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De la Dranse de Bagnes aux Plateaux les plus Hauts

 
Sur le vif - Vendredi 19.05.23 - 17.20h
 
 
Il faut être très clair : des types qui démarrent "à froid" dans le dernier rond-point du Châble, immédiatement la grimpette, sans caresser le relief du moindre préliminaire, sans un mètre de plat pour se lancer, et qui se pointent déjà à Verbier après 21 minutes, en guise de mise en bouche, sont des surhommes. Campionissimi, tutti !
 
Verbier-Village, Verbier-Station, Robinson (ceux de ma génération se reconnaîtront), Croquignolles, Eglise blanche, Ver-Luisant, Carrefour, et la montée de la Croix-de-Coeur ! En haut, la neige. A peine déblayée. Pensée émue pour Rodolphe Tissières et Franz Weber. Et dix-mille souvenirs de famille qui se bousculent, comme un peloton en désordre. Un temps d'hiver, on prépare la fermeture éclair, on attaque comme des cinglés la descente vers La Tsoumaz. Premiers virages très secs, techniques : sont sur la pistes de ski !
 
Puis, suite de la descente, sur Riddes, la route s'élargit. Puis Aproz, un tronçon de Vallée du Rhône. Et puis, la seconde Ascension, direction Lens, mais par droit en bas, à travers les vignes puis la route très raide, dans les prés. Et puis, Lens - Crans-Montana, le bout de forêt où rôde le Renard, duel incroyable parmi les échappés, et finalement le Colombien Rubio qui grille la politesse, au sprint, à un Thibaut Pinot qui a mené les neuf dixièmes de la course.
 
C'était une belle étape. Valaisanne. Rude. Glaciale sur le col. Vertigineuse dans la descente vers la Vallée du Rhône. Une magnifique échappée, qui a tenu. Une surprise finale sur le vainqueur de l'étape : en Valais, la victoire d'un champion appelé "Pinot" aurait été promesse de belles étiquettes, sur les cuvées à naître.
 
J'ai tout suivi, du Châble (dans l'église duquel je fus baptisé, tout début juillet 1958), jusqu'à l'arrivée à Crans. Je crois bien que nul virage de cette Treizième Étape ne m'était inconnu. Je me suis immergé dans les paysages du Vieux-Pays. J'ai vu défiler, dans ma mémoire, quelques êtres qui me sont très chers. Mes parents, bien sûr.
 
Les champions sont passés. Les héros. Je peux reprendre maintenant le cours de ma vie.
 
C'était un fragment d'Italie, hors d'Italie, un boulevard des Italiens au pays des sentiers, une péninsule d'enfance entre les seigles mûrs.
 
Bravo à tous, coureurs, organisateurs, public, pour ce moment d'intensité, de rudesse et finalement de grâce. Un torrent de passion sur un Chemin de Croix.
 
 
Pascal Décaillet
 

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