Sur le vif - Lundi 12.06.23 - 09.45
Je l'ai dit, je le répète : l'ambiance de campagne autour de la loi sur le climat est insupportable. Et ce sont les partisans du texte qui en sont responsables.
Il ne nous invitent pas à un débat démocratique, même vif et sans concessions, comme il doit l'être. Non, ils nous imposent la férule d'un dogme. Sous prétexte de "sauver la planète", les Suisses devraient accepter à 100% un train de mesures dispendieux, et dont l'utilité réelle reste à prouver.
"Sauver la planète" : comme si les opposants ambitionnaient de la détruire ! Il y aurait d'un côté les partisans du Salut, au sens où l'entendent les théologiens, et jusqu'au grand Martin Luther, et de l'autre les suppôts du suicide collectif, les anges noirs de la Damnation.
Là, désolé, nous ne sommes plus dans le débat politique, mais dans la Guerre de Religions. C'est un peu dommage. Nous avons, en Suisse, éprouvé, dans la chair de notre Histoire nationale, ces conflits ravageurs, laissant même des traces jusqu'en novembre 1847, trois siècles après la Réforme, lors du conflit du Sonderbund.
Toute l'Histoire de la Suisse moderne, depuis 1848 (celle qui me passionne le plus), c'est justement recréer l'unité, au-delà des différences. Et là, on revient avec un dogme, une diabolisation des opposants, une captation du débat démocratique par un Camp du Bien.
Dire NON à cette loi, ça n'est en aucun cas vouloir détruire la planète. C'est lutter pour un autre salut, celui de notre bien le plus cher en Suisse : la démocratie.
Pascal Décaillet