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  • Ecopop : le traitement B du Dr Müller

     

    Sur le vif - Mercredi 19.03.14 - 09.54h



    Ecopop: on est parti pour le procédé désormais habituel, qu'à l'instar du regretté Dr Müller, dans l'île Noire, nous appellerons le traitement B. D'abord, tout le monde va tomber sur cette initiative. On va traiter ses partisans de tous les noms, parmi lesquels le mot "fasciste" devrait évidemment figurer en bonne place. Les "milieux économiques" vont la combattre. Mais au final, le vote, dans un sens ou dans l'autre, pourrait bien être très serré.


    Si le peuple et les cantons disent non, le Mammouth, Tamedia et Ringier rendront hommage à l'infinie sagesse d'un souverain qui ne s'en laisse pas conter par les sirènes du populisme.



    S'ils disent oui, on dira immédiatement qu'ils ont mal voté, n'ont pas compris l'enjeu, et que la décision est de toute façon inapplicable en vertu du "droit supérieur" et des "accords internationaux".

     


    Pénible routine. Amertume du prévisible.  Notre démocratie directe fonctionne pourtant très bien, elle est vivante, dérangeante, elle nous réveille, nous amène des sujets négligés par les corps intermédiaires. Ce qu'il faut changer, c'est l'insupportable uniformité de nos médias. Pour cela, il faut de nouvelles offres, afin de parvenir à une vraie diversité et une authentique pluralité de points de vue, dans notre pays. Vaste programme. Mais magnifique ambition. A la fois citoyenne et culturelle, au sens profond, puisqu'elle charrie ce que la langue allemande appelle une Weltanschauung. Une vision du monde. Là se trouve le véritable enjeu de ce qui nous manque tant, aujourd'hui. Parce que la musique est toujours la même.

     

    En attendant, va pour le traitement B. Avec une bonne dose de chloroforme. Le procédé est tellement clair. Et le filigrane, tellement visible.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Etats 2015 : la petite phrase de Robert Cramer

     

    Sur le vif - Dimanche 16.03.14 - 09.57h

     

    Dans le Matin dimanche, Robert Cramer lance la campagne des Etats d'octobre 2015, en annonçant son intention de se représenter avec sa collègue Liliane Maury Pasquier.



    Voilà donc la gauche, 19 mois avant, en ordre de bataille.



    Face à ce duo, auront-ils comme d'habitude la droite la plus bête du monde ? Celle qui n'est pas capable d'anticiper, en effet à un an et demi, une échéance de cette importance ? Celle qui désigne ses candidats au dernier moment, une fois épuisées les solutions de fortune ou de hasard. Celle qui part sans stratégie, sans modèle de communication, sans réelle volonté de vaincre.



    Le duo des Etats, c'est aujourd'hui qu'il se décide. M. Cramer n'est pas tombé de la dernière pluie. Dans la gentille rubrique du Matin dimanche "Ma semaine à moi", il glisse cette candidature comme en passant. A la manière du peintre qui se représente lui-même, dans le détail du tableau. Ou Hitchcock, qui apparaît furtivement sur un quai de gare.



    Pour tous ceux qui estiment que Genève mérite un autre duo, le combat commence maintenant. Il passe par une stratégie de droite unie. Donc, concertation dans l'ensemble de la droite élargie, en respectant les nouveaux venus de cette constellation, et non conciliabule dans un cocktail de l'Entente.



    La victoire de la droite passera aussi, en octobre 2015, par de nouveaux visages. Le Conseil des Etats, Chambre capitale dont j'ai suivi les travaux, sur place, pendant des années, n'a pas à être le lieu de recyclage de carrières largement achevées sur le plan cantonal. Il n'a pas pour vocation d'assurer une énième rente supplémentaire à de vieux briscards qui les collectionnent déjà.



    Non, les Etats, c'est la Chambre des Cantons. Il y faut du sang neuf, vigoureux, impétueux. A l'image d'un Alain Berset ou d'un Carlo Schmid qui y sont arrivés à l'âge de trente ans. Il y faut des combattants, à Berne, pour les intérêts supérieurs de Genève. Mais en même temps, c'est une Chambre fédérale, et il y faut des élus avec vision nationale, réseau national, connaissance impeccable de l'allemand, vif intérêt pour la Suisse italienne, maîtrise de notre Histoire et de toute la savoureuse complexité de notre pays.



    Si la droite genevoise ne s'y prend pas dès maintenant, le duo Cramer - Maury Pasquier sera reconduit. Ce sera tant mieux pour ces deux personnes, et pour la gauche. Et tant pis pour tous ceux qui aimeraient tellement une autre représentation dans cette Chambre si importante pour notre canton, et pour le pays.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • "Ni gauche, ni droite" : l'attape-nigauds

     

    Sur le vif - Samedi 15.03.14 - 10.33h

     

    Le 6 octobre 2013, le peuple genevois a porté au Grand Conseil une majorité très nette de la droite élargie. Hier soir, cette majorité s'est simplement mise en action. En termes de mécanique politique, rien d'autre. Le politique est un rapport de forces.



    Hier soir, le MCG a simplement prouvé ce qu'il était: un parti de droite. Qui a pu jamais, une seule seconde, en douter ? Droite sociale, populaire, allez populiste si ça vous fait du bien de dire ce mot qui n'a d'ailleurs rien de péjoratif. Mais droite, of course. Le slogan "ni droite, ni gauche" n'est qu'un attrape-nigauds. D'une chiquenaude, il prétendrait abolir toute la gravité économique et sociale de la lutte des classes. Dans ces deux domaines, bien sûr qu'il existe une gauche, et qu'il existe une droite. Nous ne vivons pas avant l'Histoire, ni après l'Histoire, dans une prétendue post-modernité de bobos. Nous vivons DANS l'Histoire, à l'intérieur de ses mécanismes, de son tragique, de l'immuable noirceur de ses jeux de pouvoir.



    Le jeu du MCG, hier, avec la droite immobilière, ne m'a personnellement pas fait plaisir du tout. Le scandale de la Tulette, toute cette atmosphère de copinage éhonté, me choquent comme tout le monde. Mais en analyse politique, faisons abstraction de nos déplaisirs moraux. Nous avons au Parlement une nouvelle puissance de feu de vingt députés, capable de faire la différence, sur la droite (comme hier), mais aussi (on attend et espère le voir) sur la gauche. C'est toute l'ambiguïté, toute l'imprévisibilité de cette puissance de feu qui rend fous de jalousie les autres partis. Hier, colère de la gauche, parce qu'elle fut écrasée par la mécanique adverse. Demain (on l'espère et on l'attend), colère de la droite économique, le jour où le MCG, tout en étant de droite, réaffirmerait sa dimension sociale, populaire et joyeuse.


    Hier, ce parti ne fut ni social, ni populaire, ni joyeux. Il fut l'acolyte de la droite immobilière. Pour des raisons tactiques. Pour tester sur la législature la redoutable puissance de frappe de son grenadier lance-flammes Ronald Zacharias. Pour s'affirmer comme le faiseur de majorités. En technique politique, ce fut bien joué. En lisibilité auprès de la population, encore deux ou trois coups comme cela pendant la législature, et bonjour la dégringolade aux élections de 2018.

     

    Pascal Décaillet