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  • Tenez bon, Monsieur Hollande !


    Sur le vif - 03.05.14 - 13.20h


    Je ne regrette pas une seule seconde le temps de M. Sarkozy. Et je continue de soutenir François Hollande. Pas son gouvernement, en tout cas pas sur tout. Pas ses choix. Mais cet homme-là, aujourd'hui tellement vilipendé, notamment par une insupportable droite orléaniste revancharde, tient le coup, contre vents et marées. Désolé si je suis très minoritaire à le penser, mais ça force le respect. Et c'est justement pour cela qu'il a été élu. Pour cinq ans, et pas pour démissionner à la première tourmente, ni proposer une "Sixième République" aux premiers vents contraires. Il a été élu, par le suffrage universel de ce pays, pour incarner la nation, tenir, et peut-être même souffrir avec elle. C'est cela le secret de ce système, annoncé d'un bout à l'autre par le général de Gaulle en 1946, dans son Discours de Bayeux. L'équation d'un homme avec une nation.



    C'est cela, depuis la réforme de 1962, un Président de la République. Cette incarnation-là, en un homme, et jusqu'à prendre des coups, est la grande avancée de la Cinquième République, sans doute celle qui réconcilie les institutions issues de la Révolution avec ce qui existait avant. Alors, désolé, Mesdames et Messieurs les pourfendeurs de François Hollande, mais cet homme est élu pour cinq ans. Il doit tenir jusqu'au bout. En attendant, il se bat. Je ne sache pas qu'il ménage ses efforts pour ce qu'il considère comme l'intérêt supérieur du pays. Je comprends parfaitement qu'on combatte ses options, moi aussi certaines d'entre elles m'excèdent, mais il faut respecter la fonction. Il est le Président de la République française, élu au suffrage universel. Dans quatre ans, les Français, peut-être, le sanctionneront. Un mandat se juge sur son ensemble, pas après la première année.


    Pascal Décaillet



  • Eloge des nouveaux partis

     

    Commentaire publié dans GHI - 02.05.13

     

    Verts libéraux, PBD, Pirates, et d’autres encore : l’électeur genevois aura sur ses listes électorales, l’automne prochain, une floraison de nouveaux partis. Nouveaux à Genève, puisque, dans les trois exemples cités, ils existent déjà au niveau national. Disons-le tout net : ces formations ont totalement le droit d’exister, de se présenter, elles prennent un risque important, disposent souvent de peu de moyens, elles sont courageuses et méritent notre respect.

     

    D’autant qu’à Genève, avec un quorum fixé à 7% pour constituer un groupe au Grand Conseil, les nouveaux ne partent vraiment pas en position favorable. 7%, c’est beaucoup, et c’est même franchement trop. Bien sûr, il faut un seuil. Bien sûr, l’abolition totale du quorum aurait pour effet le morcellement, la dispersion, l’illisibilité du politique, qui nécessite des groupes idéologiques clairs. Mais ces 7%, maintenus tort par la Constituante, c’est vraiment une machine à maintenir les sortants, broyer les nouveaux, empêcher tout renouvellement de notre paysage politique. Je plaide, non pour une abolition, mais pour un abaissement du quorum, par exemple à 5%.

     

    D’autant qu’ils ne manquent pas de vitalité, ces nouveaux partis. Regardez La Gauche, avec Magali Orsini : il y a la cohérence d’un discours, une compétence, une vision du monde, une exigence républicaine. Ou encore les Verts libéraux, section Genève : émergence de nouvelles personnes, équipe imaginative, combative. Ou les Pirates, auxquels vient de se joindre Didier Bonny : des thèmes de société très modernes, concernants, autour des nouveaux outils de l’informatique, la protection des données, la sphère privée. Et si c’étaient là les enjeux de demain ?

     

    L’Histoire politique suisse montre, depuis quelque 120 ans, une étonnante stabilité : sont apparus dans l’ordre les radicaux, les catholiques-conservateurs (aujourd’hui PDC), les socialistes, les agrariens (aujourd’hui UDC). Beaucoup plus tard, il y a 30 ans, les Verts. Tous ces partis sont encore là. Et tiennent les parts du gâteau. Mais ils représentent des idéologies des 19ème et 20ème siècles. D’autres commencent à poindre, avec les perceptions du futur. Ce serait folie de ne pas les prendre au sérieux.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jamais un homme à terre

     

    Coup de Griffe - Lausanne Cités - 02.05.13
     
     
    La voix ferme, le verbe droit, Philippe Leuba dit les choses. Au matin de ce mardi 30 avril, à la RSR, le magistrat vaudois a condamné, à très juste titre, les gens qui avaient tiré sur l’ambulance. En l’espèce, le conseiller d’Etat PLR neuchâtelois Philippe Gnaegi, désavoué par le peuple de son canton l’avant-veille. On ne vient pas dire à un homme à terre qu’il a pris une baffe, avertit Leuba. Une question de choix des mots. On peut parler de cinglante défaite, mais baffe, il y a quelque chose qui ne passe pas.


     
    M. Leuba a parfaitement raison. Confrères journalistes, éditorialistes, chroniqueurs, pamphlétaires, attaquez donc, et de toutes vos forces. Mais soyez gentils, je vous prie, d’attaquer le pouvoir. Celui qui est en place, et non celui qui gît au soir d’une défaite. Attaquez les puissants, ceux qui pourraient réagir à vos billets, réclamer vos têtes à vos rédactions, lancer séides et spadassins pour vous chercher noise. Attaquez l’arrogance, la morgue, les réseaux de copinage. Mais foutez la paix au vaincu d’un soir.


     
    Attaquez vos proches. Ceux qui tiennent le pouvoir, et pas seulement politique, et qui à vos yeux en abuseraient. Non à Tokyo ni Caracas, mais ici, à portée de regard. Défiez-les quand il sont au sommet, au milieu de leurs courtisans. Vous en sortirez grandi. Et vous aurez, si la cause est juste, rendu service à la République.


     
    Pascal Décaillet