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  • Le Cercle des Trois

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 23.05.11

     

    C’est l’histoire d’une fiancée qui se rend à reculons sur l’autel des noces. Revêche. Flétrie. Et son promis aussi, ivre-mort d’enterrer sa vie de garçon. Rien à foutre de cette union, ni l’un ni l’autre, ils s’y pointent juste pour la forme. Ce sont les libéraux et les radicaux genevois. La tragi-comédie se joue à Troinex, demain soir. Ambiance garantie.

     

    Dernier coup bas : Pierre Maudet prend froid, le Matin dimanche, comme d’habitude, éternue. Sous la plume d’une consœur d’ordinaire mieux inspirée, le Gala orangé nous démolit l’actuel président des libéraux, Cyril Aellen : témoignages anonymes à charge, stratégie qualifiée de « foireuse », FKB décrite comme ayant atteint « les fins fonds du classement », alors qu’elle est sixième. Bref, de la pure et simple désinformation. Manipulée par qui ?

     

    Pierre Maudet, ces derniers mois, n’a eu qu’une stratégie : sauver sa propre peau, au détriment de la droite genevoise. Il a réussi, et maintenant, avec l’aide d’un conseiller d’Etat et de sa Garde Noire, il entend purger les opposants, noyauter les libéraux, régenter le tout par un putsch de grenadiers. Le parti radical genevois, tout le monde le sait, n’est pas dirigé à Versoix, mais par le Cercle des Trois. Tout le monde le sait, très peu le disent. Moi, si. C’est tout.

     

    Pascal Décaillet

     

    PS - Ceci est ma dernière chronique publiée dans la Tribune de Genève, après cinquante mois de collaboration.

     

     

  • Cyril et les chacals

    Sur le vif - Dimanche 22.05.11 - 10.25h

     

    Tu veux du nauséabond, pur porc ? Alors, va lire la page 7 du Matin dimanche. Indigne de la plume de son auteur, ma camarade d’Université et excellente journaliste économique Elisabeth Eckert, égarée ici dans les arcanes de la politique genevoise, et manifestement téléguidée. Son papier salit Cyril Aellen, le président les libéraux genevois, laissant entendre qu’il s’accrocherait à son poste pour des raisons… financières ! Classe, comme une latrine de grenadier. Comme une vieille loge décatie, d’où suinteraient de séculaires excréments de jalousies et de rancoeurs.

     

    A Genève, libéraux et radicaux sont en voie de fusion. Cela doit se décider après-demain, à Troinex. L’ambiance n’est pas à la fête. À ce stade, ça n’est même plus le mariage de raison, c’est la génisse insoumise, menée au taurillon. Sourires grinçants, culs serrés, larmes amères à peine contenues, compas qui percent les poches des uns, dagues dissimulées derrière l’usage du (grand) monde et les salamalecs.

     

    Admettons, malgré cette ambiance de pestilence, que la Noce chez les Petits Bourgeois ait lieu. Il faudrait, dans les six jours qui suivent, trouver au bâtard un parrain. Il avait été convenu que le premier président du parti fusionné serait libéral. Là, intervient le clan. Le tout petit groupe, chez les radicaux, capable, quand il s’y met, d’injecter le poison. Trois personnes, pas plus. Ceux-là, dont le seul but, ce printemps, au détriment de l’union de la droite, fut la réélection de Pierre Maudet, sont capables de tout pour salir une réputation. Leurs relais, dociles, sont innombrables. Pour survivre, ils ne pensent qu’à nuire. Ce sont eux qui inspirent, eux qui téléguident, eux qui, à distance, tapis dans l’ombre, détruisent.

     

    Peu importe qu’il y ait fusion ou non. Peu importe qui présidera le nouveau parti. Ce qui est sûr, c’est que Cyril Aellen, avant tout le monde, aura vu juste dans la recomposition de la droite en Suisse. Il aura osé des choix, voulu une stratégie, eu le courage de se faire des ennemis. Tout cela, il l’aura fait au grand jour, en déclinant, lui, ses noms et qualités. Aux anonymes conspirateurs de la nuit, courageux de la 25ème heure et sources officielles de la presse orangée, il reste à opposer la chose qui vaille : le mépris.

     

    Pascal Décaillet

     

  • François Hollande, 2012

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 18.05.11

     

    Dans le Nouvelliste du 11 mars dernier, sous le titre « DSK, le candidat des clercs », j’expliquais, assez seul dans l’univers éditorial, pourquoi je ne croyais pas une seconde aux chances du patron du FMI dans la présidentielle de 2012. Je condamnais l’arrogance de l’homme attendant qu’on vienne le chercher (cf Delors, 1995). Je rappelais qu’aucun n’avait atteint l’Elysée sans être chef d’un grand parti. J’exposais les plus grands doutes face aux chances, dans la mentalité électorale française, d’un « enfant prodigue, qui aurait brillé à l’étranger ». Les récents développements de l’actualité, hélas, règlent le problème, ce qui est dommage : j’aurais aimé voir ma thèse se vérifier, ou au contraire s’effondrer, dans le champ politique, non celui du buzz populaire mondial.

     

    Je continue de croire que le prochain président de la République française pourrait bien être socialiste, et je confirme le souhaiter. La France n’a plus de président de gauche depuis 1995, Chirac a plutôt bien habité la fonction, après un prédécesseur exceptionnel. Sarkozy, lui, l’a ruinée, cette fonction, il a multiplié les signes d’une droite orléaniste, d’argent, d’apparat, il a reproduit la grande erreur de Giscard. Cette arrogance du paraître, il faudra bien que son camp la paye. D’où la chance, selon moi, des socialistes.

     

    Et puis, la France n’est pas un pays libéral. Les hommes d’argent, elle en veut bien, mais dans les banques, pas à l’Elysée. C’est le fruit d’une très vieille tradition, à vrai dire d’Ancien Régime, où le Roi n’est pas Fouquet. Le chef de l’Etat, en France, doit être simple, parler simplement, ne surtout pas étaler ses richesses. Ni Porsche, ni voiture de sport de Giscard, ni diamants de Bokassa : cela colle peut-être à la mentalité italienne, pas à celle de la France.

     

    Dans ces conditions, en contraste avec le bling bling style Sarkozy ou DSK, il n’est pas exclu que la France de 2012 donne ses chances à un homme simple, honnête. Par exemple, François Hollande. Incarnation de la province, avec ses années passées à la Mairie de Tulle, sa présidence du Conseil général de Corrèze (le département de Queuille, bien avant d’être celui de Chirac). Incarnation du travail, de la patience, de la fidélité à ses engagements. Ancrage dans le pays profond, qui n’est pas celui des éclats parisiens. Une sorte de Monsieur Tout le Monde, sans rien en lui qui brille, si ce n’est sa détermination croissante dans son chemin vers l’Elysée. Cette France de Hollande me rappelle celle de Bayrou, qui était mon candidat (malheureux !) en 2007. Elle a en elle quelque chose de tranquille et d’incroyablement fort, surgi du Sillon. Survolez une fois la France, de nuit : pendant de longues minutes, on n’y voit parfois aucune lumière. Hors de ce qui scintille, la force d’un destin peut aussi, en certains moments de l’Histoire, avoir ses chances.

     

    Pascal Décaillet