Sur le vif - Jeudi 19.08.21 - 12.37h
Pascal Broulis et Philippe Leuba auront été, l'un et l'autre, des magistrats de grande valeur. Au-delà de leurs legs, que chacun peut évaluer comme il l'entend, ils laissent dans l'espace politique une hauteur de vue, une justesse de ton, une adéquation à la fonction, que bien des Cantons (notamment l'un, en aval du Rhône) peuvent leur envier.
Pascal Broulis, dans la tradition radicale, celle qui a fait la Suisse moderne et construit l'Etat. Philippe Leuba, dans la rigueur d'une autre philosophie politique, celle de la responsabilité individuelle. Deux hommes, deux postures. La bonhommie de l'un, la raideur de l'autre, dans les deux cas au service de l'Etat. On rêverait, dans des Cantons voisins (notamment dans ce Sud-Ouest de la Suisse où le Grand Fleuve se rapproche de la Camargue), de retrouver parfois cette élévation d'Etat dans le comportement des magistrats. On les perçoit chez Nathalie Fontanet, peut-être un ou deux autres, tous partis confondus. C'est bien. Mais c'est un peu juste.
On n'aurait jamais imaginé Pascal Broulis, ni Philippe Leuba, entrant dans la mêlée, blessant l'âme de citoyennes et citoyens libres de leurs opinions, de leurs critiques, qui constituent pourtant le seul véritable souverain dans notre démocratie suisse. Ces deux hommes d'autorité n'ont jamais versé dans la crise d'autoritarisme. Certains Cantons, notamment là où le Rhône redevient Rhône, pourraient s'en inspirer.
Je ne suis pas Vaudois, mais Valaisan de Genève, ou Genevois d'origine valaisanne, comme on voudra. Je suis Suisse, profondément. Et il se trouve que j'admire depuis toujours, déjà à l'époque de Philippe Pidoux, la rude et intransigeante conception républicaine que les magistrats exécutifs vaudois ont de leur fonction. Je l'ai sentie, plus que chez tout autre, chez un Jean-Pascal Delamuraz, que j'ai eu l'honneur de suivre de près dans mes années bernoises.
Ensuite, chacun jugera : tel ministre a-t-il fait de bonnes, de mauvaises choses, là n'est pas mon débat. Pour ma part, citoyen libre, engagé, passionné de politique et d'Histoire, j'adresse tous mes vœux à MM Broulis et Leuba pour la suite. Ils ont été, l'un et l'autre, à hauteur d'Etat.
Pascal Décaillet