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  • Le wagon de Rethondes, avec le son !

     

    Sur le vif - Dimanche 03.02.19 - 15.01h

     

    Exceptionnel, pour ceux qui se passionnent pour la guerre franco-allemande de mai-juin 40 : des extraits sonores (totalement inédits) des conversations entre plénipotentiaires français et allemands lors de la signature de l'Armistice, le 22 juin 1940 (après six semaines de guerre-éclair, et la plus grande défaite de l'Histoire de France), seront diffusés ce soir, 22.40h, sur France 5.

     

    Le wagon de Rethondes : tout le monde connaît les images. Mais personne, jusqu'ici, n'a entendu le moindre enregistrement sonore des paroles échangées entre Allemands vainqueurs et Français vaincus.

     

    Les événements militaires entre le 10 mai et le 22 juin 1940, appelés "Blitzkrieg", sont l'une des périodes de l'Histoire qui m'ont le plus passionné. J'ai eu l'occasion, au fil des décennies, de les étudier jour après jour, pour certains moments (le passage de la Meuse par Rommel) heure par heure.

     

    Une chose est certaine : la France, après s'être (contrairement aux idées répandues) battue courageusement, a perdu cette guerre. Elle avait face à elle une intention stratégique de génie, une mise en application exceptionnelle, que pouvait-elle faire face à cette armée-là ? La France ne s'est jamais remise de cette défaite. Ni la Libération, en 1944, ni la participation à la victoire contre l'Allemagne, les derniers mois (septembre 1944 à mai 1945) ne pourront effacer l'ampleur apocalyptique, parce que morale avant d'être militaire, de la défaite de juin 40.

     

    Sur les dizaines de livres que j'ai lus sur le sujet, s'il ne devait en rester qu'un à vous recommander, ce serait "L'étrange défaite", de l'historien Marc Bloch, lui-même commandant pendant ces six semaines. Résistant, il sera fusillé le 16 juin 1944. Un homme d'exception. Une conscience, au milieu des ténèbres.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Chacun d'entre nous est un Vaisseau fantôme

     

    Sur le vif - Samedi 02.02.19 - 17.00h

     

    Pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui, en France, mais au fond un peu partout en Europe, il faut savoir qu'il existe, depuis en tout cas un siècle et demi, un anticapitalisme de droite.

     

    Il existe, bien sûr, un anticapitalisme de gauche, cela nous le savons. Mais il existe - et cela est moins connu - un anticapitalisme de droite.

     

    Des gens qui se sentent profondément de droite, dans leur rapport à la nation, à la souveraineté (encore que ces valeurs aient aussi été, naguère, de gauche), dans leur rapport à l'école, à la langue, à la culture. Et, peut-être, jusque dans le désespoir solaire de leur solitude. Quelque chose de noir, infiniment. Mais d'un noir indicible, d'ébène et de goudron : il faut voir les magnifiques tableaux de Soulages (j'ai eu cet honneur l'été dernier, à la Fondation Gianadda), pour saisir toute l'intensité plurielle de ce qu'on appelle, d'un mot beaucoup trop générique, le "noir". Il faut voir ces tableaux, de toute la puissance de ses yeux, prendre le temps, capter le grain, les nuances de bleu, les mille soleils cachés sous l'apparence nocturne.

     

    Je sais, depuis toujours, que le noir est ma couleur politique. N'allez pas, je vous prie, tenter de lui coller une quelconque étiquette qui serait, de ma part, celle d'une adhésion inconditionnelle, vous perdriez votre temps. Le noir fut à la mode dans l'Italie des années 1922 à 1943, je n'ose dire 1943-1945. Mais il fut, tout autant, la couleur des conservateurs catholiques. Il fut celle des anarchistes. Allez chercher la cohérence. Pourtant, je sais, dans toute l'intimité d'une vie de réflexion politique, que ma couleur est le noir. J'admire le rouge, et ceux qui le défendent. Mais ma couleur, à moi, est le noir.

     

    Il existe, depuis le dix-neuvième siècle, un anticapitalisme noir. Et aussi un jaune, si on veut bien se référer à l'un des textes politiques qui m'ont le plus touché dans ma vie, l'Encyclique Rerum Novarum, publiée en 1891 par Léon XIII. Il s'agissait d'une réponse, d'un souffle et d'une puissance hallucinants, au cataclysmiques injustices sociales créées par la Révolution industrielle. Une réponse fondée sur la cohésion sociale, la solidarité humaine, le sens du collectif, la primauté de l'humain sur le profit, en matière d'économie. Bref, une lumineuse tentative de réponse non-marxiste au capitalisme spéculatif de la fin du dix-neuvième siècle, juste après l'Affaire de Panama, juste avant l'Affaire Dreyfus.

     

    L'anticapitalisme noir - ou noir et jaune - constitue, avec le Sillon de Marc Sangnier, mais aussi plus tard la Revue Esprit, d'Emmanuel Mounier, et au milieu de tout cela des dizaines de penseurs que je ne citerai pas, l'une des sources d'inspiration de mon rapport à la politique. Dans ma relation à la nation, à la souveraineté, à la langue, je suis peut-être bien un homme de droite. Dans mon désir de justice sociale, d'égalité entre tous les humains, de répartition des richesses, je suis un homme de gauche. Cette dualité n'a rien d'anormal, elle a nourri des générations. Et voyez-vous, il se pourrait bien - par exemple, à travers les gilets jaunes - qu'elle revienne au galop.

     

    Le courant qui monte en Europe est celui d'un anticapitalisme non-marxiste. Les gens ne veulent plus entendre parler de la spéculation bancaire, ni du règne de l'usure, ni du profit de casino. Ils veulent un retour de l'Etat, de la régulation, des arbitrages. Et beaucoup d'entre eux, dont je suis, veulent un retour de la nation. Non pour opprimer, mais pour organiser, à l'interne, les flux de solidarité nécessaires à l'épanouissement d'une communauté humaine. L'anticapitalisme noir, dont je me réclame, se situe quelque part dans cette mouvance.

     

    Je reviendrai, dans des textes ultérieurs, sur l'anticapitalisme de droite. Ne pas vouloir le percevoir, au nom d'une conception périmée de l'antagonisme droite-gauche, ne pas vouloir y inclure la dimension nationale, c'est courir le double risque d'errance et de dérive. Chacun d'entre nous est un Vaisseau fantôme, ignorant tout autant les rivages d'où il provient que ceux auxquels il est promis. Errons donc, puisque telle est notre nature. Mais sans jamais, une seule seconde, perdre le souci de la boussole. Ni celui de se situer, quelque part au milieu de l'azur.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le RIC : tout le monde comprend, sauf... Macron !

     

    Sur le vif - Vendredi 01.02.19 - 16.30h

     

    Avec une parfaite clarté, les dizaines de milliers de personnes qui manifestent depuis deux mois, en France, sous le nom de "gilets jaunes", réclament l'introduction, dans le système politique de leur pays, d'une nouveauté extraordinairement facile à comprendre : le RIC.

     

    Ils réclament le référendum d'initiative citoyenne. Ils ne réclament (à part le pouvoir d'achat) que cela. Et en tout cas, seulement cela, de façon visible, émergente, sur le plan institutionnel.

     

    C'est l'une des revendications les plus simples, les plus faciles à comprendre, depuis 1789, 1830, 1848, 1871, ou 1936. Un enfant de sept ans saisit très bien, si on lui explique.

     

    Tout le monde comprend, sauf une personne : Emmanuel Macron. En guise de contre-attaque aux mouvements de foule, le locataire de l'Elysée fait semblant de ne pas entendre. Et organise un "grand débat". En réalité, un super-show Macron, pour se montrer, en vue des européennes de mai.

     

    Il n'y a, en France, strictement nul besoin de "débat". Il y a un immense mouvement, inédit et passionnant, qui réclame une chose très claire : la possibilité, comme en Suisse avec l'initiative, pour les citoyens, d'inventer eux-mêmes, d'en-bas, les thèmes de la politique. Et de pouvoir légiférer, ou intervenir sur la Constitution, directement.

     

    Macron peut dire non à cela, ou oui à cela. Mais faire semblant de ne pas comprendre la revendication la plus simple, la plus claire, depuis deux siècles, lui qui comprenait si bien les produits dérivés et la savante alchimie du profit spéculatif à la Banque Rothschild, c'est se foutre impérialement du monde, avec une morgue jamais vue, même sous le plus orléaniste des libéraux. Prendre les gens pour des cons. Prendre le peuple de France pour des sujets, ignares.

     

    M. Macron, les gilets jaunes veulent le RIC. Alors, donnez-leur le RIC, ou refusez-leur le RIC (vous en assumerez les conséquences), mais de grâce ne prenez pas les Français pour de sombres abrutis. Ils risqueraient d'en prendre, à votre seigneurial égard, un définitif ombrage.

     

    Pascal Décaillet