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Sur le vif - Page 1105

  • Eric Leyvraz quitte la présidence de l’UDC genevoise

     

    Sur le vif - Dimanche 02.05.10  13.30h

    À un an des élections municipales, le président de l’UDC genevoise, l’homme au légendaire nœud papillon, le très populaire Eric Leyvraz, jette l’éponge. "Je pars de la présidence de l'UDC pour le cimetière de Peissy, je garde encore une faible marge", vient de nous déclarer, avec l'humour et la courtoisie qui sont les siennes, ce gentleman de la politique genevoise. Les raisons exactes de ce départ doivent encore être établies, mais tout le monde connaît la situation très difficile dans laquelle patauge et crapahute la section genevoise du premier parti de Suisse. Revers aux élections cantonales, bisbilles internes, appétit du MCG qui veut les manger tout crus. Toutes choses ayant conduit le chef suprême, Christoph Blocher, à venir à Genève, il y a quelques semaines, pour une remontée de bretelles faisant passer le général Massu, en comparaison, pour un animateur de macramé en sandales, sur les hauteurs du Larzac.

    Ce climat de chienlit s’accompagne, depuis plusieurs semaines, de nombreux départs : le très littéraire Soli Pardo, elliptique comme un croissant lunaire, qu’on imagine mieux à la reconquête de Fiume que dans la gestion quotidienne, a quitté la présidence, justement pour laisser la place au conciliant vigneron de Satigny ; le fidèle Eric Bertinat, qui assumait avec vigilance le secrétariat général depuis le paléolithique inférieur, s’en va aussi. Et maintenant, le nouveau président lui-même, qu’on donnait à Noël comme le seul sauveur possible. Cela commence à faire beaucoup.

    En attendant, tapi dans l’ombre, le très gourmand Eric Stauffer affûte ses appétits et se pourlèche les babines. Reste à savoir, au final, s’il lui restera beaucoup à se mettre sous la dent, la proie donnant plutôt l’impression de se désintégrer toute seule, ce qui est une version classique du suicide politique, autre thème si cher à D’Annunzio, le grand prophète du déclin, sur les bords sublimes du lac de Garde.

    Pascal Décaillet

  • Ah, la flotte ! Il nous restera la flotte !

     

    Rethondes, Compiègne, Bazaine, quel mot faut-il encore pour qualifier l’attitude du Conseil fédéral, depuis dix-huit mois, en matière de secret bancaire, de bonus, de rémunérations ? Sous la pression de l’opinion publique et – plus bizarrement – sous celle du parti socialiste suisse, qui n’est pourtant pas la formation électoralement la plus impressionnante du pays, le gouvernement suisse va de capitulation en capitulation. Pour le moment, c’est encore la rase campagne. A quand la demande d’armistice ? Et pour sauver quoi ? Notre flotte ? La CGN ?

     

    Incompréhension, oui. Voilà un gouvernement de droite (cinq ministres sur sept), appuyé par une très confortable majorité de droite portée au Parlement par le peuple souverain, en octobre 2007. Elections où le parti socialiste a reflué, passant à la baisse la barre des 20%, et où les Verts n’ont finalement pas cassé la baraque comme on aurait pu le croire : un peu moins de 10% du corps électoral. Si on y ajoute quelques divers gauches, chrétiens-sociaux, traîtres ou traîtrillons, et deux ou trois torturés de l’âme en quête extatique du Centre absolu, on arrive à une majorité de droite de deux tiers, dans la Suisse fédérale de 2007-2011. C’est, à l’exception du récent vote en Hongrie, sans comparaison sur notre continent.

     

    Malgré cela, dans les affaires citées plus haut, le Conseil fédéral semble agir comme si Christian Levrat lui tenait un pistolet sur la tempe. Levrat, excellent politicien, maquignon, donc jamais content lorsqu’il fait son marché, histoire de laisser les enchères monter. Hier encore, suite à la décision sur les rémunérations fiscalisées à partir de deux millions, le président du PSS affichait encore la moue. Etrange législature, non, où les perdants semblent terroriser les gagnants, et où les représentants de ces derniers semblent avoir oublié le mandat qui est le leur. A ce jeu de concessions perpétuelles, non seulement la droite suisse ne gagnera aucun électeur à gauche, mais en plus elle en perdra beaucoup chez elle. Et nombre de déçus d’un radical-libéralisme complètement désorienté ne manqueront pas de se tourner vers une offre politique plus claire et plus conforme à leurs aspirations : l’UDC.

     

    Voilà comment on perd des combats. Voilà comment on perd une législature. Voilà comment on perd une guerre. Heureusement, il nous restera la flotte. La CGN. Pour mieux nous laisser dériver dans l’insouciance d’un printemps.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Uli et les chers camarades

     

     

    On aime ou non Uli Windisch, on apprécie ou non ses idées, ça n’est pas ici la question.

     

    La question, c’est la chasse aux sorcières dont fut victime cet homme, l’an dernier, de la part de certaines personnalités socialistes bien précises, au premier plan desquelles Christian Levrat, pour avoir publié dans le Nouvelliste, le 14 mai 2009, une chronique intitulée : « Notre ennemi : le socialisme de la démagogie et des bas instincts ». Chronique certes assassine, j’ai déjà écrit que je n’aurais pas utilisé ces mots-là, mais enfin chronique, expression libre d’une idée, dans le champ éditorial de Suisse romande, avec l’indépendance que donne le statut de chroniqueur externe dans les colonnes d’un journal.

     

    J’ai lu dimanche après-midi, d’une traite, le livre*** que vient de consacrer, juste un an après les faits, le principal intéressé à sa propre affaire. Le constat, textes et documents à l’appui, est encore plus dévastateur que le sentiment qui était mien au moment des faits, où j’avais plusieurs fois pris la plume pour défendre Uli Windisch : au plus haut niveau du parti socialiste suisse, on a voulu sa peau. On a ourdi, tramé, écrit des lettres derrière son dos, mis la pression, demandé sa tête.

     

    Et on a bien failli l’obtenir ! Sans la mobilisation de quelques-uns, parmi lesquels Philippe Barraud et Vincent Pellegrini, tout était prêt pour que fût offerte aux caciques du PSS, sur plateau d’argent, la tête de l’odieux importun. Ici, c’est un journaliste de la RSR (livre de Windisch, page 12) qui, aussitôt après parution du texte dans le Nouvelliste, « téléphone à l’Université pour lui demander ce qu’elle pense de la chronique, et, le cas échéant, quelles sanctions elle compte prendre à l’encontre d’Uli Windisch ». Là, c’est Christian Levrat, président du parti socialiste suisse, qui prend la plume pour demander la tête de Windisch. Ailleurs encore, c’est un député socialiste genevois qui saisit le Grand Conseil. Sans compter Stéphane Rossini, no 2 du PSS.

     

    Climat typique de chasse aux sorcières, oui. Que recrée parfaitement le livre, en produisant simplement, dans l’ordre chronologique, tous ces différents documents. Il en ressort un goût amer de délation, de petitesse, d’acharnement. Contre qui ? Contre un homme, simplement, qui avait émis une opinion. Nul, chez les chers camarades, ne sort grandi de ce climat d’épuration. A commencer par Christian Levrat, dont on découvre, ma foi, une facette bien peu libérale, bien peu tolérante, plus proche de Fouquier-Tinville que de Jaurès.

     

    Et encore, quand vous aurez lu certains articles de Jaurès dans la Dépêche du Midi, au moment de la montée de l’antisémitisme à Alger, dans les années 1880-1890, nous reprendrons amicalement le sujet.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** "L'affaire UW", par Uli Windisch, Editions L'Âge d'Homme, avril 2010.