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  • Epitre au Romain

     

    Sur le vif - Mercredi 11.01.12 - 15.59h

     

    Voilà bien longtemps que je m'intéresse au combat politique de Romain de Sainte Marie. Un passionné. Un fou de politique, comme il y a des fous de rugby, de clavecin, de guitare électrique, de grimpette dans les Alpes. Un hyperactif, aussi. Surtout, un joyeux : un jeune militant qui donne envie, non nécessairement de partager ses idées, mais de se tremper dans la chose publique. L'équivalent, chez les socialistes, de ce que furent, naguère et à son âge, un Maudet chez les radicaux, un Darbellay chez les chrétiens-sociaux (avant de passer au PDC), un Murat Julian Alder ou un Nantermod au PLR. L'équivalent, en puissance intérieure, d'un Emmanuel Kilchenmann, l'étoile montante de la démocratie chrétienne, à Fribourg.

     

    Il fut un temps, pas si lointain, où le parti socialiste genevois donnait davantage envie de se pendre, ce qui n'est jamais très porteur, que de croquer la vie à pleines dents. Reconnaissons d'ailleurs que cette formation a, depuis la défaite électorale de l'automne 2009, favorablement évolué. Mais même en ce temps-là, le jeune Romain, avec son équipe de Jeunes Socialistes, multipliait les actions publiques, jamais agressives, pour donner envie aux gens de s'intéresser à la politique. Oui, chez les jeunes, ça bougeait, alors que les aînés donnaient plutôt le sentiment de s'assoupir.

     

    Aujourd'hui, le voilà candidat à la présidence du parti. Y parviendra-t-il ? Les clans, contre lui, vont-ils se reconstituer ? D'autres figures du parti, avec davantage d'expérience, vont-elles se profiler pour la succession de René Longet ? A voir. Mais une chose est sûre : nous avons là une excellente candidature de combat, un jeune homme de courage, de conviction, qui a vraiment envie de faire bouger les choses dans la République. Il parle, on le comprend. La phrase est simple, accessible à tous, le verbe clair, le propos se veut utile. « Populisme », râleront les vieux grogneux. Eh bien, qu'ils grognent ! Pour une fois qu'un socialiste parle au peuple - et s'en soucie sincèrement - on ne va tout de même pas faire la fine bouche. Qu'il se batte, cet homme-là, qu'il nous dérange : il en a le talent.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Un homme décidément très puissant

     

    Sur le vif - Mercredi 11.01.12 - 12.25h

     

    Le secrétaire général adjoint du DSE (Département de la Solidarité et de l'Emploi) à Genève, est décidément un homme fort puissant. Lorsque son ministre n'est pas là, et même quand il est présent d'ailleurs, le haut fonctionnaire ne craint pas, nous l'avons parfois relevé, de se montrer très politique dans ses appréciations. Ici, il traite une grève d'acte de flibuste. Là, il qualifie d'aberration économique les propos d'un président national de parti. Oui, cet homme brillant et cultivé a pris beaucoup d'ascendant dans le Département. Au point que nous sommes quelques-uns à considérer que le DSE est, au fond, dirigé par un tandem.

     

    Mais il y a mieux : la Tribune de Genève nous rappelle ce matin que le Grand Vizir du DSE se trouve être, en plus, le président de l'Organe genevois de répartition des bénéfices de la Loterie romande. Rien d'illégal, bien sûr. Mais tout de même : voilà qui ajoute le pouvoir au pouvoir, et pas n'importe lequel : celui d'octroyer, retirer, limiter de très importantes sommes financières. Oui, décidément. Un homme fort puissant.

     

    Je ne parle ici que de la partie visible de l'iceberg, celle dont on peut juger dans l'espace public. Qu'en est-il de l'autre ? Quel rôle exact ce remarquable commis joue-t-il au service de son ministre ? La question reste ouverte. Elle ne vous intéresse pas ? Moi, si.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le rôle du diable

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 11.01.12



    Il faudrait enseigner l'affaire Hildebrand dans les écoles de journalisme. Comme un exemple extraordinaire d'inversion des rapports de responsabilité. D'un côté, le président d'une banque nationale empêtré dans une affaire où ses fonctions publiques et ses choix d'investisseur privé peuvent électriquement se toucher, ce qui est au mieux une lourde incurie, au pire une collusion d'une rare gravité. De l'autre, un conseiller national ayant contribué à ce que la chose, manifestement d'intérêt public, et même national, soit connue de tous. Et, pendant des jours, jusqu'à la démission du premier, on tombe sur qui, à bras raccourcis ? Sur le second ! Oui, on l'a fait jusqu'au dernier moment, tant qu'on pouvait. Oui, on a réinstallé Blocher dans son rôle taillé sur mesure : le rôle du diable. Oui, la majorité des éditorialistes de ce pays, désolé Chers Confrères, sont désespérants.


    Imaginons, une seconde, que le conseiller national ayant eu vent de l'affaire (via une indiscrétion de la banque) n'ait pas été Christoph Blocher, bête noire absolue de nos beaux esprits, mais un élu lambda, bien centriste, bien poli, n'élevant jamais la voix, bien rasé. Allez, disons un gentil PLR, un gentil PDC, ou même un gentil Vert. Dans ce cas-là, le messager, tout le monde s'en foutrait comme de l'an 40 ! Imaginez que ce fût un Dick Marty : on ferait révérence, bien aplatie, devant le courage du chevalier blanc. Mais là, l'aubaine ! Le colporteur, le délicieux petit salopard, c'est Blocher ! Ah, les belles étrennes, ah le somptueux cadeau de début d'année : le Mal absolu, la main dans le sac.


    Alors, pendant des jours, on n'a pas parlé « d'affaire Hildebrand », mais « d'affaire Blocher-Hildebrand », voire « d'affaire Blocher ! ». On a tout cherché, dans tous les sens, pour exonérer le patron de la BNS de la moindre charge possible. A l'inverse, on a défini comme cible unique « l'élu ayant enfreint la loi ». On s'est fait juriste, procureur, exégète du juste et du rigoureux. Tout cela, pour mieux oublier Hildebrand lui-même, évidemment victime, l'Agneau, d'une cabale. Et cela a failli marcher. Jusqu'au jour où l'intéressé lui-même, acculé par les siens pour des raisons qui restent d'ailleurs à éclaircir, a quitté le navire. Et même là encore, on a crié à la victime, l'homme d'honneur cédant à la meute. Et jusqu'à la présidente de la Confédération lui réitérant, peu auparavant, sa confiance. Ah, le délicieux petit monde ! Ah, la douce Confrérie ! Je te tiens, tu me tiens, et la barbichette est reine, souveraine. Tellement bien, entre soi ! Surtout, qu'on ne vienne pas nous déranger. Ni Blocher, ni personne ! Qu'on nous laisse, entre nous, couler des jours paisibles. Nous qui sommes du côté du Bien. Dans la neige immaculée de nos consciences.



    Pascal Décaillet