Sur le vif - Dimanche 06.03.22 - 10.07h
Nous pensions connaître la normalisation des âmes, nous n’avions encore rien vu. Voici venu l’ouragan de la morale et des bons sentiments.
Voici le temps des kermesses du samedi, le muguet des âmes, avec élus de gauche en saintes processions dans nos rues. Des élus qui manifestent ! Alors que le pouvoir, c’est eux, l’autorité c’est eux, les lois c’est eux. À la vérité, ils veulent se montrer. S’afficher, devant leurs ouailles en béatitude, en posture de grands résistants.
Nous sommes partis pour des mois, des années, de normalisation. Les bons, les méchants. L’Occident, sanctifié. Les États-Unis, exonérés de leurs décennies de guerres moins médiatisées, celles du danseur de salon Obama par exemple : pas un seul jour sans bombardements, loin des caméras, pendant huit ans.
L’Allemagne ? Bon élève, le meilleur de tous ! Il met cent milliards pour se réarmer ? Formidable ! C’est pour la bonne cause ! L’idée même que la fin ultime de ces futures armes soit, le jour venu, la nation allemande plutôt que « l’Europe », semble totalement échapper à nos moralistes. Ils ne voient que le Bien et le Mal. Ils ne voient pas l’Histoire. Ils sont le nez dans leur croisade, tiennent chaque faubourg pour la Jérusalem céleste.
La France ? Elle va réélire Macron, et faire taire pour des années les débats légitimes de deux de ses candidats, ceux du camp souverainiste, sur son lien avec l’Otan, avec Washington. Macron, l’aligné atlantiste. Macron, le régulateur, le normaliseur. Tellement à l’aise avec ses amis de la « communauté internationale ».
Notre combat, ici, dans le champ des idées ? Faire entendre nos voix. Parfois, elles rejoindront la grande clameur. Et parfois, pas. Travailler avec nos cerveaux, nos capacités d’analyse. Travailler les langues, les cultures. S’imbiber de toutes les visions.
Pour les kermesses du samedi, nous laisserons faire les vicaires de la bonne conscience.
Pascal Décaillet