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  • Moratoire sur les primes : OUI, OUI et OUI !

     
    Sur le vif - Lundi 11.09.23 - 09.49h
     
     
    Assurance-maladie : à terme, il faut une nouvelle donne. Un changement radical, générationnel. Une nouvelle vision, simplifiée, claire, transparente, du système de santé en Suisse. Cela passe, j'ai toujours été très clair sur ce point, par un retour de l'Etat.
     
    Cela, c'est la vision à long terme. La réforme en profondeur qui s'impose doit d'opérer selon notre chemin démocratique, ça prend du temps. Le corps des citoyens doit reprendre le contrôle d'un domaine laissé aux mains des financiers, des spéculateurs, ceux qui nous inondent de mots-barrages depuis trois décennies, des nuages de fumée pour voiler l'essentiel.
     
    Mais nous sommes en septembre 2023. Il faut aussi agir à très court terme. Donner un signal en forme d'électrochoc pour le changement. Hier, sur le plateau du GRAND GAC, a commencé à poindre un consensus sur l'idée (déjà défendue par le surveillant des prix) d'un gel des primes. Un moratoire.
     
    Le gel, ça n'est évidemment pas une solution à long terme. Pour cette dernière, il faut un vaste débat national, voir simple, voir grand, n'avoir à l'esprit que l'intérêt supérieur du pays, celui de nos patients, nos malades, celui de ces classes moyennes littéralement prises à la gorge, de toutes parts.
     
    La gel ne résout pas le long terme, mais il siffle la fin de la récréation. Les Caisses sont devenues des monstres financiers. Leur pouvoir est démesuré. Leur lobbying à Berne, inimaginable. Leur arrogance, totalement contraire à l'esprit de notre Suisse. Il faut leur signifier le retour du politique.
     
    Car c'est cela, non plus en termes de santé, mais en termes d'Histoire suisse, le seul enjeu qui vaille : faire prévaloir l'action des citoyens, et de leurs élus, sur le désordre libéral instauré, sur le modèle anglo-saxon, dès la genèse de la LAMAL, au début des années 1990. Je le sais, je l'ai vu, j'y étais.
     
    Alors oui. Soutenons à fond l'idée d'un moratoire. Non comme solution durable. Mais comme fusée éclairante. Dans la jungle nocturne du laisser-faire aux puissants.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Il y a trente ans, je me souviens

     
    Sur le vif - Dimanche 10.09.23 - 15.02h
     
     
    J'ai couvert à Berne, au début des années 1990, l'intégralité des débats parlementaires sur la LAMAL, la loi sur l'assurance-maladie. Le sujet me passionnait, et me passionne encore : il touche la vie des gens, leur santé, leurs souffrances, l'approche du terme, les angoisses.
     
    Et puis, j'ai toujours été profondément attiré par l'Histoire de nos assurances sociales : les retraites, l'accident, la maladie. Et, pour le dire franchement, j'ai toujours été fermement partisan, dans ces domaines essentiels, de solutions d'Etat. Quand je dis "l'Etat", c'est évidemment tout, sauf la machine tentaculaire de la gauche. Mais enfin, un Etat fort, musclé, efficace, au service de tous. C'est un vieux rêve radical de 1848.
     
    Je me suis concentré dans ma mémoire, ces dernières semaines. Hier encore, en me promenant dans la nature. Et je me suis souvenu ce débat homérique sur la LAMAL, tant au National qu'aux Etats.
     
    Je me souviens des lobbyistes. Ils étaient déjà là, tous. Dans les Pas perdus. Sans doute moins nombreux qu'aujourd'hui, mais ils étaient là.
     
    Je me souviens de l'extrême complexité, déjà, des débats. C'était avant l'existence d'internet. Nous, les journalistes parlementaires, recevions tous les matins un immense dépliant avec toutes les variantes parmi lesquelles les parlementaires devaient choisir. Ils avaient, eux aussi, ce document sous les yeux.
     
    Je me souviens m'être viscéralement méfié de cette complexité. Mots-barrages, mots techniques, mots de spécialistes, "catalogue de prestations", "obligation de contracter", et tant d'autres, bien pires encore. A qui ce nuage de fumée profitait-il ? Aux puissants, pardi, ceux qui voulaient noyer l'essentiel dans un latin d'église.
     
    Je me souviens parfaitement qu'un paradoxe, déjà à l'époque, me rendait fou : le mélange entre obligation de s'assurer, donc système d'Etat, et liberté de concurrence entre des Caisses qui étaient déjà puissantes, et qui sont devenues des monstres financiers. Déjà, un vent soufflait, venu des pays anglo-saxons, celui de cet ultra-libéralisme qui allait nous perdre, en Europe. Il a soufflé trente ans. Il se calme, c'est le moment.
     
    Je me souviens de parlementaires qui voulaient tous réitérer l'exploit de 1947 (sur l'AVS) : parvenir à un compromis politique, entre forces antagonistes. Hélas, le miracle ne s'est pas produit : nous eûmes tous les inconvénients du socialisme, tous ceux du libéralisme. Situation dans laquelle, trente ans après, nous demeurons, plus que jamais.
     
    Je suis un homme de droite, mais pour les assurances sociales, dont je me fais la plus haute idée, je veux l'Etat. C'est radical, oui. C'est 1848, oui. C'est tout ce que vous voulez. Mais en aucun cas la santé des gens ne peut être laissée aux seules forces du profit.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • On vous prend tout ? Pas grave ! Economisez !

     
    Sur le vif - Dimanche 10.09.23 - 10.15h
     
     
    La baisse vertigineuse du pouvoir d’achat est, avec les primes maladie, la préoccupation no 1 des Suisses.
     
    Si la seule réponse du ministre suisse de l’Economie à cette inquiétude est que « les Cantons et les particuliers doivent économiser », alors c’est à désespérer d’avoir en Suisse un ministre de l’Economie. A-t-il seulement songé que le rôle de l’Etat était d’agir, pas de contempler le passage des trains ?
     
    À désespérer, aussi, que ce ministère soit occupé par un titulaire donnant des signaux encore plus partisans du laisser-faire libéral que le plus new-yorkais des golden boys.
     
    À désespérer, surtout, de l’appartenance de ce titulaire à un parti dont l’écrasante majorité des membres vient du peuple, des classes moyennes prises à la gorge, des PME, des petits entrepreneurs, des indépendants. Des gens patriotes, bosseurs, qui aiment leur pays, sa dignité, sa souveraineté, son indépendance. Et veulent juste vivre dignement.
     
    Il serait peut-être temps qu’en douceur, ce titulaire songe à une reconversion.
     
     
    Pascal Décaillet