Tribune de Genève - Lundi 19.10.09
« En vérité je vous le dis, les problèmes des socialistes genevois ont commencé en 1993, le jour de leur rupture avec Christian Grobet ». C’est lancé, patatrac. Comme un pic à glace dans la banlieue moite de Mexico. La petite phrase qui prend la raison, par derrière, et lui tord le cou. Son auteur : Pierre-Yves Maillard, l’enfant terrible du socialisme suisse, hier soir, dans le « Grand Oral ».
Il n’a jamais eu froid aux yeux, PYM, mais là, la ligne bleue des Vosges s’en évanouit en poussière. Hommage d’un homme de caractère à un autre, tronche contre tronche, par-dessus les chevelures défrisées des sandaleux et des apparatchiks, ingérence d’un Vaudois dans l’Outre-Versoix, élégance chorégraphique d’un pachyderme dans une expo de philatélie.
Et c’est pour ça qu’on l’aime, Pierre-Yves Maillard. Il parle toujours là où ça fait mal. Oser rendre hommage à Grobet, l’homme qui vient de napalmiser les chances de la gauche de la gauche de siéger au Grand Conseil ! PYM, c’est l’homme du rebrousse-poil, l’empereur du poil-à-gratter. Le socialiste, en Suisse romande, encore plus que Levrat, qui parle clair. Verbe de cristal, puissance bleutée du regard. La communication, faite homme.
On dira qu’il exagère. Oh oui ! Et c’est ça qu’on aime. Parce que les autres, leur langage est tellement plat, comme un canal dont l’éclusier vient de se pendre. Merci, PYM !
Pascal Décaillet