Tribune de Genève - Jeudi 23.04.09
Vous êtes un homme ? Vous caressez l’intime espoir, un jour, de laisser votre nom à une école ? Alors, une seule recette : foncez vers la clinique la plus proche. Et changez de sexe. Juste un petit moment un peu douloureux. Vous y perdrez quelques attributs. Vous y gagnerez une épithète. Tout là-haut. Sur le frontispice.
Oh, je sais, ces quelques lignes feront pleurer Amelia Christinat : que de larmes l’ignominie de mes syllabes n’a-t-elle pas fait rouler, en tant d’années, sur la noble candeur de ses joues. Alors, d’emblée, pardon ! Pardon, Ella Maillart, pardon Emilie Gourd, pardon Alice Rivaz. Pardon aussi, ma bonne Germaine, fille de Necker. Pardon de m’en prendre à vous, filles du vent, filles du sable, icônes du temps.
Car non seulement le DIP ne donne plus qu’à des femmes les noms de ses écoles, mais il s’en fait une religion. Dans un communiqué, hier, il déclare appliquer, en bon soldat, « la volonté du Conseil d’Etat de donner aux femmes pionnières une visibilité accrue ».
Alors, va pour le temps, va pour le monde. Adieu cochons, couvées, adieu mon Charles-Albert, adieu poètes, artistes, nés sous le ciel genevois, ayant promené vos âmes dans la beauté du monde. Mais charriant à jamais la pire des malédictions, noire comme la terre vengeresse : celle d’être un homme.
Pascal Décaillet