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  • Les allophones ? Mais c'est à eux de faire l'effort !

     
    Sur le vif - Vendredi 10.09.21 - 15.05h
     
     
    Les allophones ? Mais c'est à eux d'aller vers notre langue ! Quand j'étudie le latin, ou le grec, ou l'allemand, je sais que cet apprentissage sera à la fois source de joie profonde et de souffrance. C'est le jeu. C'est le lot du chemin de connaissance. Unterwegs zur Sprache !
     
    La joie profonde : celle de pénétrer lentement, en douceur, sur des années d'apprentissage, la représentation du monde par des mots qui ne sont pas ceux de ma naissance. Mais ceux d'une con-naissance. Alors, pour aller vers cette autre langue, il faut naître une deuxième fois. Et refaire le chemin. Rien que la beauté de cet acte, comparable au premier contact avec la musique, justifie dix mille fois que la vie, sur terre, soit vécue.
     
    La souffrance : mais c'est celle de tout chemin vers la connaissance ! En français, la difficulté majeure provient sans doute de l'orthographe, oui. En latin, pas du tout, mais de la syntaxe, qui exige d'apprécier la construction d'une phrase avant même de tenter de la traduire. En grec, ni l'un ni l'autre, mais la prodigieuse richesse, donc la complexité, des formes verbales. En allemand, la tournure de la phrase, lorsque des génies de la perversité, comme Kafka ou Thomas Mann, vous en balancent qui font une page complète ! Alors on cherche le point, on cherche le verbe, on sue, on jouit de se perdre dans la forêt de ce qu'on aime.
     
    Les allophones ? Je les félicite et les remercie d'aller vers notre langue. Mais désolé, c'est à eux de faire l'effort. La langue, y compris dans ce qu'elle a de complexe, de biscornu, n'a pas à s'abolir pour descendre vers eux. Non, ils ont, eux, à prendre acte des aspérités, et lentement les maîtriser.
     
    Nulle rencontre d'amour, ni de beauté, ne peut procéder d'un abandon. Mais d'une conquête mutuelle, jamais acquise, toujours recommencée. L'aspirant chemine vers la forme. La forme, peut-être, si tel est son bon plaisir, se donne à lui.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les bons soldats

     

    Commentaire publié dans GHI - 08.09.21

     

    Jean Romain et le PLR ont gagné : les ministres cantonaux de l’Instruction publique de Suisse romande et du Tessin ne pourront plus imposer d’en haut leur « orthographe rectifiée ». Ce vendredi 3 septembre, en fin d’après-midi, le Grand Conseil genevois a adopté, de façon claire, la motion combattant ce projet. L’avant-veille, le Parlement jurassien acceptait, de son côté, une résolution dans ce sens. Et la fronde ne fait que commencer : une pétition d’opposition avait déjà, au 2 septembre, recueilli cinq mille signatures.

     

    A Genève, une question se pose : pourquoi diable le débat fut-il un affrontement droite-gauche ? Pourquoi la droite devrait-elle toujours se montrer conservatrice en matière de langue, et la gauche, rouler pour la réforme ? En quoi le rapport à la langue devrait-il à tout prix épouser les lignes de fracture tradition-rénovation ? La langue n’appartient pas à la droite, pas plus qu’à la gauche. Et assurément, moins les politiques s’en occuperont, mieux elle se portera !

     

    Alors quoi, la gauche a docilement roulé pour sa ministre, à Genève ? On aurait osé espérer, dans ses rangs, la dissidence d’au moins deux ou trois esprits libres, dont la hauteur d’esprit eût été capable de rompre la triste prévisibilité des fronts. Peine perdue. A gauche, on défend l’Appareil. Le débat sur la langue mérite mieux : il doit aiguiser les esprits, vivifier les âmes, surprendre. Comme le verbe, il doit s’inviter là où on ne l’attend pas. Au royaume des camarades, on s’aligne. En bons soldats.

     

    Pascal Décaillet

  • Réflexion sur les religions : la RTS abandonne ? GAC continue !

     
    Sur le vif - Mercredi 08.09.21 - 14.18h
     
     
    La RTS renonce à vous parler de religion ? Eh bien, pas GAC !
     
    L'analyse historique, philosophique, linguistique, des grands courants religieux, ceux d'aujourd'hui et ceux d'hier (l'Antiquité, par exemple), nous passionne. Plus que jamais, nous donnerons la parole à ceux qui, dans ce domaine, ont des choses à dire. Non comme propagandistes d'une quelconque foi. Mais comme connaisseurs. En toutes choses, la profondeur d'un savoir, la capacité d'établir des connexions, la puissance d'une mise en perspective historique, sont les clefs du salut. Nous ne défendons pas ici la religion, mais le SAVOIR, tout simplement. Nous sommes enfants de la connaissance, nous assumons cette filiation.
     
    Dernier exemple en date : le lumineux Pasteur Marc Pernot, un homme qui nous parle de nous, notre présent, notre destin, était avant-hier, lundi, le grand invité de GAC. Il nous parlait, en termes simples et parfaitement accessibles, des mythes bibliques. En quoi, selon lui, ces textes antiques résonnent encore puissamment dans nos âmes. Et au fond, en quoi ils nous concernent.
     
    La RTS renonce à faire son boulot dans ce domaine, qui relève de la science de l'Histoire des religions, du factuel, de l'interprétation des textes, donc de la connaissance intime de la langue, et non d'un quelconque prosélytisme. Libre à elle, chacun assume ses choix. Celui de GAC est de continuer d'accueillir des interlocuteurs, tous horizons confondus, toutes convictions mêlées, qui ont des choses à dire sur le sujet. Ouvrir le champ de la parole. C'est un peu l'idée - mais je suis profane en la matière - de ce qu'on appelle le journalisme.
     
     
    Pascal Décaillet