Sur le vif - Dimanche 15.08.21 - 10.15h
Mai 1966, Les Allinges, Haute-Savoie. Retraite de quelques jours, préparation de la Première Communion. J'allais sur mes huit ans. Et j'allais découvrir en famille, deux mois plus tard, les splendeurs de l'Orient.
Il y avait le village, le château médiéval en ruines, une forêt magique pour des jeux de pistes. Il y avait surtout un homme, l'un de ceux qui m'ont le plus marqué, le Père Louis Collomb, aumônier du primaire, de 1965 à 1969, date de mon entrée à l'école secondaire. Il m'a illuminé par l'intelligence de ses cours de religion, ouverts à tous les courants spirituels du monde, et surtout par sa bonté, sa douceur. Voilà des décennies qu'il nous a quittés, pas un jour pourtant sans que je ne pense à lui.
Un beau jour, le Père Collomb nous lance un jeu de pistes, par équipes, à travers la forêt. "A la dernière étape, vous serez accueillis par le sourire d'une belle dame". Nous n'étions que des garçons, avec quelques hommes, ce que nous demeurerons jusqu'en juin 1973. Pour moi en tout cas, l'invitation au sourire ne manquait pas d'attrait.
Nous avons cheminé à travers la forêt, dans un joyeux gazouillis. Nous avons démêlé les énigmes. A la dernière étape, je crois que c'était sur la place du village, la belle dame nous attendait, statufiée, accueillante comme une mère. Je ne l'oublierai pas.
La belle dame m'a donné le sentiment d'un passage. J'ignore d'où je venais, où j'allais, mais j'ai franchi une étape.
Depuis, j'ai développé mes connaissances historiques, linguistiques, rationnelles, il faut bien laisser leur chance aux Lumières. Il faut bien construire, non ?
Mais la belle dame est toujours là.
Aujourd'hui, je pense à elle.
Pascal Décaillet