Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.10.24
Un domaine, plus que tout autre, illustre le retour galopant des Suisses au besoin d’Etat : la santé. Jeudi 26 septembre, c’était la traditionnelle ritournelle, désespérante, des hausses de primes. Jamais, depuis la création de la Loi sur l’assurance maladie (LAMal), au milieu des années 1990, le système suisse des soins n’a coûté aussi cher. L’envolée constante des primes n’est que le reflet de ce phénomène, c’est à lui qu’il faut s’en prendre.
J’ai suivi à l’époque, au Parlement fédéral, les travaux ayant donné naissance à la LAMal. Déjà, je dénonçais un paradoxe qui apparaissait comme un péché originel : d’un côté on voulait une assurance obligatoire, ce qui est très bien, et de l’autre il fallait que chaque Suisse s’affilie à une Caisse en concurrence féroce avec les autres. D’un côté, l’intérêt commun. De l’’autre, ce fameux libéralisme sauvage qui fait tant de mal, depuis plus de trois décennies.
Dire que ce système est un échec relève de l’euphémisme. Laisser-aller, absence de transparence, course au profit, le résultat est catastrophique. Nous devons maintenant, à Genève comme en Suisse, prendre au sérieux les modèles collectifs, où l’Etat ait son rôle à jouer. Je ne prône pas ici le travaillisme britannique de l’immédiat après-guerre. Mais une chose est certaine : la page du libéralisme déraciné doit être, sans attendre, tournée.
Pascal Décaillet
Commentaires
Pour une fois, je ne suis pas d'accord avec votre analyse. Nous sommes en face d'un système dans lequel le "fournisseur de prestations" n'a aucun frein à ses prescriptions (dont il ne connait d'ailleurs pas le prix) et le patient réclame toujours plus de prestations : il y a droit puisqu'il paie de lourdes primes. Et cette situation ne changera pas avec une caisse unique. C'est le principe de l'assurance obligatoire avec un "catalogue de prix" légal qui entraîne cette évolution. Ce n'est en tout cas pas un excès de libéralisme, et celui qui vous écrit a été un élève de Louis Guisan, l'ami vaudois et collègue au Conseil des Etats de M. Olivier Reverdin...et donc pas un libéral économique sec comme vous les dénoncez.
Je l'ai déjà dit et je le répète, la seule solution est la coopérative. Stop au profit, la santé appartient aux patients, aux assurés, elle ne doit pas être une source de profit, pour personne. L'assurance maladie est un service, pas un business !
Comme pharmacien il y a un point intéressant, en Suisse l'Imatinib Sandoz® (générique du Glivec®) est vendu 518 francs : https://med.mymedi.ch/article/show/1315529
Sauf qu'on sait qu'il coûte seulement USD 13,40 aux Etats-Unis au prix coûtant dans la nouvelle entreprise du milliardaire Mark Cuban https://costplusdrugs.com/, un petit malin qui achète et propose tous les médicaments génériques à prix coûtant, ce qui peut faire des économies au gouvernement américain (Medicare, Medicaid) en milliards de dollars, peut-être même centaines de milliards de dollars.
Donc en Suisse on paye si on veut ce médicament presque 50 fois plus cher, la belle arnaque. Après la liste est longue d'autres médicaments trop chers. Il y a peut-être quelques innovations à faire. Une idée pourrait être d'avoir un abo style "Netflix" pour les médicaments (pas mon idée, comme "journaliste" je passe les plats). Ainsi les pharmacies recevraient un forfait par patient et basta. On sait que sur le prix des médicaments on peut taper dans 20%, le reste est travailler sur le salaire des médecins (intéressant 3 quarts des médecins viennent de l'étranger, money-money). Maintenant c'est sûr qu'en Suisse Sandoz basé à Bâle mais aussi Big Pharma ne doit pas trop aimer notre cher Mark Cuban...
Aussi une assistante en pharmacie gagne quoi 4000 francs par mois, un pharmacien employé max. 9000 francs, je me demande des jours où passe l'argent.
Soyons un peu radical, et peut-être qu'on peut stabiliser un peu les primes.