Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 1098

  • Rime, excellente candidature

    Jean-Fran%C3%A7ois_Rime.jpg

     

    Sur le vif - Et en sciant la langue de bois - Mercredi 01.09.10 - 11.48h

     

    Bon. On oublie un moment l’étiquette de parti. Et l’obédience arithmétique exigeant qu’un radical soit remplacé par un autre radical. On regarde seulement l’homme. Sa valeur intrinsèque. Sa compétence. Son expérience. L’étendue de ses réseaux. On oublie aussi, un peu, la clef de répartition Romands/Alémaniques. On se dit qu’on a affaire au canton de Fribourg, bilingue, à cheval sur les deux cultures. On se signe en hommage à Urs Schwaller, qui en a su quelque chose. On brasse tout ça. Et on tombe sur Jean-François Rime.

     

    Rime, ténor du parlement. Ancien radical, étiquette sous laquelle il a siégé, naguère, au Conseil général de Bulle. Parti dont il a conservé les formes, un rapport au verbe, une rotondité de notable qui contraste avec une certaine tendance gueularde de l’UDC. Rime, clair et inflexible dans la prise de parole, lorsqu’il condamne les concessions du Conseil fédéral à nos voisins français ou allemands, ou à la machinerie européenne, en matière fiscale. Rime, chef d’entreprise, un réseau exceptionnel dans le monde de l’économie. Un homme avec qui on peut discuter, mais qui ne s’en laisse pas conter. Tout cela, mis bout à bout, s’appelle une excellente candidature dans la course au Conseil fédéral. Que lui ou Karin Keller-Sutter passe, le 22 septembre, et la Suisse sera assurée d’avoir une compétence au sein de son gouvernement.

     

    Ne vous énervez pas : j’ai dit « On oublie l’étiquette de parti ». J’ai dit : « On oublie l’ethnie ». On regarde juste la vertu, « virtus », le mérite. On devrait le faire pour Rime. On devrait le faire pour tous. L’humanisme de la qualité, à la place de l’impuissance impersonnelle et du patchwork.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Là, Rappaz, ça suffit !

     

    Sur le vif - Et avec treize étoiles de fureur - Lundi 30.08.10 - 11.06h

     

    A peine de retour en prison, Bernard Rappaz recommence une grève de la faim. La grève de trop. Cette fois, ça suffit. Si Rappaz veut en finir avec la vie, eh bien qu’il en finisse. Il y a un Etat, qui s’appelle l’Etat du Valais, qui est un Etat de droit, avec des lois, démocratiquement votées pas ses élus ou même directement par ses citoyens. Bernard Rappaz n’est pas Antigone, Madame Waeber-Kalbermatten n’est pas Créon. La plaisanterie a assez duré : la démocratie valaisanne ne peut plus, ne doit plus céder face à la provocation.

     

    Pascal Décaillet

     

  • À Changins, nos diplomates !

     

    Sur le vif - Et avec une pointe d'acidité sur la langue - Dimanche 29.08.10 - 09.11h

     

    Le Faustino V n’est de loin pas un mauvais vin, encore qu’il pâtisse souvent, comme nombre de Riojas d’exportation, d’un excès vanillé de séjour en barrique, que le consommateur certes adore, mais qui masque à la fois les vertus et les vices d’un nectar.

     

    À l’ambassade suisse d’Helsinki, Christophe Darbellay s’est vu servir du Faustino V. Alors, il a vu rouge. Surtout que la petite plaisanterie finno-ibérique n’est que la goutte qui fait déborder la cuve : on sert souvent des vins étrangers dans nos missions officielles (qui sont les cartes de visite de la Suisse), et, nous apprend un papier de mon excellent confrère Titus Plattner dans le Matin dimanche d’aujourd’hui, le Pavillon suisse de Shanghai sert des crus italiens et espagnols ! Alors, le 13 septembre prochain, à la rentrée parlementaire, Darbellay déposera une motion obligeant tout ce petit monde en smoking – ainsi que les organisations subventionnées par la Confédération – à servir du vin suisse. À coup sûr, il devrait rallier facilement une majorité.

     

    Le plus fou, c’est que nos snobinards de cocktails n’y ont pas songé eux-mêmes. Envoyés aux quatre coins du monde comme images de la Suisse, ils n’ont juste pas pensé à cette charnelle, cette mystique incarnation de la terre qui s’appelle le vin. Nous en avons certains d’exceptionnels. Mais eux, quelle image ont-ils du pays ? Un système ? Une construction intellectuelle ? Et la Suisse tellurique, celle de l’argile et du terroir, ils ignorent ? Une Petite Arvine de vendanges tardives pourrait pourtant, au point le plus tangent de certaines négociations, défendre mieux les intérêts supérieurs du pays que bien des discours.

     

    Alors, après la motion Darbellay, on pourrait imaginer une motion 2 : inclure, dans le programme de formation des futurs diplomates, quinze jours sur les vins suisses. Visites, dégustations, rencontres avec les vignerons, identification des cépages. Et une semaine à la Station fédérale de Changins. Histoire d’apprendre qu’un pays, ça n’est pas seulement des lois et des traités, mais aussi la sensualité d’une terre. Le pays profond, oui, qui n’appartient pas seulement à celui qui le possède, mais à tous ceux qui l’aiment.

     

    Pascal Décaillet