Sur le vif - Samedi 12.03.22 - 17.08h
Le centre, en politique, n'existe pas. Oh, tel parti a bien le droit d'en porter le nom, chacun est libre, comme chacun choisit son mode de suicide. Mais l'idée qu'existerait intrinsèquement, entre les forces de gauche et celles de droite, un espace affranchi de ces antiques appellations, est une chimère.
A Genève, le PDC, ci-devant appelé désormais le Centre, a toujours voulu bénéficier des avantages d'une alliance à droite, avec les libéraux et les radicaux, sans jamais assumer d'en porter les inconvénients.
Sous couvert d'humanisme (concept singulier : les autres partis seraient bestiaux ?), la droite molle profite depuis huit décennies des dynamiques électorales de ses alliés de l'Entente. Mais ne manque pas une occasion de rappeler qu'elle a, elle, des "valeurs" (les autres n'en auraient pas ?), qu'elle défend les droits de l'homme (les autres sont des assassins ?), qu'elle est attachée à la famille (les autres partis, c'est connu, veulent la détruire, au profit de meutes d'individus solitaires). Bref, elle puise dans le vivier de droite ce qui l'arrange, et cherche en même temps à plaire à la gauche.
Homme de droite, je n'ai jamais aimé ce petit jeu, à Genève. Je me souviens encore de la majorité exécutive qui avait permis de nommer Jean Ziegler comme prof ordinaire, au début des années 70 : les deux PDC avaient fait la bascule. J'étais collégien, j'allais sur ma Maturité, je n'avais pas apprécié ça. Le geste manquait de clarté, de loyauté. Il allait dans le sens du vent.
Quand ça l'arrange, le PDC, ci-devant Centre, gonfle ses voiles de l'idéologie de la droite libérale, comme dans leur dernière initiative cantonale avec le PLR. Ailleurs, comme sur la réforme du CO, il soutient étrangement la politique de la cheffe du DIP. Allez comprendre !
Citoyen, passionné de politique depuis décembre 1965, connaisseur approfondi de l'Histoire de la famille politique longtemps appelée PDC, depuis ses origines (Rerum Novarum, 1891) jusqu'à aujourd'hui, connaissant même le détail de cette Histoire dans chaque Canton, je n'aime pas le double jeu. J'aime la vérité crue des rapports de forces, des conflits de pouvoirs. J'aime aller déceler les vraies raisons, sous les causes apparentes. J'aime les gens fiables, quelles que soient leurs idées. Mais lorsque la ductilité tourne à l'opportunisme, je dis non.
Pascal Décaillet