréant, dehors déjà le bruit des crampons, et la colonne qui dans le bleu de la nuit, s'éloigne.

     

    Non, tout cela est trop loin, me fait trop peur. Comme s'éloigne aussi l'incroyable expédition d'Orny, Trient, les Aiguilles du Tour, j'avais huit ans, deuxième de cordée derrière Raoul : arrivés au sommet, c'était la mer à nos pieds, et la ville et la campagne, et la France et les Italies et la Suisse, et tout cela, comme dans la Bible, était à nous. Revenir à l'enfance, c'est côtoyer la mort. Laissons.

     

    La montagne me fait peur, et c'est pourquoi je l'aime. Enfance, compétitions de ski, slaloms, descentes, jambes cassées, plâtre. Debout pour la première benne : 9 heures du matin. Et la glace, et les bosses, et la poudreuse, tout cela me semble si lointain. Ne demeure, ce soir, que les souvenirs de mes idoles : Killy, Russi, Collombin. J'allais les voir, sur place, toujours avec mon père. Ils étaient des dieux. Jamais je ne les renierai.

     

    La cinquantaine passée, j'ai revu l'altitude de mes ambitions. Les lattes, à la cave du chalet, depuis longtemps, mais gare à celui qui me défierait de les reprendre. Et les étés, l'ivresse de toute pente. Surtout cette quinzaine d'août, accomplie et déjà mortelle, attente de l'Assomption, sommet de l'année terrestre, mais déjà si proche du terme, du désespoir, du néant. La montagne m'angoisse, Plus elle est belle, plus la mort est là, avec son sourire si accueillant de Madone.

     

    Cette année, j'ai passionnément côtoyé les bisses. En souvenir de mes parents. Parce que j'aime l'eau vive, celle qui surgit et se rit de la plaine. En toute source, il y a une Camargue, avec ses oiseaux de feu dans le Rhône couchant. Allons, allons avers la mort. Elle nous attend. Avec son délicieux sourire.

     

    Pascal Décaillet