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  • Anne Bisang saute sur Dien Bien Phu

     

    Sur le vif - Vendredi 15.07.11 - 11.52h

     

    Sans doute inspirée par l'œuvre de Maxime le Forestier, Anne Bisang va donc entamer une carrière de parachutiste. Dixit mon excellent confrère Marc Moulin, Tribune de Genève, ce matin. Si mon rêve n'avait été, toute ma vie, à l'instar de Dutronc, d'être une hôtesse de l'air, je crois bien que j'adorerais, ici-bas, être ancienne directrice de Comédie. Jouissance de l'apesanteur. Ivresse de la chute libre, juste pour le fun, mais très vite, étreinte des sangles protectrices, lorsque se déploie le champignon salvateur. Et là, plus qu'à se laisser choir. Vers quelles rizières ? Quel Cotentin ?

     

    Trop profane en gravitation, je m'abstiendrai de commenter la surgissante verticalité de cette nouvelle. Je me contenterai, simplement, de relire le livre « Bienvenue en République Socialiste Culturelle de Genève », que personne n'a encore écrit. Mais dont tout le monde, hélas, comme dans les rizières d'Indochine ou l'azur nimbé du Cotentin, connaît déjà la chute.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Mark Muller est un homme honnête et courageux

     

    Sur le vif - Jeudi 14.07.11 - 12.08h

     

    De retour d'une semaine hors du monde, et sous l'éblouissante emprise d'Albert Cohen, mais aussi Julien Gracq et Dominique Fernandez (Pise, 1951 : j'y reviendrai), je découvre le torrent de boue contre Mark Muller. Des attaques qui fleurent le feuilleton d'été, l'aubaine orangée d'une affaire Hainard bis, qui salissent un homme honnête en s'en prenant à sa vie privée. Nausée.

     

    Vie privée ? Sous prétexte que le magistrat a bénéficié d'une aubaine immobilière, voilà qu'aujourd'hui on publie la photo de l'immeuble où, avec sa famille, il loge. Demain, on donnera le numéro de l'appartement ? Le code d'accès ? Même un homme ayant commis un délit ne mérite pas un tel traitement. Or, Mark Muller n'en a strictement commis aucun. Les affaires relevant du droit du bail sont d'ordre privé. Peut-on franchement reprocher à une régie de considérer un conseiller d'Etat comme un locataire a priori éminemment solvable ? Les régies ne sont pas réputées œuvres philanthropiques : elles signent des baux sur des « objets » avec des personnes qu'elles estiment dignes de confiance. Quant au locataire, pourquoi cracherait-il sur un excellent rapport qualité-prix ? Enfin, imaginer sans preuve le « retour de manivelle » entre bailleur et locataire-magistrat n'est pas loin de relever de la calomnie.

     

    Qu'on attaque Mark Muller, s'il y a lieu, sur sa politique. Pour ma part, je le considère, malgré les incessantes campagnes contre lui, comme un conseiller d'Etat honnête, courageux, réformateur. Si on n'est pas d'accord avec cela, qu'on l'attaque sur ses actes politiques. Par sur sa vie privée. Surtout, dans cette République, qu'on s'interroge un peu sur le faisceau de malveillances récurrentes à l'endroit de ce conseiller d'Etat. Ça n'est pas porter atteinte à la protection des sources que relever ici un point, capital : la plupart des « petites infos sur Mark Muller » qu'on nous fait parvenir à longueur d'année, à nous journalistes, ne viennent ni de la gauche, ni de la marge de la droite. Mais bel et bien de son propre camp. Où il semble que certains aient juré sa perte. Le minimum de discernement, avant de publier la photo de son immeuble, serait de s'interroger un peu sur les inimitiés intestines à l'origine de l'acharnement contre cet homme.

     

    Certains rêvent d'une affaire Hainard bis. Ils sont en train de réunir les ingrédients pour y parvenir. Il serait peut-être temps que les gens, à Genève, qui refusent ce système d'exécution et respectent la personnalité de l'actuel président du Conseil d'Etat, donnent un peu de la voix.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Suffrage universel

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 13.07.11

     

    Depuis plus de vingt ans, je défends l'idée de l'élection du Conseil fédéral par le peuple. Bien avant que l'UDC ne lance une initiative dans ce sens. Bien avant la polarisation de la vie politique suisse. Ce qui m'amène à militer pour cette réforme, c'est le souhait d'avoir, pour mon pays, un exécutif fort, avec les meilleurs, les caractères les plus trempés, ceux qui se seront frottés victorieusement au suffrage universel. Et non les souris grises, résultats d'accords de coulisses d'un parlement dont la mission historique est de faire les lois, et non d'élire le gouvernement.

     

    Depuis plus de vingt ans, je défends cette idée, qui n'est ni de gauche, ni de droite (Pierre-Yves Maillard la soutient, tout aussi bien que Christoph Blocher), mais le combat de ceux qui veulent créer un lien de confiance fort, tellurique, entre la population et les élus. Aujourd'hui, ce lien n'existe pas. Certes, les gens respectent les conseillers fédéraux, mais comme des personnages lointains, irréels, n'ayant à répondre que devant un parlement, sous les lambris du Palais fédéral. La politique comme cercle fermé, entre soi. Les deux seuls hommes, au fond, qui ont vraiment échappé à ce Cercle de Craie caucasien furent Jean-Pascal Delamuraz et Christoph Blocher, au moment de la campagne de 1992 pour l'Espace économique européen. Leurs successeurs, la plupart issus de la caste parlementaire, ont continué de faire de la politique entre soi, loin du peuple.

     

    La caste parlementaire ! Le mot est encore bien faible pour décrire la coagulation consanguine d'intérêts horizontaux, à travers les partis, aux Chambres fédérales. Ce principe même de « sessions », qui date du temps des diligences ou des tout premiers trains (1848), où l'on ne siège, qu'il pleuve ou qu'il vente, que quatre fois par an, est totalement caduc, et tout le monde, par confort, feint de l'ignorer. Cette jouissance d'être les grands électeurs, représenter chacun le 246ème de l'onction, s'exciter comme des fous au Bellevue, sous l'empire de la combinazione, pour finalement déboucher sur un Didier Burkhalter ou un Johann Schneider-Ammann (alors qu'on tenait l'occasion d'une Karin Keller-Sutter), il y a là un sérieux discrédit sur l'institution parlementaire. Les Suisses, lorsqu'ils voteront sur l'élection par le peuple, devraient songer à ces tristes épisodes, où non seulement on leur confisque leur pouvoir de décision, mais en plus on décide mal.

     

    Bien entendu, la quasi-totalité de la classe politique, à commencer par les actuels parlementaires fédéraux des partis qui se partagent la Suisse, ceux qui ont passé leur vie à blanchir sous le harnais de ce système-là, ceux qui s'en sont partagé les avantages, les dividendes et les prébendes, plaideront pour la continuation, jusqu'à la fin des siècles, du système actuel. Douillet. Confortable. Surtout rester entre soi. Sans rien changer. Jamais.

     

    Pascal Décaillet