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Sur le vif - Page 1108

  • François Longchamp et ses Bulletins de la Grande Armée

     

    Il n’est pas question ici de mettre en doute la bonne volonté de François Longchamp dans sa lutte contre le chômage à Genève. Ni non plus, encore qu’il convienne d’en discuter, la pertinence de ses choix politiques. Mais il y a un problème avec les chiffres. La manière de les présenter. L’impossibilité de reconnaître, en le disant clairement, avant toute chose, que Genève est lanterne rouge nationale.

    Alors, on prend le réel, et on lui tord un peu le cou : on inonde les communiqués – et chaque prise de parole officielle, dûment instillée à tout locuteur agréé, notamment les chefs de service – du fait que « le chômage progresse moins à Genève qu’en moyenne suisse ». C’est sans doute vrai. Mais reste que le chiffre absolu, celui qu’on retiendra au final, ce sont les 7,4% (selon Anne Emery-Torracinta ; 6,6% selon François Longchamp, nous ne trancherons pas dans ce différend) de lanterne rouge nationale.

    Alors, déni ou simple enjolivement ? Perfectionnisme de trop bon élève qu’insupporte, comme un miasme, l’idée même de mauvais résultat ? Difficile de ne pas voir, dans ce rapport aux chiffres, le savant travail de corsetage du discours par le président du Conseil d’Etat genevois et sa très efficace Garde noire. Bonaparte, c’est vrai, avait lui aussi, dès la campagne d’Italie, les célèbres « Bulletins de la Grande Armée », où nul rappel de propagande n’était laissé au hasard. Mais lui, au moins, jour après jour, remportait des victoires.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Thônex : victoire libérale et leçons d’un scrutin

     

    Sur le vif - Dimanche 21.03.10 - 14.26h

     

    Le monde politique genevois attendait avec intérêt, ce week-end, le résultat de l’élection complémentaire à l’exécutif de Thônex, suite à l’arrivée d’Isabel Rochat au Conseil d’Etat. C’est, comme il fallait s’y attendre, la victoire du dauphin de l’ancienne maire de Thônex, le libéral Pascal Uehlinger : 1342 voix (41,9%). Puis, le candidat de gauche, Alain Dupraz : 1122 voix (35%). Enfin Jean Villette, poulain du MCG : 689 voix (21,5%).

     

    Election hyper-locale, certes, qui rend vaine toute extrapolation sur les municipales qui auront lieu dans tout le canton au printemps 2011. On notera tout de même que ni la droite classique, ni la gauche ne peuvent seules obtenir de majorité. L’effet Villette n’aura certes pas eu la même force d’entraînement que l’effet Cerutti à Vernier, mais avec plus d’un électeur sur cinq, le MCG se confirme, à Thônex comme ailleurs, comme l’arbitre dans les communes genevoises. Ainsi, dans l’hypothèse d’une alliance gauche-MCG, la droite était clairement tenue en échec.

     

    A Thônex comme ailleurs, l’émergence de cette nouvelle force politique, dans le canton, devra être prise au sérieux autant à droite qu’à gauche. Les regarder de haut en les traitant de populistes ne servira pas à grand-chose. Il faudra composer, tout en gardant en tête la finalité suprême. Cela porte un nom : cela s’appelle la politique.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • Longet est mort ! – Vive Longet !

     

    Sur le vif - Samedi 20.03.10 - 18.32h (début exact du printemps)

     

    Il a perdu les élections, il pourra donc continuer à régner. René Longet, 59 ans le 12 avril prochain, repart pour un second mandat à la tête du parti socialiste genevois. Fort bien réélu (164 voix contre 76, tout de même, à son étonnant challenger Alberto Velasco), Longet devra mener la bataille des municipales (avril 2011) et celle des élections fédérales (octobre 2011). Il devra, surtout, restituer fougue et cohérence à un parti groggy suite aux élections cantonales de l’automne dernier : 15 députés seulement (le MCG en a 17), et surtout la perte historique de l’un de ses deux sièges au Conseil d’Etat. Vaste programme !

     

    René Longet, à coup sûr, est un homme de valeur, intelligent et cultivé, vieux militant, très rusé, tout au plus a-t-il quelque peine à finir une phrase sans s’emberlificoter dans d’incroyables enchevêtrements de principales, d’incises et de subordonnées. Il est aussi, c’est vrai, un homme de terrain, ce que ne sont de loin pas de nombreux caciques de son parti, s’étant depuis bientôt deux décennies partagé postes et prébendes, jetons de présence, places au soleil, préférant la saveur de l’esturgeon à celle du cassoulet. Bref, le problème numéro un du parti socialiste genevois, ça n’est pas René Longet, c’est sans doute le parti lui-même.

     

    Le retour au terrain, au militantisme, aux fondamentaux du parti, tout cela est aujourd’hui majoritairement acquis dans les consciences. Reste la fougue. L’énergie. Sans un minimum d’ivresse dionysiaque, l’aventure politique sombre très vite dans un océan grisâtre où la gestion du quotidien le dispute à l’ennui. Or, le parti qui, depuis deux ou trois ans, incarne ce renouveau populaire, ça n’est pas le PS, mais le MCG. Voyou, peut-être, gouailleur, mauvais garçon, blouson noir, mais entraînant. C’est cette dynamique-là que Longet 2 devra tenter d’enrayer : il a du pain sur la planche.

     

    Un mot, enfin, sur Alberto Velasco. Un homme d’une chaleur et d’une fibre militante rares. Brouillon, imprévisible, il dilue l’entendement, oui, mais à travers la poétique opacité de son sabir, jaillissent des étincelles de sincérité et de lumière. Dans ce combat, il est parti seul, les barons (qui ont sans doute permis par annulation de leurs pouvoirs l’élection de René Longet) le lui ont fait sentir, multipliant les pressions pour qu’il retire sa candidature. Il l’a maintenue, il est allé jusqu’au bout, il décroche un magnifique tiers dont il faudra tenir compte. Allez, disons, au royaume des clercs et celui des barons, le Tiers-Etat.

     

    Pascal Décaillet