Sur le vif - Mardi 21.07.20 - 10.02h
Mutualiser la dette : tel est, en ce 21 juillet 2020, 63 ans après le Traité de Rome, le galvanisant objectif du projet européen. Il y a eu l'Europe du charbon et de l'acier, il y a eu l'Europe des cœurs, il y a eu (depuis trente ans) l'Europe du Marché sanctifié, voici maintenant l'Europe de la dette !
63 ans après les Pères fondateurs, voici l'Europe livrée au mensonge, au virtuel, aux croupiers. "Nous sommes tous déjà très endettés, nation par nation, mais rassurez-vous, nous allons nous endetter encore davantage. Et la nouvelle dette, bande de veinards, s'appellera Europe".
En plus de leurs impôts régionaux et nationaux, les citoyennes et citoyens des 27 auront donc, dans leur charge fiscale, à s'acquitter des intérêts (dont les taux vont très vite remonter) de la dette européenne. Parmi eux, qui ? En priorité, les classes moyennes ! Des gens honnêtes, qui bossent dur, triment toute leur vie, mais ne peuvent rien mettre de côté, parce que les tentacules des États endettés leur fauchent tout. C'est parmi ces gens-là que monte la noire colère des nations. Un jour ou l'autre, elle s'exprimera. Prochain test, grandeur nature : la France du printemps 2022. Et puis, plein d'autres, tout autour.
Cheville ouvrière de ce tour de passe-passe digne des bluffs de casino : Emmanuel Macron. On reconnaît là le grand illusionniste de la finance internationale, celle qui spécule sur les abstractions, mondialise les échanges, dilue le pouvoir des peuples et des nations au profit d'une gigantesque mathématique d'ombre.
Dans ce grand casino de prêts et d'emprunteurs, on entrevoit déjà les Staviskys, les Panamas, qui ne manqueront pas d'éclater, ici et là, sur le dos des contribuables européens mutualisés. A terme, le numéro de magicien d'aujourd'hui porte en lui les germes de l'effondrement de cette Europe-là. Les pays frugaux, ceux qui ont tant exaspéré M. Macron, et dont nos médias (notamment nos correspondants et envoyés spéciaux à Bruxelles) ont cru bon de tant se gausser, ont pris date. Cette fronde des petits contre le rouleau compresseur franco-allemand ne fait que commencer. L'Accord de l'Union porte en lui tous les ferments d'une inévitable Sécession.
Pascal Décaillet