Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 8

  • Quand dansent les gentils



    Édito Lausanne FM – 02.06.08 – 07.50h


    Et revoilà la danse de pluie ! À lire et écouter nombre d’éditos, ce matin, suite à la défaite de l’UDC hier, on a vraiment l’impression que ce parti serait au tapis, ne représenterait plus le moindre danger pour la douce concordance de ses concurrents, aurait amorcé une irrésistible phase de déclin. Alors, de tous les côtés, on chante, on danse, on se trémousse sous cette pluie de bonheur, on multiplie les actions de grâce en faveur de Sainte Eveline. Dieu que le monde est beau, expurgé de ses démons, ah les braves gens !

    La réalité est un peu plus complexe. L’UDC a perdu, hier, sur les naturalisations, elle a perdu à son propre jeu, puisque le peuple lui-même admet que sa souveraineté peut parfois être déléguée. Dès lors, la décision est imparable, et l’arroseur, arrosé. Mais il était capital que ce débat ait lieu : le suffrage universel a un autre crédit, pour asseoir la légitimité d’une décision, que les quelques juges du Tribunal fédéral, en 2003.

    L’UDC, hier, a perdu une bataille en votations. Comme les socialistes, les radicaux-libéraux, régulièrement, perdent des batailles, cela fait partie de notre jeu démocratique. Bien sûr, elle en sort un peu affaiblie, ce que n’arrangent pas ses déchirements internes. Bien sûr, elle va devoir tirer les leçons : sans doute la verra-t-on davantage, dans le reste de la législature, sur les questions fiscales ou financières, plus proches du thème de la liberté individuelle et de la redéfinition de l’Etat. Sur ces questions-là, où ne manqueront pas d’être actifs d’autres partis bourgeois, on pourra mesurer des lames de fond beaucoup plus importantes et concernantes que les objets de ce week-end.

    Si l’UDC persiste avec des initiatives aussi stupides que celle sur les minarets (vous en voyez beaucoup, de minarets, vous, en Suisse ?), alors là, oui, une décrue est sérieusement à envisager. Si elle se recentre sur les grandes questions touchant à l’individu face à l’Etat lorsque ce dernier devient machine, la promotion du risque individuel face à certaines tranquillités de carrière, la liberté de choix pour l’Ecole, la fin des cartels et du monopole dans l’audiovisuel, des thèmes libéraux au fond, alors l’UDC n’a pas fini de faire parler d’elle.

    Quant à ceux qui veulent l’enterrer trop vite, je leur souhaite bonne chance et bon chemin. Danser sous la pluie est sans doute aussi jouissif que sensuel. Mais ça ne tient pas encore lieu d’acte politique sérieux et durable.