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  • Les braillards du samedi : ça recommence !

     
    Sur le vif - Jeudi 28.10.21 - 16.13h
     
     
    Et une nouvelle manif, annoncée joyeusement pour ce samedi ! Une de plus ! Plus un seul week-end sans des cortèges de gauche, en plein centre-ville, histoire de bien emmerder les dizaines de milliers de familles d'honnêtes gens, dont le samedi après-midi est le seul moment de la semaine pour faire les grandes courses, en voiture.
     
    Juste pour emmerder ? Et comment ! Ils pourrissent la vie des braves gens avec leurs cortèges, tous les samedis. Et personne n'ose rien dire. Et la police, bien brave, nous envoie la carte des zones perturbées, en nous annonçant l'enfer pour les automobilistes. Comme si c'était un fait accompli, inéluctable, irréfutable. Comme s'il n'existait aucune marge de manœuvre pour l'autorité, face aux braillards.
     
    Cette situation ne peut plus durer. Il y a, à Genève, sur un demi-million d'habitants, un maximum de quinze mille personnes - toujours les mêmes - qui constituent un réservoir d'habitués pour les manifs. Ils adorent être dehors, à brailler derrière des banderoles. Il y en a donc 485'000 qui ne manifestent jamais !
     
    Ces 485'000, il faut qu'ils se fassent entendre. Pourquoi devraient-ils se laisser pourrir la vie, tous les week-ends, par une minorité hurlante ?
     
    Quant à nos autorités, quel courage ! Surtout ne pas apparaître comme des censeurs. Toujours laisser faire. Surtout ne tenir aucun compte de la colère montante du peuple, ces classes moyennes qui, toute la semaine, se lèvent le matin pour aller bosser. Et le samedi, ont absolument le droit de prendre leurs voitures pour faire leurs courses. Ils paient pour cela, à longueur d'années, les taxes et impôts nécessaires. Ils n'ont aucune leçon à recevoir des braillards du samedi.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le Guépard, c'était lui

     
    Sur le vif - Jeudi 28.10.21 - 08.00h
     
     
    Il Gattopardo. Derrière le chef d’œuvre de Visconti (1963), il y en a un autre : le livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Il faut voir mille fois le film. Il faut lire mille fois le livre.
     
    Le reportage d’Arte, hier soir, sur l’auteur du livre, m’a bouleversé. J’ai compris que le Guépard, c’était lui. Un siècle après son personnage, le Prince Salina, immortalisé par un Burt Lancaster saisissant d’intériorité, Giuseppe nous raconte sa propre vie, en palimpseste de celle du personnage.
     
    La Sicile. La fin d’un monde. Un débarquement, celui de Garibaldi. Dépossession. Continuité, par la rupture. Ce qui demeure, ce qui s’en va. La vie elle-même, qui doucement se dérobe, comme dans Thomas Mann, La Mort à Venise, encore et toujours Visconti.
     
    Dans le reportage d’Arte, Giuseppe semble, dès sa jeunesse, perdu pour la vie. Il ne sort pas de chez lui, vit au milieu de palais en ruines, passe son temps dans les livres. Il a quelque à dire, à raconter : ce sera l’austère noblesse de sa propre solitude. La nostalgie d’un monde perdu. La grandeur d’une souffrance intérieure. Ce sera Le Guépard.
     
    Le film d’Arte, hier soir, est le portrait d’un homme ordinaire, face à la mort. Les palais sont en déshérence, le vieux monde se meurt, la fragilité du décor demeure, le héros est seul face à l’immensité perdue de sa mémoire.
     
    C’est cela, le Guépard. Giuseppe Tomasi, Prince de Lampedusa, Duc de Palma, Baron de Montechiaro et de la Torretta, Grand d’Espagne de première classe, est mort en 1957, laissant dans une sacoche de cuir le manuscrit de son livre, dont aucun éditeur n’avait voulu. Quelques mois plus tard, le livre est publié, il fait le tour du monde, et quatre ans plus tard, c’est le film : Alain Delon, Claudia Cardinale, la scène du bal, et surtout l’inoubliable Burt Lancaster. Si le cinéma a été créé, c’est peut-être pour figer la fin d’un monde dans le regard et le visage de cet homme.
     
    Le film de Visconti, c’est une variation picturale sur le thème de deux visages : l’éclatante jeunesse de Delon, la maturité sublime et fragile de Lancaster. Mort à Venise aussi, deux visages : Tadzio, et Dirk Bogarde.
     
    Hier, j’ai compris que le Guépard, c’était Giuseppe. Un homme privé, aimable, discret. « Que fait-il de ses journées, il ne sort jamais ? ». Il contemplait en lui la fin d’un monde. Il vivait dans les livres. Il se préparait à écrire, sur le tard, juste avant le terme, l’ouvrage de sa vie. Il était un fauve magnifique, errant dans des décors perdus. Il était le Guépard, et c’est tout.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le tragique de l'Histoire

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.10.21

     

    Il y a une chose que l’on doit enseigner à l’école, c’est le tragique de l’Histoire. Dans notre système scolaire genevois, beaucoup trop de bons sentiments. Parce que Genève abrite les organisations internationales (dont nous sommes juste les hébergeurs), elle finit par croire elle-même – et tenter de faire croire aux élèves – que cette toile tentaculaire sert à quelque chose. Et qu’il existerait, très sérieusement, des « intérêts planétaires », au-dessus des nations.

    C’est un leurre absolu. Transmettre cette illusion aux jeunes générations, ça n’est pas leur rendre service. Il faut, au contraire, leur dire la vérité. L’Histoire est tragique. Les peuples, depuis la nuit des temps, se font la guerre. La noirceur du pouvoir est partout. Nul n’y échappe : ni femmes, ni hommes, ni jeunes, ni vieux, ni gauche, ni gentil PDC, ni droite. Et chacune de ces catégories, si elle accède au pouvoir, l’exercera exactement comme tous les autres. Avec le même risque d’abus, la même arrogance, la même morgue, celle des puissants.

    Cela, les élèves doivent le savoir. L’humain ne doit pas leur être enjolivé. Mais montré tel qu’il est : maléfique, prédateur. Tous les humains ! Il faut enseigner, plus que jamais, l’Histoire politique, et économique, non à travers le prisme de la morale, mais avec l’indispensable cynisme intellectuel qui s’impose. Celui de luttes d’intérêts féroces pour la survie. Le reste, c’est du confort anesthésié de bobos urbains. Donc, du blabla.

     

    Pascal Décaillet