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Sur le vif - Page 1019

  • Couchepin-Nantermod : le sage et le pur-sang

     

    Sur le vif - Mardi 26.07.11 - 19.01h

     

    Entre radicaux valaisans, on s'entraide. Très clairement, tout à l'heure, dans sa chronique sur la RSR, en dialogue avec Philippe Revaz, l'ancien conseiller fédéral a soutenu la croisade du surdoué de Morgins (devenue celle du PLR, mais avec résistances internes) contre le prix unique du livre. Couchepin, qui est pourtant un grand lecteur et qu'on ne soupçonnera pas de poujadisme culturel, voit, dans la forme « d'exception » que constituerait un tel prix unique en système libéral, une peur de la concurrence, mauvaise conseillère. Je crois pour ma part qu'il a raison.

     

    Au-delà de cette querelle, certes difficile à trancher, et où on trouve des deux côtés de bons arguments, on notera le petit coup de pouce, en pleine période électorale, à l'un des jeunes espoirs les plus énergiques, les plus déterminés, du PLR en Valais. Philippe Nantermod est né dans la marmite. La politique, c'est sa vie. Il a du courage, du verbe, des arguments, et surtout une formidable envie d'en découdre. Jamais il n'insulte. Avec les mots, il se bat. Un pur-sang dont on espère vivement voir très vite (pourquoi pas en cours de législature, voire... dès le début !) bénéficier le Conseil national.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Oslo : les petits ayatollahs de la petite Suisse

     

    Sur le vif - Lundi 25.07.11 - 19.30h

     

    Je l'ai dit dans mon texte précédent, la Suisse est multiculturelle, c'est dans sa nature, son Histoire, je plaide pour qu'elle le demeure. Mais sur un point, il faut être parfaitement clair : demander de contrôler l'immigration, comme le fait aujourd'hui l'UDC avec sa nouvelle initiative, relève du débat démocratique. Je ne voterai certainement pas cette initiative, comme j'ai rejeté celle sur les minarets, mais il n'y a strictement rien à dire, faute à s'ériger en ayatollahs de la censure, à ce que ce thème émerge dans l'espace public. Si le texte obtient les signatures, nous aurons un grand débat national sur le sujet, il y aura des pour, il y aura des contre, et un beau dimanche, le peuple et les cantons trancheront. Cela s'appelle la démocratie.

     

    En République, il n'y a pas de dogme. Il y a des choix souverains des différentes communautés humaines, Etats, cantons, Länder, qui se donnent des règles, les modifient d'ailleurs au cours de l'Histoire. Je dis : « L'apport des étrangers a été, en tout cas depuis 1848, une chance historique pour la Suisse », ce que d'ailleurs n'importe quel observateur de notre Histoire économique, mais aussi intellectuelle, culturelle, peut constater. C'est mon opinion, mais ça n'est pas un dogme. Si, en votation populaire, une majorité légitime du corps électoral en juge autrement, il faudra bien l'accepter. Le multiculturalisme n'a pas à être asséné comme une obligation incontournable. Ses partisans doivent démontrer - et ils auront pour cela de réels arguments, et je les soutiendrai - en quoi l'apport migratoire a été un enrichissement.

     

    Cette volonté de s'inscrire dans un échange dialectique, le moins qu'on puisse dire est qu'on ne la perçoit guère, depuis l'attentat d'Oslo, de la part de véritables Fouquier Tinvile de gauche, n'ayant comme obsession que de créer le plus immédiat rapprochement possible entre l'acte du tueur norvégien et les thèses d'un parti suisse qui s'appelle l'UDC. Le discours de ce parti serait l'irrémédiable prémisse conduisant, tout au bout, à l'acte du tueur norvégien. Ben voyons ! Elle est pas simple, la vie ?

     

    A cela s'ajoute l'obsessionnelle posture du service dit « public » à thématiser ce rapprochement. Hier, 18h, on invite Oskar Freysinger dans la jouissive perspective de le confondre. Ce soir, même heure, on veut absolument faire admettre à Guy Parmelin que la concomitance entre le dépôt de l'initiative de son parti et la tragédie d'Oslo générerait un « malaise ». On multiplie les « experts », d'autant plus diserts qu'il n'ont pas grand chose, voire franchement rien, à dire. On a peur du vide. On remplit comme on peut.

     

    Hallucinante est, depuis quelques heures, l'intolérance de ces milieux d'une certaine gauche, à vrai dire fort radicale, les premiers à se poser en missionnaires de la Leçon. Ils ont tort. Le public est plus sage qu'on ne croit, sait très bien déceler des tentatives de récupération plus grosses que des câbles de téléphérique. L'immense majorité du peuple suisse est révulsée par l'acte d'Oslo, et aussi par le discours de haine de son auteur. Une majorité, aussi, saura se prémunir de ces ayatollahs, ces maîtres de la censure, ceux qui veulent faire taire, profiter de l'aubaine pour affaiblir un adversaire qu'ils ont toujours haï. Leur tentative de récupération est tellement visible, leur inaptitude au débat démocratique, tellement criante. Ils n'ont, ces gens-là, aucune leçon de démocratie à donner au peuple suisse.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Oslo-Nanterre: la vie contre la mort

     

    Lundi 25.07.11 - 11.54h

     

    La Norvège est en deuil, nous sommes tous en pensée avec elle. L'attentat d'Oslo est inqualifiable, les motivations de son auteur, aussi. À partir de là, que dire de plus, qui soit sensé, éclairant sur cette horreur, ne relève pas du remplissage, ni du traditionnel cortège « d'experts », l'un sur l'extrême droite en Europe, l'autre sur les néo-nazis en Scandinavie, un troisième sur le « fondamentalisme chrétien » ?

     

    Cette volonté de remplir, tout de suite étiqueter, révèle notre ignorance. En quoi les métastases fantasmatiques d'un Norvégien isolé doivent-elles nous interroger sur autre chose que sa propre folie ? Le malheur fait partie de l'Histoire humaine, le tragique aussi. Jamais nous ne pourrons les éradiquer.

     

    Je me suis trouvé, le soir même de la tuerie de Nanterre (27 mars 2002), dans la chambre mortuaire. Il y avait là des conseillers municipaux, des élus du peuple, assassinés, en pleine séance, par un forcené. Le peuple de Nanterre, en masse, était venu leur rendre hommage, bouleversé, mais fier d'appartenir à cette commune, plus décidé que jamais (comme les Norvégiens, aujourd'hui), à continuer de vivre son destin commun. La folie des assassins est terrible, mais en aucun cas nous ne devons sous-estimer la puissante volonté des survivants de ne pas se laisser impressionner.

     

    La Suisse, comme la Norvège, est multiculturelle. Elle a choisi de l'être, en tout cas depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Elle a, assurément, fait le bon choix : les strates d'étrangers, au fil des décennies, ont construit ce pays avec nous, elles se sont intégrées. La Suisse, en aucun cas, ne saurait se référer à une race pure, un noyau dur qui aurait résisté aux métissages. Sa pluralité est dans sa nature. Cela est valable pour les langues, pour les religions, pour la liberté de culte, le respect de ceux qui croient, ou d'ailleurs ne croient pas.

     

    Il y a très longtemps, avec ma famille, je suis allé en Norvège, jusqu'au Cap Nord. Voyage féerique, soleil de minuit, nous nous disions que ce pays modeste et tranquille ressemblait au nôtre. Cette similitude, aujourd'hui, me semble dépasser très largement celle des paysages : il s'agit d'une démocratie meurtrie dans sa chair. Elle n'a pas, sous prétexte de la folie d'un homme, à rougir de ce qu'elle est, ni surtout de s'être ouvert aux autres peuples du monde. Pas plus que les survivants de Nanterre, arpentant la chambre mortuaire au soir du 27 septembre 2002, à deux pas du Théâtre des Amandiers, où Chéreau mille fois réinventa la vie, n'avaient à rougir d'être ce qu'ils étaient : une communauté humaine désireuse, simplement, de vivre ensemble.

     

    Pascal Décaillet