Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 28.01.10
De l’eau bénite au nid de vipères, il n’y a parfois que le chemin de ronces qui mène l’ange à la bête. Ainsi, le PDC genevois. Grand et noble parti, où soupirent les fées et crient les saintes, où les illusions sont plus bleues que les oranges, où tout le monde est beau, gentil, comme dans une noce champêtre, avec l’ail, la croix, les dragées.
Excellent député, François Gillet se voyait déjà, sans rival, sur l’autel de la présidence. C’était compter sans Delphine Perrella, dont la notoriété et l’expérience n’éblouissent pas à première vue, mais qui ne manque pas d’appuis, comme l’expliquait fort bien, hier, mon confrère Marc Moulin, dans sa rubrique marionnettes.
Affaire de clans ? Pas seulement. Il est des gens, très haut placés, dans le PDC suisse, qui commencent à en avoir assez du manque de fiabilité au bout du lac. Et puis, la candidature Chevrolet, pour l’exécutif de la Ville, est, à juste titre, clairement placée sous le signe des entreprises et de la vitalité économique : n’y aurait-il pas paradoxe, dans ces conditions, à confier les rênes du parti cantonal à un homme très imprégné par le christianisme social ?
Là sont les vraies questions. Et les vraies raisons d’une contre-candidature. Qu’on aurait tort de sous-estimer. A en juger, en tout cas, par tous ceux qui, en coulisses, lui donnent ses chances. Courageux comme l’ange. Et humains comme la bête.
Pascal Décaillet