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  • Invalidations : putain, cinq ans !

     

    Sur le vif - Mercredi 26.03.14 - 16.59h

     

    « Contre le blocage de la circulation route de Vernier à l’entrée du village, pour la qualité de vie ». Un nom assurément beaucoup trop long pour une initiative communale, mais une vraie légitimité, puisque plus de 2200 personnes, dans la deuxième ville du canton, avaient apporté leur signature à ce texte. Dans notre tradition suisse, au niveau communal, cantonal, fédéral, c’est le peuple qui décide. Le corps électoral. Le suffrage universel. A Genève, naguère, on appelait cela « le Conseil général ».

     

    Dans notre tradition suisse, oui. Mais pas au Conseil d’Etat genevois. Pas avec cette présidence-là. Pas avec cette surveillance des communes. Pas avec ce nouveau ministre des transports dont les Cent Jours sont désormais finis, la campagne électorale aussi, et qui va devoir commencer à faire ses preuves. Le principe de « l’invalidation » d’une initiative est l’un des plus détestables qui existent dans notre système. La plupart du temps, voire dans la totalité des cas, il s’agit de se camoufler derrière un verbiage juridique, pour masquer la lâcheté d’affronter une décision populaire.

     

    Des arguments, les juristes de la Couronne en trouveront toujours : ils sont payés pour ça. Au nom du « droit supérieur », on vient nous dire  APRES COUP, donc une fois que le nombre de signatures commence à devenir inquiétant, que c’est du droit cantonal et non communal, du droit fédéral et non cantonal, du droit européen, style Strasbourg, et non fédéral. C’est une conception impériale de la démocratie, référence au Saint-Empire, où il y a toujours un échelon supérieur. Le contraire de l’idée républicaine, qui assume l’entier de sa responsabilité, indivisible.

     

    On pourra nous chantonner tous les arguments juridiques qu’on voudra, dûment sortis du chapeau par des experts dûment payés par le Conseil d’Etat, rien ne pourra nous sortir de l’idée qu’on a eu peur, en très haut lieu, d’un désaveu de la part de la population verniolane. Car humilier les communes, depuis quelques années, c’est très tendance au Conseil d’Etat. Ce jacobinisme cantonal, non dénué d’arrogance, porte la marque d’un homme, qui l’incarne : l’actuel président du Conseil d’Etat. Actuel, et encore pour quatre longues années. Putain, cinq ans ! Eh oui, vous l’avez voulu, vous l’aurez.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pape sans Palais

     

    Coup de Griffe - Lausanne Cités - Mercredi 26.03.14
     
     
    Olivier Py, le nouveau directeur du Festival d’Avignon, est un grand du théâtre. Certaines de ses mises en scène sont visionnaires. Mais ces qualités-là, éminentes sur le plan artistique, ne qualifient pas nécessairement pour un jugement politique pertinent. Preuve, la déclaration proprement ahurissante de Py, lundi 24 mars : « Si le Front National l’emporte en Avignon, le Festival n’aura aucune autre solution que de partir ».
     
     
    Partir, pourquoi ? Parce qu’une majorité républicaine, dans un processus parfaitement démocratique, aurait choisi d’élire une équipe qui ne convient pas à M. Py ? Singulière posture, déjà parce qu’elle dévoile un lien bien étroit entre le Festival et l’autorité politique, quelle qu’elle soit. Surtout, parce qu’elle fait dépendre la pérennité d’une institution légendaire, au rayonnement mondial, de l’humeur d’un directeur face à un changement politique décidé par le peuple.
     
     
    Pire : Olivier Py se comporte comme si le Festival lui appartenait. Si la nouvelle Mairie ne lui convient pas, qu’il quitte, lui, l’institution. Au nom de quoi irait-il l’arracher au Palais des Papes, dans un improbable exil ne justifiant que son mouvement d’humeur personnel ? Non seulement cette déclaration intempestive fleure l’arrogance, mais politiquement, elle ira à fins contraires : le corps électoral d’Avignon votera, dimanche 30 mars, pour qui il voudra, FN ou pas. Nul mentor, fût-il un génie de la scène, ne pourra se substituer à la puissance de sa conviction citoyenne


    Pascal Décaillet
     

  • Ecopop : connaissez ?

     

    Chronique publiée dans "Tribune" (Le Journal du PLR vaudois) - No 3 - Mercredi 19.03.14

     

    La démocratie directe suisse est un tissu vivant. A peine une initiative votée, en voici déjà une autre. Après les migrations de masse, nous allons devoir commencer à parler d’Ecopop. Je vous le dis tout net : ce sera le prochain grand enjeu de notre débat démocratique. J’ignore ce que voteront le peuple et les cantons, mais assurément nous avons avec ce texte quelque chose de nouveau, en phase non seulement avec la Suisse mais avec des préoccupations planétaires. Ecopop est une votation sur la quantité de population que peut accueillir un pays, avec une surface donnée, un relief, une hydrographie. En lien avec des impératifs de protection de l’environnement. Le cocktail des deux pourrait être explosif. Et réserver bien des surprises à tous les beaux esprits qui, en cette amorce de printemps 2014, rejettent d’une chiquenaude toute entrée en matière sur ce texte. Comme ils n’avaient cessé de le faire sur celui du 9 février. Ils sont ceux, dès que surgit d’en bas un texte d’initiative, qui toujours disent non. Ils sont comme le Méphisto qui se présente à Faust, dans la tragédie de Goethe : « Ich bin der Geist, der stets verneint ». Je suis l’esprit qui toujours nie.

     

    Que nous dit Ecopop ? Que la Confédération doit s’attacher à faire en sorte que la population résidant en Suisse ne dépasse pas un niveau qui soit compatible avec la préservation durable des ressources naturelles. Elle doit aussi encourager d’autres pays à poursuivre cet objectif, notamment dans le cadre de la coopération internationale au développement. « La part de l’accroissement de la population résidante de manière permanente en Suisse qui est attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,2% sur une moyenne de trois ans ».10% de la coopération internationale devraient être affectés à l’encouragement de la planification familiale volontaire. Enfin, les initiants ont eu la sagesse et l’habileté de prévoir que « La Confédération ne peut conclure de traité international qui contreviendrait au présent article ». Disposition salutaire : elle subordonne clairement la signature de traités à la volonté du souverain. D’abord, le peuple et les cantons disent le droit. Ensuite, on signe des documents avec l’étranger en fonction de cela. Et on ne vient pas, toutes charrues placées devant les bœufs, faire l’inverse : reprocher au souverain d’avoir mal voté, parce que sa décision serait « contraire au droit supérieur ». Il était temps d’y penser.

     

    Cocktail explosif, parce qu’il met ensemble deux préoccupations majeures du peuple suisse. Ce même peuple, qui a accepté l’initiative des Alpes et celle de Franz Weber, mais aussi celle du 9 février 2014 sur l’immigration, que votera-t-il face à une mise en commun de ces deux paramètres ? Le peuple suisse, à de nombreuses reprises, dans des scrutins fédéraux ou cantonaux, a affirmé haut et fort son attachement à la qualité du biotope, mais aussi à l’éclatante beauté de certains de nos paysages (Lavaux). Et le message à retenir du 9 février, c’est qu’il commence à ne plus écouter les « milieux de l’économie » sur les questions liées à la densité de population ou aux flux migratoires. Peut-être parce que certains, parmi ces milieux, se sont un peu trop servis eux-mêmes de ces flux, pour réaliser du profit, sans trop de souci pour un habitat devenu trop dense, avec des infrastructures qui ne suivent pas. Faire des affaires, c’est sans doute bien. Avoir comme souci la préservation de notre corps social, dans un développement durable et un environnement de qualité, c’est mieux. Assurément, la dialectique autour d’Ecopop va beaucoup nous occuper, ces prochains mois.

     

    Pascal Décaillet