Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 7

  • Eveline et Didier

     

    Sur le vif - Dimanche 04.08.13 - 12.56h

     

    Le président du PDC attaque Didier Burkhalter, mais protège EWS.

    Les PLR attaquent EWS, mais protègent Didier Burkhalter.

    Pour ma part, les choses sont claires:


    1) Mme EWS pratique une politique catastrophique, notamment dans l'affaire des successions avec la France, et en allant s'afficher avec un Pierre Moscovici, tout heureux de faire paravent et diversion à son propre rôle dans l'affaire Cahuzac. Les PLR et UDC ont donc totalement raison de l'attaquer.



    2) M. Burkhalter, dont l'engagement pour les bilatérales est correct et conforme à la volonté du souverain, a commis une faute politique en laissant son secrétaire d'Etat, M. Rossier, entrer en matière sur une saisine possible de la Cour européenne de justice pour arbitrer les litiges entre la Suisse et l'UE, pour ce qui concerne les bilatérales. Cela a un fumet de juges étrangers, ça n'était vraiment pas le moment, surtout dans le contexte actuel, de délivrer un tel message. Cela, je suis persuadé que nombre de PLR, qui défendent leur conseiller fédéral, en sont intérieurement conscients. Cette bourde n'est de loin pas comparable avec l'accumulation des fautes de Mme EWS, mais le président du PDC, à Saas Balen, a eu raison de la dénoncer, Ce que nous faisons ici, au demeurant, depuis le premier jour.



    En résumé, les comportements de ces deux conseillers fédéraux, à des degrés de gravité divers, laissent à désirer, et ne sont pas ceux que la population attendrait, en période de crise et d'attaques venues de toutes parts. Il nous est arrivé, depuis 1848, d'être dirigés par un meilleur collège.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les puissantes analyses, trois jours après

    303_001.jpg 

    Sur le vif - Samedi 03.08.13 - 11.11h

     

    Toujours à la pointe de l'actualité, le Temps nous propose seulement aujourd'hui, samedi 3 août, une analyse (intéressante, d'ailleurs) du discours de Christophe Darbellay, tenu à Saas Balen le mercredi 31 juillet. Il était pourtant possible de réagir immédiatement, y compris dans l'analyse et la perspective, sur le site internet du journal. On même dans l'édition papier d'hier, vendredi 2 août.



    Ces retards à répétition des journaux papier sur les versions électroniques, blogs ou réseaux sociaux, affaiblissent leur crédit dans l'une des concurrences basiques de la fonction journalistique, et cela depuis les premières dépêches télégraphiques du dix-neuvième, pour ne pas remonter à Théophraste Renaudot: la rapidité de réaction. J'ai infiniment travaillé sur l'Affaire Dreyfus (1894-1906): à l'époque déjà, les grands journaux, de celui de Clemenceau à ceux des socialistes ou des nationalistes, ouvraient plusieurs fois par jour pour de nouvelles éditions, ne changeant parfois, au marbre, qu'un seul papier, parce qu'il donnait une nouvelle. C'était, un quart de siècle avant la radio, comme un flash d'actualité.


    Considérée comme secondaire, voire superficielle, par toute une bande d'intellos ou d'analystes des médias qui n'ont sans doute jamais écrit un article de leur vie, ni fabriqué une page, ni dirigé une édition, ni donné une nouvelle à la radio, ni commenté un événement en direct, la rapidité de réaction demeure, ne leur en déplaise, l'une des fonctions cardinales de la vitalité de la presse. Et ne venez pas me dire qu'elle est antinomique de la réflexion, de la perspective, de l'arrière-pays: c'est faux, archi-faux, quand on a un peu d'expérience et de connaissance des dossiers, un commentaire pesé, distant et pertinent peut intervenir très vite. Nul besoin d'attendre trois jours !



    La rapidité n'est évidemment pas tout. Mais elle est nécessaire, si le mot "news", en français "nouvelle", en grec "Ta Nea", en allemand "Nachrichten" a encore un sens. Jusqu'à nouvel ordre, il n'est pas hérétique de considérer qu'être le premier à donner une nouvelle (d'intérêt public, exacte, intéressante, of course) est plutôt une vertu dans ce métier.



    Lorsque j'engage ou recommande un jeune journaliste, entre autres qualités, je cherche immédiatement à déterminer s'il est habité par le flair, l'ouverture, la curiosité, la rapidité. Bref, pour faire ce métier, c'est pas mal d'être un peu réveillé. Bonne journée à tous.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La charge de Saas Balen

    600px_115727.jpg 

     Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 02.08.13

     

    Avant-hier soir, mercredi 31 juillet 2013, à Saas Balen, en allemand devant un public haut-valaisan, Christophe Darbellay a lancé son attaque. Il devait l’avoir ruminée, il a choisi le lieu, la majesté symbolique de la montagne, la date, la langue. Il n’y avait plus qu’à appuyer sur la gâchette.

     

    Dans un discours intitulé « Frei sein und frei bleiben », être et rester libre, le président du PDC suisse a ciblé un homme. Non pas Blocher, pour une fois. Ni la gauche. Mais le très raisonnable, très présentable et très gouvernemental Didier Burkhalter. Une charge du premier PDC de Suisse contre un conseiller fédéral radical en fonction, avec cette violence-là, était du temps de mes années fédérales, à l’époque des gentils PDC passe murailles, le gentil Koller par exemple, totalement inimaginable. Aujourd’hui, elle l’est, et c’est très bien ainsi, pour un motif qui ne tient ni aux convenances ni aux politesses sur les décombres du Sonderbund : ce motif, c’est que Darbellay a raison, et que la timidité de notre politique étrangère, en cette période de crise, doit en effet être dénoncée.

     

     « Celui qui me fait le plus de soucis, a déclaré à Saas Balen le Flandrin des Glaciers, c’est notre ministre des Affaires étrangères. Au lieu de représenter avec force et clarté nos intérêts, il est devenu le ministre du renoncement ». Allusion, bien sûr, à l’entrée en matière face à des juges étrangers dans l’affaire de la Cour européenne de justice qui pourrait arbitrer, en matière de bilatérales, les litiges entre la Suisse et l’Union européenne. Dans le Haut-Valais, à quelques heures du 1er Août, Darbellay a dit bien haut ce que l’immense majorité de nos compatriotes ressentent en silence, avec humiliation et colère, parfois jusqu’à la gorge nouée. Alors que nous sommes attaqués de toutes parts, et qu’il faut justement demeurer inflexibles, cette porte ouverte (via le secrétaire d’Etat Rossier) aux juges étrangers est un signal catastrophique. Il donne l’impression d’une diplomatie coupée du pays profond, consacrant davantage d’intelligence à l’adversaire que d’écoute de nos souffrances. C’est un coup de poignard dans le dos.

     

    Christophe Darbellay n’a jamais éprouvé pour Didier Burkhalter une estime extatique, on le savait. Mais il serait faux, pour autant, de mettre sur le compte d’une inimitié personnelle le jugement sévère, mais juste, de Saas Balen. Oui, la Suisse a besoin de grandes voix, celles d’un Tschudi, d’un Furgler, d’un Delamuraz ou même d’un Couchepin. Elle n’a pas besoin, au plus haut niveau stratégique, de ces sortes d’éteignoirs du désir et de la parole politique. Ils sont là, c’est sûr, ils ont été élus, nous n’avons pas de procédure de révocation ni de motion de censure. Il nous reste la colère. Christophe Darbellay, à Saas Balen, a proclamé la sienne. Ici, citoyen de ce pays, je dis la mienne.

     

     Pascal Décaillet