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  • PYM, pam, poum !

    Tribune de Genève - Lundi 19.10.09

     

    « En vérité je vous le dis, les problèmes des socialistes genevois ont commencé en 1993, le jour de leur rupture avec Christian Grobet ». C’est lancé, patatrac. Comme un pic à glace dans la banlieue moite de Mexico. La petite phrase qui prend la raison, par derrière, et lui tord le cou. Son auteur : Pierre-Yves Maillard, l’enfant terrible du socialisme suisse, hier soir, dans le « Grand Oral ».

    Il n’a jamais eu froid aux yeux, PYM, mais là, la ligne bleue des Vosges s’en évanouit en poussière. Hommage d’un homme de caractère à un autre, tronche contre tronche, par-dessus les chevelures défrisées des sandaleux et des apparatchiks, ingérence d’un Vaudois dans l’Outre-Versoix, élégance chorégraphique d’un pachyderme dans une expo de philatélie.

    Et c’est pour ça qu’on l’aime, Pierre-Yves Maillard. Il parle toujours là où ça fait mal. Oser rendre hommage à Grobet, l’homme qui vient de napalmiser les chances de la gauche de la gauche de siéger au Grand Conseil ! PYM, c’est l’homme du rebrousse-poil, l’empereur du poil-à-gratter. Le socialiste, en Suisse romande, encore plus que Levrat, qui parle clair. Verbe de cristal, puissance bleutée du regard. La communication, faite homme.

    On dira qu’il exagère. Oh oui ! Et c’est ça qu’on aime. Parce que les autres, leur langage est tellement plat, comme un canal dont l’éclusier vient de se pendre. Merci, PYM !

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Perles et pourceaux

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    Tribune de Genève - Jeudi 15.10.09


    Le lycée Jean-Vilar de Meaux, en Seine et Marne. La banlieue. Classes difficiles. Elèves que d’aucuns jugent inaptes à la culture. Irrécupérables. C’est là que débarque un jour Augustin d’Humières, un patronyme qui ne s’invente pas, pour y enseigner le grec. Homère, Sophocle, Platon à des adolescents qu’on imaginerait davantage amateurs de pourceaux que de perles.

    Et il s’y met, Augustin. Il ne renonce ni à la langue, ni à la grammaire, ni aux iotas souscrits, ni aux aoristes, ni au bonheur de lire en classe les prodigieuses engueulades d’Achille et d’Agamemnon, dans le premier Chant de l’Iliade. Et ma foi, ça a plutôt tendance à marcher. Bien mieux que ne le croient la plupart des collègues, les syndicats, les parents, et tout un contexte de pensée défaitiste qui semble avoir renoncé à l’idéal de culture.

    Et ces élèves qui lisent les vers épiques, ce sont les plus défavorisés. Et ils les lisent quand même, parce que quelque chose leur parle. Une petite voix. Et ils se mettent, eux aussi, à crocher. « Homère et Shakespeare en banlieue », d’Augustin d’Humières, qui vient de sortir chez Grasset, est une merveille de petit bouquin qui vous donne envie de croire à la plus haute idée qu’on puisse avoir de l’école : celle de Péguy, celle des hussards noirs, celle des profs qui, malgré toutes les difficultés, ont choisi de continuer à se battre. Hommage à eux. Hommage à Augustin.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Nobel à Obama – En quel honneur?

     

    Sur le vif - Vendredi 09.10.09 - 12.20h

     

    La nouvelle vient de tomber : Barack Obama est Prix Nobel de la Paix. J’entends déjà le chœur des louanges. Je pose simplement une question : qu’a donc accompli le président américain, en neuf mois de pouvoir, de si historique pour faire avancer la paix mondiale ? A quel grand conflit a-t-il mis fin ? L’Afghanistan ? Quel traité a-t-il signé ? Quelles minorités opprimées a-t-il épargnées de l’horreur ? Les Tamouls ?

    Peut-être M. Obama deviendra-t-il un grand président. Peut-être fera-t-il avancer, dans les trois ans et trois mois qui lui restent (ou sept ans et trois mois) la cause de la paix. Mais, désolé, à ce jour, 9 octobre 2009, rien, strictement rien ne justifie un prix qui, d'ordinaire, récompense les longs efforts de toute une vie. Celle, par exemple, de Willy Brandt.

    Alors, quoi ? Pourquoi lui ? Parce qu’il est sympathique ? Beau ? Incarne de belles idées ? Parce qu’il respire le bien, ou tout moins délivre cette impression? Surtout, pourquoi si tôt, dans un mandat sans doute prometteur, mais qui ne fait que commencer, et alors qu’aucun des théâtres d’opération militaires laissés en legs par son catastrophique prédécesseur n’a encore vu le moindre dénouement heureux.

    Non, décidément, je ne comprends pas l’attribution de ce Nobel.

     

    Pascal Décaillet