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Sur le vif - Mercredi 20.12.23 - 08.51hLes Français veulent enfin réguler sérieusement l’immigration. Il leur a fallu des décennies pour s’y résoudre. Des années perdues, à force de nier le problème.Nous les Suisses, nous avons donné, peuple et Cantons, aux autorités fédérales un mandat constitutionnel dans ce sens, le dimanche 9 février 2014. Sa mise en œuvre a été dénaturée par le Parlement. Voilà ce que les corps intermédiaires font des décisions du souverain.Maintenant, la récréation est terminée. Les frontières, on les restaure. Les contrôles, on les systématise. L’Italie, on l’aide sans état d’âme dans sa politique migratoire. L’immigration, on la choisit. Les salamalecs sur l’enrichissement culturel, on les balance aux orties.Pascal Décaillet
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Christian Grobet (1941-2023) : un homme d'Etat
Sur le vif - Lundi 18.12.23 - 14.25hChristian Grobet, qui vient de nous quitter à l'âge de 82 ans, était l'un des très rares politiques que j'ai connus à mériter le nom d'homme d'Etat. Il y avait lui, il y avait Delamuraz, il y avait Furgler, il y avait Tschudi. Pour ne prendre que la Suisse, bien sûr.J'ai fait la connaissance du député socialiste Grobet il y a 45 ans. Le Journal de Genève, pour lequel je rédigeais des piges à côté de l'Uni, m'avait envoyé couvrir un débat politique, un soir, dans un bistrot des Pâquis. Il y avait Grobet. Il m'avait impressionné par sa précision, sa ténacité, son sens du concret.Trois ans plus tard, en 1981, il accédait, pour douze ans, au Conseil d'Etat. C'est dire que pendant quatre ans, il y eut Chavanne et lui, dans la même équipe. Je n'ai jamais été socialiste, mais j'ai toujours admiré ce vieux parti de notre Histoire politique suisse, quand il combat pour la justice sociale, ce qui est tout de même son ADN. Je suis moins sensible, on le sait, à la dimension sociétale, plus récente, moins populaire à mes yeux.Au Journal de Genève, dès le milieu des années 80, on m'envoyait couvrir les projets de grands chantiers. Une "conférence de presse" de Christian Grobet, en ces années-là, c'était monter dans son bureau, quatre ou cinq journalistes, guère plus, au sixième ou septième étage de la rue David-Dufour. Grobet dépliait une carte de chantier, et nous expliquait ce qu'il comptait faire ! C'est tout. Par chance, j'avais appris, enfant, à lire une telle carte : mon père était ingénieur en génie civil, je l'ai suivi tant de fois sur les chantiers.Grobet, un homme d'Etat, pourquoi ? Il était socialiste, et diablement ancré. Mais je vous jure que, toute sa vie, il a agi au nom de l'intérêt supérieur des habitants du Canton, ou tout au moins ce qu'il se figurait tel, et non en fonction de préférences partisanes.Un homme d'Etat, pourquoi ? Jamais, de toute ma vie, je n'ai entendu cet homme parler d'autre chose que de l'objet politique même qui l'occupait, et justifiait notre rencontre, pour une interview. Il était un torturé du sujet, il traitait le thème et rien d'autre, il agissait en bâtisseur, au service de Genève.Un homme d'Etat, pourquoi ? Les années 80 étaient, à Genève, de grande puissance libérale, surtout dans les milieux immobiliers. Grobet, avec son jacobinisme volontariste, était au fond un homme très seul. Sans un caractère inflexible, celui du plus grand combattant qu'il m'ait été donné de connaître en politique, il n'aurait jamais pu s'imposer. Il fut contesté, vilipendé (notamment par ma si chère et si talentueuse consoeur Françoise Buffat, hélas elle aussi disparue), mais nul ne contestait son envergure.Christian Grobet respirait l'Etat. Il était en altitude d'Etat. Il était un homme de devoir et de rectitude, un guerrier d'un courage indépassable. Je n'ai pas connu Willy Brandt, ni Pierre Mendès France. Mais Grobet était de cette trempe-là. Puisse Genève se souvenir de lui comme l'un de ses serviteurs les plus ardents, les plus méritants.A son épouse, sa famille, ses proches, ma plus vive sympathie.Pascal Décaillet -
Verts : la fin de l'arrogance
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.12.23
A la majorité sans appel de 10 voix contre 5, la Commission de l’environnement et de l’agriculture du Grand Conseil a refusé, jeudi 7 décembre, d’entrer en matière sur la loi sur le climat, proposée par le Conseil d’Etat. La décision de la Commission est parfaitement démocratique. C’est un vote des élus du peuple, un vote du Premier pouvoir, le Grand Conseil, qui devra évidemment être avalisé par le plénum.
Ce vote, le Conseil d’Etat n’a pas à le qualifier. Il doit en prendre acte. Les pouvoirs sont séparés. Le Grand Conseil n’a strictement aucun compte à rendre au gouvernement. Il a justement pour mission de le contrôler. Dans ces conditions, le communiqué du Département, qui s’est empressé de suivre l’annonce de la décision de la Commission, vendredi 8 décembre en milieu de journée, pour la démolir, constitue un scandale. Décidément, certains de nos ministres ne sont pas encore sortis de l’autoritarisme des dernières années, favorisé par la crise du Covid.
Quant aux Verts, ils semblent ne pas avoir compris que leur empire sur les consciences allait se rétrécissant. Aux dernières élections fédérales, le 22 octobre, moins d’un Suisse sur dix a voté pour les Verts. A Genève, ils ont perdu un siège au National, et un siège aux Etats. Il va quand même falloir qu’ils se résolvent à un changement de ton. Le temps de l’arrogance Verte est terminé.
Pascal Décaillet